En mars dernier, Golf Planète révélait que, selon l’enquête d’un très réputé institut britannique, le parcours du Old Course à Saint Andrews était indéniablement menacé par la montée des eaux liée au changement climatique.
Annoncée par Climate Central, un organisme à but non lucratif qui étudie les sciences du climat, cette menace est traitée comme un sujet majeur outre-manche, et notamment par le monde du golf : le R&A a déployé́ de nombreux projets dans ces modifications du littoral qui impacte de nombreux links : cliquez ici pour voir l’étude.
La Fédération britannique & irlandaise l’a même érigé comme priorité sur son plan à 2030, au même titre que l’entretien des golfs, la consommation en eau et la biodiversité. Et le R&A a demandé aux fédérations concernées d’élaborer une roadmap sur les 10 prochaines années.
Chez nous, les services de la Fédération Française de Golf ont planché sur les risques d’inondation des golfs et Golf Planète vous livre aujourd’hui leurs conclusions qui seront suivies par un entretien avec Rémy Dorbeau, président de l’Agref et membre du groupe expert parcours durables à la ffgolf.
Plusieurs dizaines en France
Il ressort qu’une quarantaine de structures seraient concernés : 32 pourraient être complètement englouties sous l’eau. Cela correspondrait à 1 560 hectares, soit 5% de la superficie totale du parc golfique français. 21 500 licenciés pourraient être impactés par ces dommages.
La répartition géographique des sites touchés est inégale : à noter que si tous les golfs sont situés à l’ouest de la France, la Méditerranée est a priori peu impactée.
Nord et Normandie :
Centre Ouest :
Pays basque :
Le Pays basque relativement épargné, La Normandie la plus touchée
Le Pays basque serait relativement épargné, hormis Chantaco et le golf de la Nivelle, à cause des crus du fleuve éponyme.
La région bordelaise et la Charente verraient aussi disparaitre de nombreux golfs comme ceux de l’ile de Ré ou de la Rochelle.
C’est la Normandie, avec 11 golfs « 9 trous ou plus » totalement recouverts, qui serait la région la plus touchée. La cote D’Albâtre, avec ses réputées falaises, serait épargnée, mais c’est dans la Manche, le Calvados et le long de la Seine que les dégâts seraient les plus étendus.
Les Pays de Loire et la Bretagne verraient aussi disparaitre complètement respectivement 8 et 3 de leurs golfs.
Deux petites structures, à savoir le Golf de Berck et le P&P du Cap Ferret, viennent compléter la liste.
Concernant les ultramarins, seul le golf de la Tina (nouvelle Calédonie) aurait quelques trous sous l’eau.
Pour plus de détails, ne pas hésiter à consulter la cartographie de Climate Central : ici
Voici la liste des équipements golfiques recensés aujourd’hui par la ffgolf.
Rémy Dorbeau : avec les changements climatiques, les golfs font face à des menaces réelles
Quels sont les axes majeurs des menaces attendues ?
Outre la montée des eaux, les menaces liées aux changement climatiques concernent bien évidement l’entretien des gazons et la complexité à avoir un parcours de qualité, notamment des greens en pleine santé en réduisant les pesticides de synthèse alors qu’il n’existe pas de réelle solution de substitution à ce jour.
La raréfaction de l’eau via les épisodes de sècheresse de plus en plus long en été, des épisodes de chaleurs intenses, ainsi que les inondations de plus en plus régulières (récemment au Golf de Reims, Giga Golf..etc) sont des menaces réelles.
La prolifération, du fait du réchauffement, de certaines populations d’insectes du sol, ravageurs des gazons et autres végétaux et le cortège des animaux qui s’en nourrissent comme les sangliers et blaireaux risque de renforcer les dégâts observés sur nos golfs.
La transformation du paysage qui constitue l’écrin des golfs avec le dépérissement visible des forêts et la disparition complète d’espèces d’arbres en quelques mois.
Enfin l’apparition de nouveaux organismes nuisibles comme des hannetons japonais, des vers de type Bipalium kewense ou des champignons comme la Pyriculariose qui impacte les stades.
On note de grandes disparités régionales : quelles sont-elles et est-il possible d’imaginer des évolutions à venir ?
La solution reste locale car il faut trouver les graminées adaptées au climat local, au type de sol et à la vocation du gazon ( stade, fairways, greens départs, rough).
C’est tout l’intérêt du projet de collections variétales lancé par la ffgolf en partenariat avec l’AGREF
A cela s’ajoute l’inégalité des pressions parasitaires : un golf du Pays basque subit beaucoup plus de pression qu’un golf du Nord ou de l’Est de la France.
La Fédération a fait de la transition écologique un de ses trois objectifs : quels sont les moyens déployés pour lutter contre les menaces repérées ? d’autres institutions nationales ou régionales peuvent-elles aider les golfs français à faire face ?
Nous sensibilisons au maximum nos golfs, via l’envoi d’un bulletin sécheresse et des bulletins du réseau d’épidémiosurveillance de l’AGREF.
L’AGREF siège au Conseil National d’Orientation de la Politique Sanitaire Animale et Végétale (CNOPSAV) de la DGAL qui est spécialisé dans la santé du végétal. Elle est en charge d’assurer le suivi des organismes nuisibles émergents sur les gazons.
Les menaces sont les maladies, les mauvaises herbes envahissantes, les insectes et le réchauffement climatique.
La FFGolf s’est doté d’un fonds de dotation pour des actions d’expérimentation et de recherche FFGreen qui a retenu 3 axes : Préservation des Gazons, Ressources en eau et Biodiversité.
Le fond a pour vocation à cofinancer des actions permettant de trouver des solutions à ces problématiques tout en conservant la qualité des gazons sportifs.
La FFgolf pilote un groupe de travail inter-fédérations (Foot, Rugby, Hippodromes et Golf) réunissant les Ministères des Sports, de l’Ecologie et de l’Agriculture pour travailler à l’avenir des terrains sportifs. Tous s’appuient sur les recommandations techniques des experts de l’AGREF.
Crédit Photo Golf de la Poudrerie / Ffgolf / GP