Si réaliser un grand projet revient à conquérir un château-fort ou escalader une montagne, l’on part rarement seul – et à raison – attaquer des mâchicoulis ou escalader l’Everest. Avant tout départ vers les cimes, questionnez la force de votre envie et choisissez les bons compagnons de voyage.
Le trou n°4 de L’Albatros porte le nom de Châteaufort, en hommage à la commune sur laquelle il se situe, nous explique son créateur, l’architecte Hubert Chesneau : « L’avantage, c’est que ce nom évoque également l’idée d’un château fort, en deux mots. Un green surélevé, défendu par des bunkers, parachève la justification de la chose ! »
À CHACUN SON EVEREST
Ce n’est pas un hasard si Patricia Meunier-Lebouc a gagné de nombreuses compétitions, dont un Majeur sur le sol américain ! Elle le doit à un parcours exemplaire. Pas à pas, elle a dû apprendre à se faire confiance, à maîtriser son corps et son esprit, apprendre à ne pas se laisser déséquilibrer par les plus vives émotions.
Pour Patricia, se préparer à une compétition, c’est comme envisager l’ascension d’une montagne plus ou moins haute, selon le niveau de chacun.
Être obsédée par la victoire, ce serait comme vouloir être directement, immédiatement, tout en haut.
Patricia Meunier-Lebouc : « Quand je m’entraîne, l’objectif est clair : le sommet, la victoire ! C’est une évidence. Mais quand on est au pied de la montagne, le sommet est à des kilomètres. Être obsédée par la victoire, ce serait comme vouloir être directement, immédiatement, tout en haut. On a besoin d’avoir un objectif élevé pour se motiver, mais j’ai besoin aussi d’avoir un objectif beaucoup plus proche, sur les dix mètres à venir, pour avancer petit à petit vers le sommet. Un alpiniste sait toujours où il veut aller, bien sûr, mais il sait surtout qu’il doit se concentrer sur ce qu’il a à faire dans l’immédiat. La victoire, c’est le but, forcément, comme le sommet de la montagne est évident en face de toi. Mais ce n’est pas parce que la montagne est là, juste devant toi, que tu vas tout de suite être en haut. Cela exigera du temps… »
En tant que compétitrice née, Patricia se mettait beaucoup de pression, à l’origine. Pour vivre mieux les choses, elle a appris à prendre du recul, à mettre en place des objectifs de moyens plutôt que de résultats.
PML. : « Au golf, comme lorsqu’on gravit une montagne, il y a beaucoup de choses à gérer dans l’instant. Donc si l’on est bien organisée, on a largement de quoi s’occuper plutôt que de penser à la Coupe. Ce n’est pas en voulant à tout prix gagner que l’on se donne l’espace de bien faire ce que l’on a à faire : taper avec fluidité pour arriver parfois à gagner, et j’ai gagné plusieurs fois. Je suis arrivée également à perdre en sachant que j’y mettrais ensuite du sens, que j’utiliserais cette défaite pour aller plus haut. »
BESOINS ET RESSOURCES
On n’atteint pas les plus hautes cimes sans guides, sans porteurs, sans relais ni renforts. La mère et le père de Patricia, Alain Meunier, ont joué un grand rôle dans le parcours de leur fille, en lui apportant les ressources et l’environnement dont elle avait besoin pour s’épanouir.
Quelle est la prochaine étape ? Quels sont mes besoins ? Pour répondre à ces besoins, quelles ressources trouver pour m’aider à franchir l’étape ?
PML : « De toute façon, sans les parents, on ne peut pas faire grand-chose. J’ai vite eu des résultats avec l’équipe de golf Junior de Dijon. Mon père, kiné, a cherché à comprendre quelles étaient les étapes suivantes pour me permettre d’évoluer. C’est la grande force du système qu’il a mis en place autour de moi et que j’ai gardé tout au long de ma vie : quelle est la prochaine étape ? Quels sont mes besoins ? Pour répondre à ces besoins, quelles ressources trouver pour m’aider à franchir l’étape ?
Ensuite, quand j’ai dit mon intention de devenir pro de golf, mon père m’a répondu qu’il faudrait alors que je redouble d’efforts et que j’apprenne mon métier en allant directement jouer avec les meilleures sur le Tour. Et ça s’est bien passé, puisque j’ai gagné dès la première année mon premier tournoi professionnel : l’Open d’Angleterre en septembre 94 ! C’était cool. C’était surtout bon signe : la première récompense du travail effectué. Ça m’a convaincu de m’engager à fond, ce qui n’était pas difficile pour moi : grâce aux valeurs que mes parents m’ont inculquées, je savais qu’il me faudrait travailler dur, que ça ne se ferait jamais tout seul. »
DEVENIR GUIDE À SON TOUR
Si Patricia a parfaitement intégré l’idée qu’il faut être accompagnée pour parvenir à ses fins, aujourd’hui, c’est elle qui se met au service des autres, qui se positionne en personne ressource aux côtés des autres, jamais au-dessus…
PML. : « En tant qu’entraîneure de l’équipe de France Dames, ma mission est d’accompagner un collectif, mais si je gère un groupe, je reste à 100 % concentrée sur la personne. Surtout dans cet univers où toutes rêvent de devenir joueuses professionnelles. Ça arrivera, ça n’arrivera pas ? L’essentiel est d’avoir le rêve en tête.
Je suis là pour les accompagner à mon tour, comme on m’a accompagnée par le passé, avec bienveillance. Je n’avais pas besoin que des personnes-ressources fassent à ma place, mais ça m’apportait beaucoup de les savoir là, pas loin, au cas où… Ce que je propose, c’est surtout un travail d’écoute et de compréhension des besoins de chacune au sein du collectif, en les laissant s’exprimer à leur juste valeur pour qu’elles puissent se transcender dans le groupe. C’est la force de l’humain : si on dit à une personne qu’elle est douée, si on lui fait confiance, si elle sait qu’elle peut compter sur nous à tout moment pour l’accompagner dans son parcours, si elle sait ce qu’elle a à faire, il n’y a pas de limites à la performance. L’entraîneur ne doit pas se mettre au centre et dicter aux jeunes ce qu’ils ont à faire : son rôle est d’accompagner, d’être là, à côté. »
AUTREMENT DIT
– Vous laissez-vous facilement accompagner ?
– Accompagnez-vous avec bienveillance les personnes moins expérimentées de votre équipe en partageant généreusement votre expérience, en les aidant à progresser ?
– Quels prochains petits pas pourriez-vous faire aujourd’hui pour vous rapprocher du sommet votre montagne ?
Vous ne convaincrez jamais aucun sponsor de votre capacité à gravir le K2 ou gagner Augusta en lui montrant votre collection de piolets ou de putters dans votre garage.
Votre seule chance d’obtenir du soutien de qualité sera de définir clairement votre sommet, vos motivations, vos habiletés, vos besoins, vos ressources et d’expliquer comment vous comptez les exprimer, les combler, les renforcer pour arriver à votre but.
Si l’on n’est pas concentré dans l’instant présent lors d’une escalade d’une falaise, la sanction est immédiate : la chute. De fait, dans l’action, on ne pense donc pas au sommet (le futur) ou au sol (le passé), mais à assurer sa prochaine prise puis à détendre ce qui n’a pas besoin d’être en tension.
Appréhendez le golf de la même façon : jouez chaque coup concentré comme si votre vie en dépendait, mais en souplesse, pour ne jamais tétaniser, en relâchant quand c’est possible et en assurant sa prise quand c’est nécessaire.
Dans votre vie personnelle et professionnelle, prenez calmement les mêmes risques calculés soutenu par des amis, des pairs, des sponsors et/ou des mentors.
À SUIVRE
Si vous voulez en savoir plus, vous trouverez « L’Albatros, parcours de vie »*, chez votre libraire ou sur les plateformes de commerce en ligne.
Si vous ne parvenez pas à mettre en pratique les conseils que je vous fournis ici, selon votre problématique, dans le cadre d’un accompagnement personnalisé, quel que soit votre niveau (du débutant au pro), j’ai de nombreux exercices spécifiques à vous proposer pour, tel un « ostéo du cerveau », débloquer en douceur ce qui coince mentalement : jcbuchot@albatros-coaching.fr
Précédemment
Votre progression dépend de votre approche stratégique et psychologique sur le parcours, c’est pourquoi nous vous invitons à considérer chaque parcours de golf comme un voyage initiatique. Et ce voyage, nous vous proposons de le faire sur le parcours mythique du Golf national, l’Albatros :
Épisode 1 : EN AVANT – Prendre son élan
Épisode 2 : L’APPONTAGE – Trouver sa mission
Épisode 3 : LE MÉRANTAIS – Trouver son élément
* L’Albatros, parcours de vie, aux éditions Amphora par JCh Buchot, coach en stratégie et préparation mentale, avec le soutien de la ffgolf. Plus d’infos sur : albatros-coaching.fr