Bonjour Julien, en vous suivant cette semaine alors que vous n’avez quasiment jamais quitté la tête du tournoi on ne vous a jamais senti stressé. Vous êtes apparu plus détendu et maître de votre sujet. Habité par une sorte de force tranquille. C’est votre sentiment aussi ?
C’est vrai j’étais plus serein, moins stressé qu’à Pléneuf, mais j’étais dans une position différente car j’ai déjà assuré la carte depuis un petit moment. Enfin je pense que j’ai quand même progressé dans ce domaine-là.
Néanmoins dans le dernier tour c’était moins évident. Car quand on est en tête c’est plus dur de faire des birdies. C’est souvent le cas car l’enjeu a tendance à venir perturber le process. On joue plus “safe” sur certains putts. Souvent dans les tournois que j’ai gagnés que ce soit chez les pros ou chez les amateurs j’étais en tête et j’ai dû gérer mon avance. À Pléneuf je gagne avec une petite marge, dimanche aussi. Je savais qu’avec un 5 sur le dernier trou je gagnais, j’ai donc joué pour faire 5.
Cette victoire change-t-elle beaucoup de choses d’un point de vue mathématique ?
J’étais certain de finir dans les 20 mais l’objectif c’est toujours de finir le plus haut possible pour entrer dans le plus de tournois l’an prochain, même si au final le 1er et le 20e ont la même catégorie.
Cette victoire me permet d’envisager de terminer 1er au ranking ce qui n’était pas possible auparavant et bien sûr pour la recherche de sponsors dans la perspective de la prochaine saison c’est un plus.
Et une 3e victoire cette saison ? Et pourquoi pas sur ce même parcours d’Emporda que vous rejouez dès ce mardi cela peut aussi faire une grosse différence ?
Oui c’est le même parcours mais les compteurs seront remis à zéro et puis les prévisions météos sont très différentes avec beaucoup de vent et dans une autre direction. Ça va être intéressant. Si je gagne j’aurais quoi qu’il arrive la même catégorie mais je passerai devant le n°1 du ranking du Challenge Tour à la fin de la saison.
En tout cas émotionnellement ce deuxième succès cette année avait une autre saveur avec votre père à vos côtés comme cadet ?
C’est clair que c’est spécial de le faire avec mon père. C’est lui qui m’a mis au golf. Déjà c’est rare de gagner et depuis que j’habite à Prague on a moins l’occasion de se voir. C’est clair que ce sont de belles émotions à partager. C’était top.
Ce qui est difficile à accepter c’est de s’investir autant. De passer du temps à s’entrainer, de mettre beaucoup d’énergie et de constater le peu de résultats et le peu d’aisance sur le parcours
Vous est-il arrivé de douter quand les résultats n’ont pas été au rendez-vous après votre passage pro alors que vous figuriez parmi les plus grands espoirs du golf tricolore ?
Ce qui est difficile à accepter c’est de s’investir autant. De passer du temps à s’entrainer, de mettre beaucoup d’énergie et de constater le peu de résultats et le peu d’aisance sur le parcours. C’est très compliqué, il y a pas mal de frustration et oui ça créé du doute.
Surtout quand comme moi vous avez eu la chance de côtoyer le plus haut niveau très vite. J’ai joué avec des “top players” comme Zach Johnson dans un tournoi du PGA Tour au Colonial alors que j’étais encore amateur.
Aujourd’hui le travail va dans la bonne direction, c’est très agréable, c’est puissant comme sensation de sentir que toute mon équipe va dans la bonne direction. J’ai encore une marge de progression mais c’est agréable. Et en plus dans ma vie à Prague avec mon amie Simona ça se passe aussi très bien.
Vous êtes donc épanoui et votre progression suit son cours ?
Absolument on forme une très bonne équipe avec mon staff. Olivier Léglise qui m’a remis sur les rails il y a 2 ans en reprenant les bases et avec une nouvelle façon de m’entrainer est à l’origine de tout ça. Même si j’ai aussi toujours en tête ce que j’ai appris de mes anciens coachs et ça me sert.
Olivier est en charge de tout l’aspect technique de mon swing. Robin Cocq pour la prépa physique, Mathieu David qui intervient sur le mental et chapeaute l’ensemble de mon projet et puis Adrien Leurent qui fait le lien avec tout le monde car il est le plus présent sur les tournois.
Sans oublier Jean Fournier qui intervient ponctuellement sur des besoins précis d’un point de vue mental.
Et pour la saison prochaine qu’avez-vous prévu ?
La seule chose qui va changer c’est l’intégration d’un cadet. Basile Dalberto avec qui j’ai déjà très bien travaillé sera mon caddie au Rolex Grand Final à Majorque début novembre. Mais aussi lors des 3 premiers tournois de la prochaine saison de l’European Tour à partir de fin novembre en Afrique du Sud.
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