Le golf nous apprend l’humilité. On rate beaucoup plus de coups qu’on en réussit. Si on n’est pas capable de l’accepter, on ne pourra accéder à la phase ultime de l’apprentissage: la compétence inconsciente. Explications.
L’architecte du Golf National, Hubert Chesneau, a nommé le Trou 8 de l’Albatros « Le Green Keeper », le Gardien du green. Ce gardien n’est autre qu’un bunker rond et profond dans l’axe de la ligne. Car si au golf, il convient toujours d’être parfaitement aligné (dans tous les sens du terme), il nous faut accepter que, malgré nos efforts, nous chuterons encore, et parfois de façon cruelle…
Dépassez les mauvais coups
Pour réussir sur les parcours de golf, les coachs anglophones parlent de «Mindset before skillset». Le pouvoir de l’attitude, l’état d’esprit avant les compétences. Sachant qu’au golf, les échecs sont beaucoup plus nombreux que les réussites, la grande question est de savoir combien de fois je vais être capable de me relever après un mauvais coup ?
Pour être dans le bon état d’esprit, quand un élève se trouve dans une situation difficile, qui l’effraie, comme de « rater la balle », le rôle d’un coach est de l’accompagner au bout de ses peurs, en rendant l’exercice a priori plus difficile mais dans un cadre bienveillant, sécurisé.
Ainsi, le Master Coach Stéphane Bachoz demande à ses élèves de swinguer et de frapper sans regarder la balle ! Croyez-moi, ça marche très bien !
On progresse au golf, quand on prend conscience que le jeu de golf nous évalue surtout dans notre capacité à supporter l’échec…
Apprendre à mieux jouer, c’est apprendre à être « aligné » entre ce que notre ego nous pousse à tenter, notre raison nous conseille, et nos nerfs nous laissent faire… Et on progresse quand on prend conscience que le jeu de golf nous évalue surtout dans notre capacité à supporter l’échec.
Être aligné, c’est être plus zen, plus proche de la réalité, c’est comme être dans sa cuisine en train de préparer un bon repas avec les produits que l’on a sous la main. Pour cela, concentrez-vous sur les ingrédients que vous savez nécessaires pour réussir le bon plat, le bon putt, et non sur ce qui pourrait se passer après le putt (les millions à la clé, le discours en public ou le regard des autres).
Le bon état d’esprit permet de se concentrer sur l’essentiel, d’être plus proche de l’action immédiate, grâce aux ingrédients que l’on pourrait nommer des « invariants », en opposition à la variabilité inhérente au jeu de golf, à la vie.
Quels invariants devez-vous mettre en place pour être plus stable face aux variations de la réalité? Quelle routine devez-vous mettre en place pour rester en territoire connu face à l’inconnu?
Soignez votre routine
Suivre les procédures d’une check-list (la routine automatisée lors des entraînements), rassure, surtout en période de crise. C’est un excellent anti-stress.
La « configuration mentale » agit directement sur notre destin.
Notre programmation influence notre perception de la réalité, donc notre identité, nos compétences, notre humeur, nos actions quelles qu’elles soient.
Par conséquent, jouez autant que possible sur les paramètres de configuration de votre état d’esprit : le dialogue interne, l’imagerie mentale pour être autant que possible dans le positif, le vert, l’encouragement…
Encouragez-vous
Notre parole (notre pensée) est performative : elle construit donc notre réalité et notre identité (qui est avant tout culturelle).
Par conséquent, veillez très soigneusement à ce que vous pensez de vous et des autres, de votre environnement, veillez à « bien » penser, à soigner votre état d’esprit: toutes les dernières découvertes en neuro- sciences vont en ce sens. Parlez-vous comme si vous étiez votre meilleur ami, et acceptez de passer par les étapes nécessaires au progrès.
Les quatre phases de l’apprentissage
Quoi que l’on apprenne, on passe systématique par ces quatre étapes : essai, erreur, découragement, réussite… Pour vous en souvenir, rappelez-vous de vos premiers cours de conduite !
1/ L’incompétence inconsciente. À ce stade, on ne sait pas à quel point on ne sait pas. Mais on a envie d’essayer. On est alors volontaire mais plus ou moins déterminé.
2/ L’incompétence consciente. On saisit à quel point on ne sait pas. Les premières tentatives se soldent par des échecs. Cela vaut-il le coup d’aller plus loin ? La frustration est grande, on entre dans le cadre de la persévérance… ou pas.
3/ La compétence consciente. On voit que l’on progresse. Ces premières réussites nous réjouissent, mais elles exigent beaucoup de dépenses en ressources pour réaliser la tâche, et les résultats demeurent médiocres. Le plaisir est-il à la hauteur des phases de découragement ? Cela exige de la constance pour continuer, mais on s’approche de la réussite.
Tant que l’on reste bloqué, concentré sur son geste, sa marche, sa signature, son swing, on ne peut pas être dans le flow.
4/ La compétence inconsciente. Pour faire ce que j’ai à faire, je n’ai plus besoin de savoir que je sais. Je réussis et prends les bonnes décisions sans même y penser, voire en pensant à tout autre chose. Je peux marcher et même courir en pensant à ma liste de courses. Détachés de la maîtrise technique consciente, on peut alors se concentrer sur des activités plus essentielles : une vision claire, une sensation pure, une intention simple, une action pertinente. Tant que l’on reste bloqué, concentré sur son geste, sa marche, sa signature, son swing, on ne peut pas être dans le flow.
Pour comprendre comment on peut régresser de la phase 4 à la phase 3, demandez à une personne de marcher sur une large poutre à vingt centimètres du sol, et elle ne verra pas où est le problème ; mais placez la même poutre à vingt mètres de haut, et la personne basculera directement en mode compétente consciente…
Cette régression, c’est ce qui nous arrive bien souvent avec notre driver au départ du trou 1 : l’appréhension nous fait régresser en phase 3 également. De fait, on augmente les risques de rater son premier drive, et comme on n’a pas compris que rater fait partie du jeu, on descend d’une nouvelle case pour se retrouver en phase 2, avec un dialogue interne du type: «Ah ! Non je n’y arrive pas ! Je suis vraiment nul», ce qui n’améliore évidemment pas les choses. Et on finit en mode incompétent conscient.
Travaillez donc les phases 2 et 3 au practice avec votre coach. Sur le parcours, roulez en phase 4!
Le bonheur si je veux
Il y a aujourd’hui, d’une façon générale, au-delà de l’exercice du sport, un enjeu de préparation mentale. On le voit dans tous les registres, sous la forme de coachings divers et variés : pour la prise de décision, pour le développement de carrière, pour la vie de couple… Beaucoup de modalités d’accompagnement passent par le mental. Il y a beaucoup à faire. Il existe des vraies stratégies, des vraies techniques, qui peuvent certainement améliorer le fonctionnement du mental.
Au golf, ce n’est pas la qualité des bons coups qui compte, c’est la qualité des mauvais coups
Nick Faldo
«Mais je me méfie un peu du côté “hyper-optimisation” qui, finalement, dans notre société, a conduit à ce souci constant de la performance, sans plus se soucier de temporalité. C’est pourtant quelque chose qui peut rendre malheureux», précise le psychiatre Raphaël Gaillard.
Il a raison. Personnellement, j’ai raté plein de choses. Ces échecs ne sont pas forcément dramatiques, mais il est important de les identifier, de se dire que cela fait aussi partie d’un parcours.
Mon métier repose sur l’attention à l’autre, ce fil directeur majeur l’emporte aujourd’hui sur tous les autres.
L’enjeu est d’apporter du mieux-être en commençant par s’imprégner de la sagesse universelle de Nick Faldo : «Au golf, ce n’est pas la qualité des bons coups qui compte, c’est la qualité des mauvais coups».
Précédemment
Votre progression dépend de votre approche stratégique et psychologique sur le parcours, c’est pourquoi nous vous invitons à considérer chaque parcours de golf comme un voyage initiatique. Et ce voyage, nous vous proposons de le faire sur le parcours mythique du Golf national, l’Albatros, en retrouvant ici les épisodes précédents :
Épisode 1 : EN AVANT – Prendre son élan
Épisode 2 : L’APPONTAGE – Trouver sa mission
Épisode 3 : LE MÉRANTAIS – Trouver son élément
Épisode 4 : CHATEAUFORT — Trouver sa force
Épisode 5 : PLEIN GAZ – Trouver sa passion
Episode 6 : MAÏS ET COLZA – Trouver ses racines et ses ailes
Épisode 7 : LE DROMADAIRE – Devenir heureux avec son Je.u
Cet article est un extrait digest de l’ouvrage L’Albatros parcours de vie*
Quel que soit votre niveau (du débutant au pro), n’hésitez pas à contacter Jean-Christophe Buchot, coach en stratégie et optimisation des performances, pour des accompagnements spécifiques : jcbuchot@albatros-coaching.fr
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