Vous l’avez peut-être déjà vécu. Vous savez, cet état spécial, très agréable, où l’on se sent en mesure d’utiliser au mieux toutes ses compétences pour s’accorder à la situation simplexe à laquelle on est confronté et réaliser une perf’. Cet état de grâce, on l’appelle « la zone » ou le « flow ». Voici venue l’heure de s’y immerger pour vivre un moment magique…
Le trou n°16 de L’Albatros se nomme « L’Appel », au sens juridique du terme. On peut s’y rattraper après le Jugement du 15, ou tomber dans l’obstacle d’eau qui protège le green. C’est donc le moment ou jamais de trouver le flow et non les flots.
Agir en pleine confiance
Le flow, c’est cet instant magique où on utilise l’ensemble de ses capacités, sans heurts, sans entraves, en bénéficiant des avantages des contraires, en laissant son corps aller de lui-même vers son propre équilibre, car c’est un corps intelligent, connecté à des millions d’années d’évolution, qui a appris à survivre, à nager dans la mer et marcher sur la terre.
Le flow, c’est ce moment de grâce où l’on se fait entièrement confiance, où l’on se satisfait pleinement de la réponse que notre corps entraîné et notre esprit préparé, en fusion, nous proposent.
La notion de flow a été conceptualisée par le psychologue Mihályi Csíkszentmihályi.
Il définit le flow comme un état mental atteint quand on est complètement absorbée, plongée dans une activité. On se trouve alors dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans l’accomplissement d’une action.
Csíkszentmihályi a identifié sept conditions nécessaires pour vivre une expérience de flow :
1 : Être totalement investi dans ce que l’on fait, focus, concentré.
2 : Ressentir une sorte d’extase pour accéder à une autre réalité parallèle. On ressent que l’on fait partie d’un tout plus grand que soi.
3 : Accéder à une grande clarté intérieure. Tout devient plus clair, on sait ce que l’on a à faire et comment le faire.
4 : Savoir que la tâche est faisable, à notre portée. Nos talents sont à la hauteur de la mission à accomplir et qui nous importe.
5 : Être moins inquiet de soi, plus serein, on éprouve la sensation de grandir au-delà des limites de l’ego.
6 : Perdre la notion du temps, car on est profondément absorbé par le présent. Les heures semblent alors passer comme des minutes.
7 : Être motivé intrinsèquement par la réalisation de l’action elle-même, autotélique. Quoi que nous produisions, le flux devient notre propre récompense.
Ces différents aspects peuvent être présents indépendamment les uns des autres, mais seule la combinaison de plusieurs d’entre eux permet de constituer une véritable expérience de flow.
Etre dans le flow, ça se prépare…
Pour parvenir à vivre cette expérience, le joueur doit arrêter de réfléchir pour fusionner avec son contexte, sa mission, son environnement. Mais avant de vivre cette harmonie, le joueur doit s’entraîner en quantité et en qualité, car être « dans la zone », en état de flow (oui, c’est bien de cela dont on parle !), n’assure qu’une petite partie du résultat… le reste n’étant que du métier, comme l’explique Anne Le Coniat, coach, ex-entraîneure de l’Équipe de France Dames.
ALC : « Être dans flow, ça ne se commande pas, mais il faut s’en approcher. Ça arrive aux joueurs de l’être deux ou trois semaines dans l’année… sur quarante semaines de tournoi ! L’objectif de toute planification, c’est d’arriver à toucher cette zone au moment choisi.
Au golf, on ne peut ni ne doit être à 100 % pendant quatre heures. Mais on doit être capable d’être focus à 200 % pendant quelques minutes, puis totalement relâché. La routine sert à ça, à le faire sur commande ».
Agir selon sa préférence du moment…
Si le flow dépend de notre préparation, cet état miraculeux où soudain tout semble s’agréger avec fluidité dépend également de notre osmose avec nos préférences motrices et cognitives, chères à Dominique Fournet, coach de golf, spécialiste ActionTypes…
DF : « L’important est de prendre conscience de notre préférence du moment, où j’en suis ici et maintenant, en avant ou en arrière, et de ne pas contrarier sa préférence du moment. Il faut être moins influencé par le prof qui dit : « Fais ci, Fais ça. » Se dire plus : « Je vais faire ça à ma manière » ».
C’est lorsque l’individu agit librement pour le plaisir de l’action elle-même (et non pour un autre motif) qu’il apprend à devenir plus qu’il n’était auparavant.
Mihály Csíkszentmihályi, théoricien du flow
S’acclimater au contexte
Les émotions viennent parfois bruiter la motricité hyperfine nécessaire à la réalisation d’un swing de golf. Ensuite, la question n’est pas de savoir si cette émotion est positive ou négative, la question est surtout le « degré d’émotion ». C’est comme une casserole d’eau sur un feu, selon le coach de golf formé aux neurosciences, Michel Teichet.
MT : « Si l’émotion passe à ébullition, elle devient envahissante et peut inhiber toutes les fonctions nécessaires au swing, donc entraîner des ratages. On est humains, donc faits d’émotions. C’est l’émotion qui guide tout. Qu’est-ce qui permet au moment clé du tournoi que la bulle reste tranquille ? C’est l’habituation à l’environnement émotionnel. Plus on s’habitue à une situation, mieux on peut contrôler cette petite bulle parasitaire, faire en sorte qu’elle ne vienne pas nous perturber en bruitant le geste. La gestion émotionnelle a pour but d’éviter que cette bulle apparaisse au mauvais moment dans le swing. Ça se gère avant tout par l’habituation, l’accoutumance ».
Penser en champion
Comment rester dans le flow ? Cette question ne doit justement pas naître dans votre esprit quand vous êtes dans le flow. Vous devez être présent, focus, pour vous adapter immédiatement à la stimulation. Vous y parvenez quand vous vous y êtes préparé. Préparé : vous connaissez la réponse. Préparé : vous agissez en confiance, totalement. Vous êtes programmé à ça, sinon, vous ne seriez pas là.
Quelle que soit la situation, vous savez comment survivre, donc faites-le, comme le champion, Thomas Levet…
TL : « Quand tu joues, tu dois te concentrer uniquement sur ce que tu as à faire. Tu traces ta route. Comme au volant d’une voiture de rallye. Et à la fin de la course, tu as gagné… ou pas ».
Lorsque je suis à la limite, l’espace et le temps s’ouvrent, et je peux faire ce que je veux.
Sébastien Loeb
En pilotage automatique
Le rallye est une discipline sportive qui demande deux qualités que l’on retrouve dans le golf : anticipation et adaptation. Des qualités que le pilote Sébastien Loeb maîtrise évidemment avec excellence.
Comme le décrit Marc Germain, préparateur physique et mental du champion du monde, au Figaro en 2015 : « Lorsque Sébastien prépare une étape en visionnant le tracé d’une spéciale à l’aide de la vidéo, il la ressent avec l’ensemble des capteurs dans tout son corps. Notre cerveau est doté de comparateurs, et sans forcément le savoir, lorsqu’il est au volant, il arrive à comparer ce ressenti emmagasiné avec les sensations immédiates en s’appuyant sur son cerveau conscient ».
Sébastien Loeb est un génie, un superman du volant. Mais il reste un homme. Un Homo sapiens comme nous, qui utilise peut-être juste mieux que nous ses capacités naturelles. Donc sur le parcours de golf, faites comme Sébastien. Il ne s’ordonne pas d’être focus, il est focus.
Ce virage, Loeb le prend comme il s’est vu le faire, car il sait le faire. Corps et esprit sont en fusion avec la route et épousent les variations environnementales.
La réponse, vous la donnez, car vous la connaissez. Faites-vous confiance, vous n’êtes pas là par hasard. Agissez en fonction de la stratégie préétablie, incrémentée des nécessaires adaptations.
Stay tuned, mais ne réfléchissez pas plus que cela. Soyez focus, comme dit Butch Harmon, sur « what you want to do ».
L’ALBATROS, PARCOURS DE VIE
Cet article est un extrait digest de l’ouvrage L’Albatros parcours de vie*
Quel que soit votre niveau (du débutant au pro), n’hésitez pas à contacter Jean-Christophe Buchot, coach en stratégie et optimisation des performances, pour des accompagnements spécifiques : jcbuchot@albatros-coaching.fr
* L’Albatros, parcours de vie, aux éditions Amphora, par JCh Buchot, avec le soutien de la ffgolf. Plus d’infos sur : albatros-coaching.fr
Précédemment
Votre progression dépend de votre approche stratégique et psychologique sur le parcours, c’est pourquoi nous vous invitons à considérer chaque parcours de golf comme un voyage initiatique.
Et ce voyage, nous vous proposons de le faire sur le parcours mythique du Golf national, l’Albatros, en retrouvant ici les épisodes précédents :
Épisode 1 : EN AVANT – Prendre son élan
Épisode 2 : L’APPONTAGE – Trouver sa mission
Épisode 3 : LE MÉRANTAIS – Trouver son élément
Épisode 4 : CHATEAUFORT — Trouver sa force
Épisode 5 : PLEIN GAZ – Trouver sa passion
Épisode 6 : MAÏS ET COLZA – Trouver ses racines et ses ailes
Épisode 7 : LE DROMADAIRE – Devenir heureux avec son Je.u
Épisode 8 : GREEN-KEEPER — Devenir compétent inconscient
Épisode 9 : VENT DEBOUT — Jouer en mode sans échec
Épisode 10 : LA MARE AUX FOULQUES – Mieux se préparer pour aller plus loin
Episode 11 : LES GRENOUILLES – Engranger du positif avec Patricia Meunier-Lebouc
Épisode 12 : LE GOULET – Performer sur le parcours et au-delà
Épisode 13 : L’ILE AUX CHENES – Sculpter son swing
Episode 14 : LES COLLINES DE COLLIN – Avoir la chance du vainqueur
Épisode 15 : LE JUGE – Apprendre à gagner
Cet article est un extrait de l’ouvrage L’Albatros, parcours de vie.
Quel que soit votre niveau (du débutant au pro), n’hésitez pas à contacter Jean-Christophe Buchot, coach en stratégie et optimisation des performances, pour des accompagnements spécifiques : jcbuchot@albatros-coaching.fr
©JCH.BUCHOT – 2022