Le swing se construit à partir d’une intention, celle de libérer votre cerveau de tout parasite pour ne garder que l’essence du mouvement en direction d’une cible. Au-delà des obstacles, soyez donc déterminer à libérer votre corps de sa gangue. Engagez-vous pleinement vers votre objectif, à l’instar de Rory volant lors de la Ryder Cup au-dessus des chênes centenaires ! Si le coup tombe à l’eau, rien de grave : sur le métier remettez votre ouvrage, vous finirez par atteindre le paradis vert !
« Pour nommer ce 13e trou, j’ai collé une fois encore au terrain : l’île dans la ligne des chênes, explique le créateur de L’Albatros, l’architecte Hubert Chesneau. Ce n’est pas un trou facile, mais je l’aime bien. Il faut savoir placer son drive pour faciliter son deuxième coup, car le plan d’eau collecte son lot de balles ! Lors de la Ryder Cup, Rory McIlroy a réussi un coup vraiment exceptionnel depuis le rough, lors du foursome. Son partenaire, Poulter, avait envoyé son drive à droite dans la pente, au bord de l’eau. McIlroy avait un coup absolument injouable, et il a réussi à le coller à 1,50 m du drapeau en passant par-dessus les arbres ! C’était extraordinaire. J’aime beaucoup cette île aux chênes pour le plaisir esthétique de ce 2e coup entre les arbres, au-dessus de l’eau ». Un trou donc qui réclame beaucoup de souplesse physique et cérébrale.
Le cerveau est une sculpture
Le swing de golf est un mouvement complexe, comme le saut d’un chat sur une table, qui utilise un minimum d’énergie avec un maximum d’effet.
Pour y parvenir, l’objectif est de ne garder que l’essence du mouvement, c’est-à-dire d’éliminer toutes contractions, tensions, sollicitations inutiles pour permettre la meilleure coordination possible. En commençant par faire disparaître tous les micro-gestes parasites, souvent dus à une mauvaise compréhension de la tâche à accomplir et à des tensions cognitives et musculaires parasites.
C’est pourquoi je parle de sculpter son swing pour n’en garder que la grâce.
Votre cerveau ne doit avoir qu’une idée en tête : l’efficience. Quelle cible ? Quel impact ?
Les dernières avancées en neurosciences ont démontré que le cerveau s’appréhende d’ailleurs lui-même comme une sculpture. En effet, le cerveau se construit non pas par cumuls successifs de matière, comme en peinture, mais par retraits de matière, comme en sculpture. Or la sculpture est un art des plus difficiles, où le droit à l’erreur est des plus limités. Par conséquent, arrêtons de faire n’importe quoi avec notre cerveau, comme nous l’explique le Pr Raphaël Gaillard, psychiatre, chef de pôle à Sainte Anne, très intéressé par les atouts spécifiques de notre sport pour la santé.
Une école de patience avec des coups magnifiques
Malheureusement, les attraits de la pratique du golf pour la santé ne sont pas évidents, surtout au début. Bien que les entraînements et les compétitions de clubs se déroulent par équipe, à l’instar des sports collectifs, le golf est souvent perçu comme une activité solitaire. Et quand on daigne essayer, on peut vite perdre patience, car on ne parvient pas à se « défouler. » Pour les plus vieux, c’est tellement plus facile de s’asseoir dans le canapé et de critiquer les résultats des meilleurs joueurs français. Pour les plus jeunes, c’est tellement plus facile de réaliser des eagles sur Play Station qu’il peut être extrêmement frustrant de faire des quintuples bogeys dans la vraie vie.
Pr Raphaël Gaillard : « Pour les adolescents, il est important de suivre cette école de frustration, parce que la réalité de la vie est ainsi faite, quel que soit l’exercice que nous avons. Dans la vie, il y a plein de sources de frustration, mais il faut faire avec pour obtenir justement, avec encore plus de force, le plaisir des choses qui réussissent. Heureusement, dans le golf, tout n’est pas du registre de l’effort, de la contrainte, de la nécessaire attente. C’est une des forces du « dispositif golf » : il y a, dans la pratique, quelque chose, vraiment, qui accroche très vite. Et ce quelque chose m’a vraiment passionné, même à mon échelle de golfeur de piètre qualité : c’est le fait que, de temps en temps, y compris débutant, on fait un coup magnifique !
Si, en débutant, on est capable de produire un tel coup, assez logiquement, on se dit qu’en y travaillant, on réussira à le reproduire…
Raphael Gaillard
Je crois que ça participe énormément de l’intérêt de la démarche : on voit bien que c’est possible, en fait, et que ce parfait équilibre du coup est accessible, même quand on n’est pas expérimenté. Alors si, en débutant, on est capable de produire un tel coup, assez logiquement, on se dit qu’en y travaillant, on réussira à le reproduire. Ça peut devenir addictif, mais ce sera toujours une addiction qui prend la mesure du temps, ce qui est quand même très différent du shoot immédiat d’adrénaline, de sucre, de gras ou de cocaïne.
Je trouve que c’est une très belle école de l’effort, de l’apprentissage, qui exige un travail.
Il y aura toujours quelque chose qui fera défaut, ou presque, on ne jouera jamais parfaitement, mais on aura régulièrement un aperçu du beau geste, de ce plaisir qui n’est pas celui du narcissisme, mais d’un plaisir presque esthétique, quelque chose de l’ordre de la beauté…
Je trouve que c’est donc une très belle école de l’effort, de l’apprentissage, qui exige un travail. Ce coup réussi nous donne régulièrement cet aperçu de ce qu’on éprouverait si on jouait vraiment très bien. C’est quelque chose d’intensément motivant. Mais on voit bien qu’il faut s’inscrire dans une temporalité de plusieurs heures, de plusieurs mois, voire années pour progresser, en ayant toujours la possibilité, un jour, d’être vraiment bon, puisqu’on est déjà capable de faire de très belles choses.
Il ne s’agit pas de répondre immédiatement à une demande, comme on le fait au quotidien, ou même à chaque minute, avec nos smartphones, avec cette espèce de dépendance constante à la récompense immédiate qui, en fait, éclate complétement notre attention. C’est vraiment l’une des dimensions majeures du jeu de golf. Sur ce point, je me dis qu’il serait intéressant de cultiver cette approche pour les jeunes, parce qu’il y a un vrai enjeu, aujourd’hui, de rapport au temps chez les jeunes adultes, chez les adolescents ».
Avancer au gré des feedbacks
Le golf nous amène donc à aborder les thèmes fondamentaux du développement personnel, des « soft skills », ces compétences humaines indispensables à l’expression des compétences techniques.
Au golf, on apprend à gérer au mieux les différents temps de concentration, d’action et de détente. On apprend à apprécier les plaisirs différés, les bénéfices de la patience (un parcours, c’est dix-huit trous, une épreuve dure quatre jours, les championnats s’étalent sur une saison).
Pour nous aider à tenir dans la durée, à chaque production, à chaque coup – qu’il soit bon ou mauvais – nous obtenons un feed-back immédiat. Ce retour instantané sur le geste que l’on vient à peine de réaliser nous confirme si l’on est ou non dans la bonne direction, et nous motive à continuer. On retrouve dans cette bulle d’attention relâchée, cette maîtrise du temps, des émotions et des énergies, ces retours directs et positifs d’informations, les ingrédients fondamentaux du flow, cet état propice aux grandes performances.
On ne naît pas champion, on le devient
Être en mesure d’agir sans contraintes, sans parasites, en toute liberté, sans perte inutile de ressources exige d’avoir des fondations solides, lesquelles s’acquièrent par un travail spécifique dirigé vers un objectif précis. Un entraînement nécessaire pour contrôler au mieux la situation, improviser, exceller dans son domaine quelle que soit les circonstances.
J’aurais préféré vous dire qu’il suffit juste de lâcher-prise, de méditer, d’une séance d’hypnose, d’acheter un gri-gri, mais ce serait vous mentir.
On ne naît pas champion, on le devient.
Céline Boutier l’a confié : « Enfant, je n’étais pas naturellement forte pour le golf, et même plutôt mauvaise. Donc je savais que si je voulais avoir une chance de m’améliorer, il fallait que je m’entraîne ».
La très expérimentée Glwadys Nocera confirme : « Toute ma carrière, j’ai évolué avec une préparatrice mentale. Mais attention, il faut que ça serve à s’améliorer sur un sujet précis. La maturité est aussi importante dans ce sport, tout comme la détermination. Connaissez-vous, sachez ce que vous voulez, en suivant ces directives, on peut se donner les moyens de réussir ».
Une bonne préparation pour une bonne décision
Je conclurai avec Mishima : « Le Samouraï expérimenté ne pense ni à la victoire ni à la défaite ; il se contente de se battre comme un fou jusqu’à la mort. C’est la durée de la préparation qui permet la rapidité de décision. […] Vivre, n’est-ce pas alors se préparer à ce moment de décision ? […] Il est d’une importance capitale de se discipliner soi-même, de façon à savoir agir quand sonne l’heure du destin ». Ne pensez pas à la victoire ni à la défaite : entraînez-vous à jouer juste.
L’ALBATROS, PARCOURS DE VIE
Cet article est un extrait digest de l’ouvrage L’Albatros parcours de vie*
Quel que soit votre niveau (du débutant au pro), n’hésitez pas à contacter Jean-Christophe Buchot, coach en stratégie et optimisation des performances, pour des accompagnements spécifiques : jcbuchot@albatros-coaching.fr
* L’Albatros, parcours de vie, aux éditions Amphora, par JCh Buchot, avec le soutien de la ffgolf. Plus d’infos sur : albatros-coaching.fr
Précédemment
Votre progression dépend de votre approche stratégique et psychologique sur le parcours, c’est pourquoi nous vous invitons à considérer chaque parcours de golf comme un voyage initiatique.
Et ce voyage, nous vous proposons de le faire sur le parcours mythique du Golf national, l’Albatros, en retrouvant ici les épisodes précédents :
Épisode 1 : EN AVANT – Prendre son élan
Épisode 2 : L’APPONTAGE – Trouver sa mission
Épisode 3 : LE MÉRANTAIS – Trouver son élément
Épisode 4 : CHATEAUFORT — Trouver sa force
Épisode 5 : PLEIN GAZ – Trouver sa passion
Épisode 6 : MAÏS ET COLZA – Trouver ses racines et ses ailes
Épisode 7 : LE DROMADAIRE – Devenir heureux avec son Je.u
Épisode 8 : GREEN-KEEPER — Devenir compétent inconscient
Épisode 9 : VENT DEBOUT — Jouer en mode sans échec
Épisode 10 : LA MARE AUX FOULQUES – Mieux se préparer pour aller plus loin
Episode 11 : LES GRENOUILLES – Engranger du positif avec Patricia Meunier-Lebouc
Épisode 12 : LE GOULET – Performer sur le parcours et au-delà
Cet article est un extrait digest de l’ouvrage L’Albatros, parcours de vie*
Quel que soit votre niveau (du débutant au pro), n’hésitez pas à contacter Jean-Christophe Buchot, coach en stratégie et optimisation des performances, pour des accompagnements spécifiques : jcbuchot@albatros-coaching.fr
©JCH.BUCHOT – 2022