La semaine dernière, je vous parlais du « cocktail gagnant » pour performer au golf. Dans ce cocktail bien équilibré, la préparation physique tient une place importante qui peut être liée à des détails parfois insoupçonnés.
La biomécanique du swing est un domaine très complexe qui est loin d’avoir livré tous ses secrets. Si, classiquement, on sait que le swing nécessite tonus musculaire, souplesse, équilibre, proprioception ou encore de coordination, on va voir que nos yeux jouent aussi un rôle prépondérant.
Le petit truc en plus.
Au golf, nos yeux passent presque inaperçus. Pourtant, à bien y regarder, il y a un “truc” qui peut changer la qualité de votre swing. Ce “truc” c’est l’indépendance motrice de nos yeux par rapport aux muscles de notre cou. Compliqué ? Pas du tout !
Prenons un exemple
Dans une vidéo récente publiée sur Golf Planète, Simon Camirand Pro PGA Canadien, explique parfaitement la relation entre la position de la tête et l’amplitude de rotation du tronc pendant le swing.
Pour s’arrêter sur le backswing d’un droitier, si la tête et le cou engagent une légère rotation vers la droite à la montée, cela facilite mécaniquement le gain d’amplitude du backswing. C’est logique et offre à votre club une course plus longue pour prendre plus de vitesse.
Simon Camirand explique bien qu’il faut, en même temps, bien garder les yeux sur la balle. Donc quand la tête tourne à droite, les yeux doivent tourner sur la gauche pour garder le contact visuel sur la balle. CQFD.
Rien de compliqué donc, sauf que ce type de mobilité opposée ou dissociée, vient bousculer nos habitudes, pour ne pas dire nos “réflexes”. En effet, le plus souvent, le mouvement de nos yeux accompagnent celui de notre tête. Faites vous-même l’expérience.
Association et dissociation
Regardez un objet sur votre droite et vous constaterez que les muscles du cou et ceux de vos yeux travaillent de concert pour organiser une forme d’économie de mouvement en associant les deux rotations.
Or, là dans le swing, l’association, doit laisser la place à une dissociation des mouvements « œil-cou ». Garder les yeux sur la balle, alors que l’on engage la rotation de la tête à la montée, impose aux muscles des yeux de les amener dans la rotation opposée.
Attention, je ne parle pas ici de votre acuité visuelle mais bien de la motricité de vos yeux, qui est permise par plusieurs muscles qui s’attachent sur le crâne d’un côté et sur le globe oculaire de l’autre.
Nos habitudes de vie et de travail n’arrangent rien
L’usage immodéré des écrans (portables, tablettes, smartphones) a tendance à « fixer » les globes oculaires. Les muscles oculomoteurs travaillent peu face à un écran. Seuls les déplacements verticaux, restent actifs pour regarder alternativement l’écran et le clavier. Pour les mouvements droite-gauche en revanche, on utilise surtout l’association des rotations tête-regard.
Les yeux sur la balle
Cette dissociation oculomotrice qui peut poser problème. Soit parce que l’œil n’arrive simplement pas à faire ce mouvement, soit parce que l’amplitude de mouvement demandée à l’œil est trop inhabituelle. On trouve là une des causes de la difficulté pour certaines personnes à garder les yeux sur la balle.
Par ailleurs, on sait aussi que la motricité oculaire a une influence sur la gestion de notre équilibre et sur notre gestuelle en général. Elle va donc agir mécaniquement sur la maîtrise du plan de swing ou sur le centrage de la balle sur la face du club.
Analyser et prévenir.
Le swing qui se dérègle d’un jour sur l’autre est un phénomène bien connu des joueuses et des joueurs. Tout allait bien et puis cela ne fonctionne plus. Parmi toutes les causes évoquées on recherche rarement un souci au niveau des yeux. Cela mériterait une étude et une évaluation statistique que nous aimerions pouvoir mener avec Chestam *.
En attendant la prévention reste une valeur sûre. Voici quelques conseils :
N’oubliez pas vos yeux dans votre échauffement. Par exemple, placez-vous à deux ou trois mètres de votre sac.
Regardez alternativement une dizaine de fois le fond du terrain puis vos clubs.
Puis tendez votre bras devant vous et faites la même chose en regardant alternativement le bout du terrain et votre main.
Toujours dans la même position, laissez votre tête en direction du bout du terrain et, en ne bougeant que vos yeux, regardez plusieurs fois le plus possible à droite puis à gauche.
Si vous n’avez pas de contre-indication, pensez à humidifier vos yeux avec quelques gouttes de liquide physiologique, avant et pendant le parcours pour compenser les effets du soleil et du vent.
N’hésitez pas à consulter un spécialiste si vous avez un doute.
Pour vous aider à récupérer de la mobilité oculaire et surtout à l’entretenir, Chestam vous propose un tout nouveau podcast audio simple et efficace. A utiliser très régulièrement.
* Chestam utilise une partie du montant des abonnements pour financer ce type d’études.
Philippe Chéoux
Kinésithérapeute é Ostéopathe DO