Son début de saison mitigé, son incursion sur l’Asian Tour, le projet pharaonique de Super Golf League orchestré par les Saoudiens, son éventuel retour sur le PGA Tour, la fin de sa collaboration avec JP Fitzgerald… Victor Perez n’élude aucun sujet. Et veut rester forcément optimiste pour 2022.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Depuis sa 4e place le 28 mars 2021 au WGC-Match Play à Austin (Texas), le Tarbais traverse une période délicate avec notamment un seul top 10 sur le Tour européen (8e au Portugal Masters le 7 novembre dernier). Même s’il est parvenu récemment à franchir les trois cuts à Abu Dhabi, à Dubaï puis au Saudi International, sur l’Asian Tour, l’ancien vainqueur du Dunhill Links Championship en octobre 2019, qui est d’ailleurs sorti du top 100 mondial il y a deux semaines, a terminé très loin de la tête (entre la 53e et la 60e places), en ne signant en douze tours que deux cartes sous le par. Mais on le sait, une saison de golf est longue. Et les rebondissements, nombreux. Alors patience !
Quel premier bilan feriez-vous de votre début de saison ?
Forcément, je ne vais pas être totalement satisfait de mes résultats avec deux cuts qui sont passés tout juste. A Abu Dhabi, je n’ai pas bien fini. Alors bon, il y a du pas mal, du bien, du moins bien… On peut toujours espérer mieux mais ça reste quand même positif.
Vous attendiez-vous à connaître autant de difficultés à franchir les cuts sur ces tournois au champ à chaque fois très relevé ?
Oui et non. Cela fait partie du golf. A Abu Dhabi, j’ai bien joué à l’exception du dimanche. Je pense qu’il faut voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.
Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous pour rebondir après votre place de demi-finaliste au WGC-Match Play fin mars 2021 ?
C’est compliqué de pointer quelque chose du doigt en particulier comme ça. Je pense qu’il faut voir tout ça comme un apprentissage, dans sa globalité et se dire que c’est une étape.
Les gens qui sont animés par les regrets sont, je pense, des gens aigris, qui ont envie d’avoir le maximum tout le temps.
Victor Perez
Que regrettez-vous le plus quand vous regardez dans le rétro durant ces derniers mois ? Avoir manqué les cuts sur les quatre Majeurs ? Avoir pris la décision de ne pas prendre part aux Jeux olympiques ? De ne pas avoir joué la Ryder Cup ?
Je ne regrette rien. Cela fait partie de la carrière d’un golfeur professionnel. Il faut savoir gérer les bas comme gérer les hauts. Les gens qui sont animés par les regrets sont, je pense, des gens aigris, qui ont envie d’avoir le maximum tout le temps. J’estime qu’il faut arriver à apprécier les moments difficiles comme les bons moments…
Quel va être votre programme dans les prochaines semaines ?
Je ne sais pas encore. Il y a eu des tournois reportés ou annulés. Je crois qu’il faut gérer cela semaine après semaine car ça peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre.
Serez-vous au début du mois de mars au Kenya puis pour les deux épreuves prévues en Afrique du Sud ?
C’est possible… Je ne sais pas encore quelle sera ma décision finale. Ce sera comme toujours au ressenti. Même si j’ai déjà un peu un plan en tête. On verra…
J’ai eu la chance de monter sur le Tour européen via l’Alps Tour et le Challenge Tour. Je pense que je serais toujours attaché au circuit européen car il m’a permis d’arriver sur la scène mondiale.
Victor Perez
En 2021, vous avez disputé, hors Majeurs et WGC, 14 tournois du Tour européen. Allez-vous jouer un peu plus encore en 2022 ?
Ma philosophie a toujours été de jouer quand je me sens prêt, quand on est entraîné, quand la préparation a été faite. Et pas en allant jouer en se disant qu’avec un peu de chance, ça peut peut-être passer. Cela ne changera pas à ce niveau-là. A ce titre, je pense que la saison (2022) ressemblera aux dernières saisons. Je ne m’attends pas à de gros changements. Ce n’est pas la manière dans laquelle je vois la performance.
Vous avez effectué au début du mois de février une incursion sur l’Asian Tour. Peut-on vous voir de nouveau sur ce circuit dans les prochaines semaines, les prochains mois ?
J’ai eu une très bonne expérience en Arabie saoudite sur un tournoi qui était encore l’an passé sur le circuit européen. Un parcours où j’ai eu pas mal de bonnes sensations. C’était donc pour moi évident de rejouer sur un tracé qui me plaisait. Après, une fois plus, ce sera selon le calendrier et de la façon dont la saison évolue. On ne peut pas forcément le planifier à l’avance…
Quelle est votre opinion sur le projet de Super Golf League soutenu par les Saoudiens à coup de millions de dollars ?
J’ai eu la chance de monter sur le Tour européen via l’Alps Tour et le Challenge Tour. Je pense que je serai toujours attaché au circuit européen car il m’a permis d’arriver sur la scène mondiale. Après… Il y a encore beaucoup d’incertitudes parmi tous les Tours, avec des difficultés de décisions… Chaque joueur fera ce qu’il estime être la meilleure chose pour lui. En ce qui me concerne, c’est dur d’avoir un avis. Je suis au début de ma carrière, ce n’est que ma quatrième année… Je n’ai pas envie de prendre une décision trop tôt. Qu’elle soit dans un sens ou dans un autre. Même s’il y a des aspects intéressants dans chaque circuit…
Je n’ai pas envie de dévoiler tous les hauts et les bas de chaque relation. Je pense que chaque joueur a des relations spéciales avec son caddie. C’est une relation intime, on passe beaucoup de temps ensemble.
Victor Perez
Vous reverra-t-on aussi sur le PGA Tour en 2022, peut-être sous forme d’invitations ?
Tout dépendra de mon niveau de jeu, de mes résultats, comment ma saison évolue… A partir de là, les choix seront faits. Cela peut aller tellement vite dans un sens comme dans un autre. Il faut surtout garder l’esprit ouvert et ne pas trop se figer dans un schéma qui peut changer. On voit bien à quelle vitesse tout peut évoluer dans le golf.
Vous avez actuellement comme caddie James Erkenbeck, un ancien camarade d’Université au Nouveau-Mexique. Restera-t-il avec vous toute la saison sur le DP World Tour ?
Oui ! C’est quelqu’un qui a une grosse carrière amateure. C’est surtout quelqu’un avec qui j’ai une grande complicité. Cela fait partie des éléments qui ont pesé dans la balance pour faire ce choix-là.
Quelle a été la raison de la fin de votre collaboration au mois d’août dernier avec JP Fitzgerald ?
Ce sont des raisons assez personnelles. Je n’ai pas envie de dévoiler tous les hauts et les bas de chaque relation. Je pense que chaque joueur a des relations spéciales avec son caddie. C’est une relation intime, on passe beaucoup de temps ensemble. Donc voilà… Il m’a beaucoup aidé dans ma carrière, il m’a permis de vivre des choses exceptionnelles. J’ai eu beaucoup de chances de l’avoir sur le sac.
Le feeling ne passait plus trop…
Dans chaque relation, le feeling change. Même dans votre vie personnelle. Il faut s’adapter à tout cela au mieux… Mais je n’ai pas envie de pointer du doigt quelque chose plutôt qu’autre chose…
Photo : Andrew Redington / Getty Images – AFP