A bientôt 51 ans, Phil Mickelson s’est offert son sixième titre majeur, le premier depuis 2013. Un succès qui défie le temps puisqu’il est désormais le joueur le plus âgé à réussir à s’imposer en Grand Chelem.
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Questions pour un champion
Casting sublime, avec un trio de prétendants aux profils bien différents : il ne restait plus qu’à écrire le scénario de ce dernier tour à Kiawah Island, déjà théâtre d’une mythique Ryder Cup en 1991.
Qui de Phil Mickelson, 50 ans, chouchou du public américain au sourire “ultra-brite”, de Brooks Koepka, colosse aux genoux d’argile, ou de Louis Oosthuizen Sud Africain au swing de velours et aux dents du bonheur, allait soulever le Wanamaker Trophy ?
Mickelson allait-il devenir le vainqueur le plus âgé en Grand Chelem chez les hommes ? Brooks “trop puissant”, opéré du genou droit deux mois plus tôt pouvait-il prétendre à une 3e victoire en 4 ans dans ce majeur ? Souvent placé, rarement gagnant l’heure d’un deuxième titre en grand chelem pour “King Louis” était-elle venue ?
Telles étaient les questions à l’aube de ce dernier tour forcément historique !
Le plein d’émotions !
Si c’est bien la première case qu’il fallait cocher, la marche triomphale du génial californien ne fut pas de tout repos. Pour le plus grand plaisir de ses nombreux supporters avides d’émotions fortes.
Dès le premier trou, l’affaire parut en effet bien mal engagée pour “Lefty” qui céda les rênes du tournoi d’entrée après un trois putts et un birdie de Koepka.
Pourtant cette première, brusque inversion des rôles, offrant la tête de l’épreuve au Floridien, véritable bête de compétition en grand chelem, n’était que les prémices d’un dimanche en Caroline du Sud haletant notamment sur les neuf trous de l’aller.
Au trou suivant c’est au tour de Koepka de partir à la faute avec un vilain double bogey. Le birdie de Mickelson sur ce par 5 le replace alors immédiatement au sommet du classement.
Visiblement survolté par le retour du public en masse (10 000 spectateurs par jour) le Californien retrouve la flamme, à l’image de cette sortie de bunker magique au trou n°5 synonyme de deux coups d’avance.
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Pâle Koepka
Si Koepka fait illusion avec notamment un impeccable birdie au 6, la précision du double vainqueur du PGA Championship (2018 et 2019) commence sérieusement à s’effriter que ce soit au drive ou sur les greens.
Le redoutable compétiteur n’est plus que l’ombre du prédateur en grand chelem que l’on connait, et Mickelson profite de l’aubaine pour creuser méthodiquement l’écart à chaque faux pas de son adversaire.
Au 10 son avance est de 4 coups à la suite de ce putt rageur qui transporte littéralement ses fans de bonheur !
Phil pads his lead with another birdie.
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Phil fait le vide
Sur le retour, les rivaux du quinquagénaire cèdent à tour de rôle. Koepka concède 3 bogeys en 4 trous (10, 11, 13), et Oosthuizen voit ses derniers espoirs s’évanouir avec un bogey au 10 suivi d’un double au 13.
Pour la cinquième fois de sa carrière le Sud Africain vainqueur de The Open en 2010 à St Andrews comprend alors qu’il va devoir se contenter d’une 2e place…
Le tapis rouge est déroulé et « Lefty » peut même se permettre le luxe de lâcher trois bogeys sans grande conséquence sur le dernier tiers du parcours.
Accompagné par une foule quasi hystérique sur le fairway du 72e trou Mickelson savoure son triomphe après un dernier coup de fer magistral !
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Que le début de la fin
Avant ce succès inattendu qui le fait un peu plus entrer dans l’histoire du jeu, Phil Mickelson donnait pourtant l’impression d’avoir à accepter le poids des ans.
Redescendu à la 115e place mondiale et absent des sommets des leaderboard depuis plus d’un an sur le PGA Tour, il avait fini par se résoudre à accepter à contre-coeur une invitation spéciale de l’USGA pour disputer le mois prochain l’US Open chez lui à Torrey Pines.
Victorieux à deux reprises lors de ses deux premières sorties l’an passé sur le Champions Tour, le circuit réservé aux plus de 50 ans outre-atlantique, Mickelson avouait même un manque de concentration voire de motivation quand il devait se frotter à la nouvelle génération…
L’égal de Faldo et Trevino !
Mais il était dit que cet imprévisible et génial joueur n’avait pas complètement fini d’écrire sa légende.
Ce 55e titre professionnel, le 45e sur le PGA Tour, est peut-être le plus émouvant de tous, notamment en raison de la présence de son frère Tim sur le sac, une première pour eux sur le grand circuit.
Cette 6e victoire en majeur permet également à Mickelson de rejoindre Lee Trevino et Nick Faldo au nombre de succès en grand chelem.
32e place mondiale ce lundi, il n’aura finalement pas besoin de la fameuse invitation spéciale pour jouer l’US Open dans un mois.
27 ans de plus que son prédécesseur Morikawa
Il y a seize ans, en 2005, Mickelson remportait son 2e majeur, le PGA Championship à Baltusrol, avec son caddie historique, Jim “Bones” Mackay.
Seize ans… Une paille. Seul le golf permet ce genre d’exploit dans le sport de haut niveau mais l’âge record de Mickelson reste à relativiser, principalement en raison des progrès du matériel et de la préparation physique.
Le gaucher a notamment propulsé dimanche un drive à 366 yards au 16. C’est tout simplement le olus gros « parpaing » de la semaine devant Bryson DeChambeau !
Mais n’oublions pas non plus que le vainqueur de l’édition 2020 en août dernier, Collin Morikawa, n’avait que 23 ans, 27 ans de moins que son successeur au palmarès de ce 2ème majeur de la saison.
Ô capitaine mon capitaine !
A l’image de Phil Mickelson, les “quinquas” ont enflammé ce PGA Championship. Les futurs capitaines de Ryder Cup, Padraig Harrington et Steve Stricker, se sont fait plaisir malgré leur âge avancé et leurs responsabilités.
“Captain America”, 54 ans, a terminé à la 44e place et le skipper européen, 49 ans, a fini à une époustouflante 4e place !
Une performance presque incroyable pour l’Irlandais si on la compare aux résultats de ses prédécesseurs en année « Ryder ». Mais il se murmure aussi que “Paddy” n’est pas encore très impliqué dans ses missions de futur capitaine…
Du beau monde dans le « top 10 »
Kiawah Island s’est avéré un parcours très exigeant avec seulement 16 joueurs sous le par après 72 trous. Outre les trois hommes qui ont disputé la gagne, les autres joueurs qui composent le « top 10 » sont pour la plupart des durs à cuire : Padraig Harrington, triple vainqueur en majeur, son compatriote Shane Lowry tenant du titre du British Open, Collin Morikawa le tenant du titre, Jon Rahm le n°3 mondial, Justin Rose ancien vainqueur de l’US Open…
En bonus, l’ancien vainqueur du Players Championship Rickie Fowler, excellent 4e, aux côtés de Paul Casey, alors qu’il bénéficiait d’une invitation spéciale, signe un retour au premier plan épatant.
Vous avez dit sélectif ?
Ancer, 50 places gagnées !
Profitant des conditions de jeu encore plus clémentes lors des parties du matin, Abraham Ancer a martyrisé l’Ocean Course en rendant la meilleure carte de la semaine, un 65 vierge de bogey.
Sans une virgule pour le birdie sur le trou n°18, le Mexicain aurait même fait l’affaire du jour en intégrant le « top 5 ». Il se contentera d’une 8e place qui confirme son excellente première partie de saison.
Le Classement
Phil Mickelson Photo Stacy Revere / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP