Il y a beaucoup de livres qui sont régulièrement publiés sur le golf. Mais celui de Jean-Emmanuel Elbaz qui vient de sortir aux éditions Solar mérite qu’on s’y arrête. Non seulement parce que, comme le dit Thomas Levet dans sa préface, « Efficace pour les pros, cette méthode le sera aussi pour vous », mais aussi parce que ce livre nous aide à jouer plus rapidement avec plus de régularité sans changer quoique ce soit à son geste !
Coach mental et enseignant réputé, Jean-Emmanuel Elbaz part d’un constat simple : le jeu de golf est paradoxal. Il faut travailler sa technique à l’entraînement mais apprendre à s’en détacher quasiment totalement sur le parcours.
Comment ? en créant des routines, en exploitant son potentiel technique, en gardant confiance, en détachant ses pensées parasites, en analysant ses erreurs puis en prenant les bonnes décisions etc.
Le livre « Jouer au golf avec régularité » comprend quatre parties :
– 3 étapes pour des résultats immédiats sur le parcours
– Gagner en régularité grâce aux trois modes
– Maintenir la régularité sur le parcours
– Appliquer la technique facilement sur le parcours.
Golf Planète a rencontré Jean-Emmanuel Elbaz pour mieux comprendre son message. Et d’abord, savoir comment cet ancien musicien de jazz avait utilisé ses connaissances pour l’appliquer à sa nouvelle passion qu’il enseigne au plus haut niveau aujourd’hui.
Dans quelle mesure la musique jazz qui fut votre premier métier a influencé votre façon d’enseigner le golf ?
Si je n’avais pas pratiqué la musique à haut niveau, je pense que je n’aurai jamais eu l’idée de développer cet enseignement du golf, notamment sur trois aspects qui sont étroitement liés :
– Le détachement technique.
Un musicien doit à la fois développer des compétences techniques (dextérité, gammes etc…) mais il doit oublier la technique pendant la performance. S’il ne le fait pas et continue à essayer de contrôler son jeu sur scène, il n’y aura aucune musicalité et fluidité dans son jeu. Cela parait évident, même pour quelqu’un qui n’a jamais fait de musique.
Lorsque je me suis mis au golf, je me suis vite rendu compte qu’il était aussi nécessaire de se détacher de la technique sur le parcours pour un golfeur et que toute tentative de trop contrôler son geste sur le parcours résultait la plupart du temps à des coups très moyens, voir complètement ratés.
– La créativité.
Sans détachement technique, il ne peut pas y avoir de créativité. Je ne vais pas expliquer ici à quel point il est important d’être créatif lorsque que l’on jour d’un instrument de musique. C’est évident. C’est aussi nécessaire au golf, mais peu de golfeurs sont capables de le percevoir. Pour une situation donnée au golf, il y a toujours plusieurs bonnes façons de le jouer. Le choix du type du coup que l’on doit choisir doit être guidé par la façon dont nous voyons le coup, dont nous sentons le coup et pas de la façon dont « il doit être joué ». C’est frappant au petit jeu qui comprend tellement de situations différentes. La balle n’est jamais placée de la même façon. Chaque coup est un nouveau coup à jouer. On doit donc apprendre à s’adapter à des coups que l’on n’a jamais joués et développer cette capacité. Comme un musicien qui travaille ses gammes mais aussi, travaille l’improvisation, la créativité.
– Le travail
Plus on aura travaillé sa technique, plus on sera capable de l’oublier sur scène ou sur le parcours. Le travail est un élément essentiel en musique et au golf. Il n’y a pas de « truc » malheureusement. Le truc c’est : le travail. On demande souvent pourquoi les sportifs français ne gagnent pas autant que les autres nations… je crois avoir un élément de réponse… Prenons l’exemple de Tiger Woods. Il n’est pas simplement ultra doué techniquement et physiquement, il a aussi travaillé beaucoup plus que tout le monde.
Plus on travaille sa technique, plus on est capable de s’en détacher sur le parcours, d’être créatifs, bref, de réellement jouer au golf et pas de continuer à s’entraîner sur le parcours. La performance et le plaisir de jouer peuvent alors s’installer.
Quels sont les erreurs les plus répandues chez les golfeurs amateurs et les remèdes que préconise votre méthode ?
Une des erreurs les plus répandues chez les golfeurs est de continuer à travailler leur technique sur le parcours. Ils pensent qu’ils ont un pouvoir d’action sur la technique pendant une partie. C’et faux.
Pour corriger un élément technique de son geste, il faut souvent plusieurs séances de travail au practice, voire plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour le corriger. Le parcours n’est pas un endroit pour modifier sa technique mais pour jouer au golf. Mais les golfeurs persistent à essayer de modifier leur technique pendant un parcours. Ça ne marche pas, alors, ils s’énervent, perdent pied et les choses empire au fur et à mesure du parcours, car ils essayent de contrôler l’incontrôlable : la technique sur le parcours.
L’erreur technique la plus répandue chez les golfeurs est : l’alignement. C’est pourtant l’erreur dont on parle le moins et la plus mal expliquée aux golfeurs. Les golfeurs alignement leur corps sur la cible (la ligne des pieds) au lieu d’aligner leur face de club sur la cible. Le résultat : leur face de club est systématiquement alignée au minimum 20 à 30 mètres à droite de la cible (pour un droitier). Tout leur geste n’est alors qu’une compensation pour ramener la balle à gauche car le cerveau fait tout pour ramener la balle vers la cible (donc à gauche de la face de club). La quasi-totalité des golfeurs qui viennent me voir, même de bon niveau, commettent cette erreur. Pire encore : ils essayent de s’améliorer techniquement depuis cette position fausse dès le départ. C’est juste impossible.
Enfin, l’erreur essentielle que les golfeurs font est qu’ils ne sont pas assez imprégnés visuellement de la cible au moment de jouer, car trop occupés par leur swing. Ils doivent se rappeler qu’un coup de golf part de la fin, c’est-à-dire de la cible, pas du geste, à l’image d’un joueur de pétanque qui puise les infirmations visuelles et les sensations en regardant le cochonnet et en visualisant le parcours de sa boule.
Comment passer avec succès du practice au parcours ?
Il faut déjà comprendre qu’il y a deux types de practice :
– Le practice d’entrainement
Ce practice est consacré essentiellement au travail technique.
A la fin du travail technique, même si sa technique n’est pas complètement fixée, il faut se poser cette question : « Quelle est la sensation la plus simple possible sur laquelle je peux me concentrer et qui mettra en place cette technique naturellement ». On cherche donc ici un raccourci, comme un raccourci sur un ordinateur, qui va appeler le fichier source. Il faut donc tester plusieurs sensations, plusieurs idées pour enfin trouver la bonne. C’est cette sensation que l’on va amener sur le parcours, et pas le concept mécanique complexe de base. Le but est donc de simplifier au maximum sa technique pour qu’elle soit compatible avec le parcours et laisse notre esprit disponible pour le jeu. Mais il est souvent difficile de faire simple. La clé ici est encore une fois le travail. Plus on aura travaillé, plus on sera capables de simplifier.
– Le practice avant un parcours
Il ne faut absolument pas travailler sa technique pendant un practice avant un parcours, sans quoi le golfeur risque de continuer à vouloir contrôler sa technique pendant le parcours, ce qui est clairement impossible à faire.
Il s’agit donc ici de s’échauffer, puis de trouver un raccourci sensoriel, ce que j’appelle : « la pensée du jour ». On peut tester plusieurs sensations pour en trouver une seule, puis s’engager à la garder pendant tout le parcours, sans en ajouter d’autres.
Enfin, la clé pour passer du practice au parcours avec succès est de sortir du cadre à l’entraînement pour développer sa créativité. J’entends par là, s’entraîner à jouer des coups bizarres, par exemple une approche à 50 mètres avec un fer 5, ou encore tester 3 hauteurs de balles différentes pour la même approche, bref créer des situations que l’on n’a pas l’habitude de rencontrer, de manière à développer sa capacité à s’adapter à des coups que l’on n’a jamais joués. C’est le cas de tous les coups que l’on va devoir jouer sur le parcours.