Imaginé dans les années 20 « sous les pins tranquilles » selon les mots du poète, le golf d’Hossegor demeure un des plus beaux golfs de France : à son charme basco-landais s’ajoute un je ne sais quoi de british surement dû à la patte de l’architecte anglais John Stanton Morrison, tant apprécié par les 950 membres du club et par les fidèles hôtes de passage.
Un hommage à tous les directeurs et directrices
à travers un directeur qui part à la retraite
L’actualité nous offre l’occasion d’y revenir aujourd’hui. À l’occasion de son changement de directeur, Golf Planète a choisi de rendre un hommage, à travers Christophe Raillard qui prend sa retraite, à tous les directeurs de golf qui se battent au quotidien pour faire face à tant de défis divers : et d’abord faire pousser de l’herbe et maintenir une biodiversité menacée dans des conditions de plus en plus difficiles, répondre aux attentes de membres exigeants, diriger des équipes multifonctions, former les champions de demain, accueillir avec sourire, promouvoir et rentabiliser équipements et outils etc etc.
Nous ne pouvons que vous encourager à écouter le message de Christophe Raillard, emblématique figure d’Hossegor qui, avec sa famille, aura marqué l’histoire du golf d’Hossegor.
En souhaitant aussi la bienvenue à son successeur, Christophe Ges, venu du golf voisin de Moliets.
Golf Planète a rencontré d’abord Christophe Raillard au moment où il quitte la direction du golf d’Hossegor afin d’une part, de revenir sur les nombreuses années qu’il a passées à la tête de cette institution landaise et d’autre part, pour connaitre les expériences et les conseils qu’il souhaite partager avec tous ses collègues de France.
Son successeur, Christophe Ges, actuellement directeur adjoint à Moliets, nous a ensuite donné les pistes qu’il compte mettre en place après son arrivée début septembre. Portraits.
Roland Machenaud
Je pars et … j’ai l’impression d’avoir commencé hier
Golf Planète : Au moment de prendre sa retraite après tant d’années au golf de Hossegor, quelle est la première pensée qui vient à l’esprit ?
Christophe Raillard : Ma première impression est très étonnante : j’ai l’impression que j’ai commencé il n’y a pas longtemps, peut-être il y a 5 ou 6 ans, pas davantage. J’ai toujours l’anxiété de commencer ce métier et de ne pas faire d’erreur. À l’époque, en 1987, je connaissais bien le côté sportif et la gestion pour avancer dans mon métier mais j’avais aussi des manques dans la relation client ou personnel ainsi que dans l’entretien du parcours qui était mon grand point d’interrogation. Ce domaine a été mon objectif premier, d’autant que j’étais alors entouré de jardiniers aguerris en termes agricoles mais moins pointus dans le traitement spécifique d’un parcours de golf. Le golf d’Hossegor était plus proche de Charles Bouhana, le paysagiste co-fondateur du golf en 1927, que d’Alejandro Reyes qui nous conseille depuis quelques années.
GP : De quel monde professionnel arriviez-vous ?
CR : Je travaillais dans l’Éducation Nationale et je jouais dans les équipes du golf d’Hossegor. Ma première expérience professionnelle m’a aidé dans la gestion des membres. Je souhaite toutefois préciser tout de suite qu’un directeur de golf ne doit pas s’enfermer dans un discours de vérité et doit rester ouvert pour réussir. Place à l’innovation, à la progression, à l’humble remise en cause permanente sans laisser de place à l’aventure.
GP : Quels sont vos souvenirs, vos moments forts et vos anecdotes ?
CR : Dans les moments forts, je mettrais en premier l’année dernière. C’était la première fois que notre association était en danger de mort. J’étais arrivé alors que l’association du golf d’Hossegor existait : je me suis fait un point d’honneur à tout faire pour qu’elle perdure après mon départ. Le foncier appartient à la mairie mais l’association gérait le golf depuis sa création en 1927. J’ai aussi en tête que le golf ayant été fermé après la guerre, c’est grâce à M. Vacher, propriétaire à Paris des parfums Le Gallion, que le golf a pu rouvrir. L’an dernier, le contrat avec la mairie arrivait à son terme et la loi exigeait qu’on arrive à une délégation de service public. Difficile alors d’opérer quand ce type de procédure ne figure pas dans notre ADN et qu’il s’agit d’aller se battre contre des sociétés commerciales ! Du président, aux employés, au comité et aux membres, tout le monde s’est mis en ordre de bataille pour gagner la partie. À tel point que la mairie a été très sensible à notre volonté de garder le statut associatif et on a gagné cette DSP. Je considère que c’est ma plus belle victoire qui j’espère, ira au-delà des 10 ans prévus dans le contrat. Notre différence, c’est tout simplement que nous avons proposé de réinvestir l’argent que nous allons récupérer et non de faire des bénéfices. Un combat qui peut paraitre d’arrière-garde, voire pas à la mode, mais qui va, par exemple, nous permettre de refaire tout le système d’arrosage à partir de 2025. Nous sommes et restons au service unique des golfeurs. Un autre exemple : nous restons fermés le mercredi, notamment pour laisser le parcours aux 140 jeunes qui s’initient ou s’entrainent au sein de notre école de golf. Une politique que les sociétés commerciales ne peuvent proposer.
GP : D’autres souvenirs ?
CR : Il y a beaucoup de souvenirs qui mériteraient un article plus long, voire un livre. Comme cette vision au début des années 90 : trois hommes se présentant à l’accueil pour jouer. Il s’agissait de Helmut Kohl et Pierre Bérégovoy venus accompagner François Mitterrand qui allait jouer sa partie traditionnelle sur notre parcours de golf avec André Rousselet et mon oncle. Rappelons que le Président est resté membre pendant 17 ans : après avoir séjourné régulièrement à Hossegor, il avait déménagé dans sa célèbre maison de Latche qui a vu passer de très nombreuses personnalités, politiques ou culturelles.
Je voudrais aussi vous livrer une anecdote que je n’ai pas naturellement vécue mais qui mérite de s’y arrêter. En 1941, le golf situé à la limite de la zone libre et de la zone occupée, a été fermé par les armées allemandes présentes sur les lieux. Or, le colonel qui était à leur tête s’est pris de passion pour ce sport qu’il ne connaissait pas. Il a alors joué matin, midi et soir. Jusqu’au jour où il apprend que le directeur du golf, M. Kurtz, était juif. Sa décision a été rapide et définitive : il a fait fermer le golf qu’il a transformé en champ de manœuvre pour les chars ! D’ailleurs quand on a refait le golf avec l’aide de Cabell Robinson, on a trouvé, sur les trous 17 et 18, d’énormes nids de mitraillettes qui jusqu’alors nous avaient échappé.
GP : Des regrets et des fiertés ?
CR : Ma fierté, c’est ce que je disais auparavant : avoir gardé le statut associatif du golf d’Hossegor. Mon regret est lié à ce que j’ai fait plus tard : j’aurais adoré faire des études d’agronomie ! J’aurais gagné du temps et encore plus joui de mon activité professionnelle. Je ne sais pas s’il y a eu transfert mais mon fils a fait des études d’agronomie et travaille aujourd’hui comme géologue !
GP : Si un jeune aujourd’hui venait vous demander conseil pour devenir directeur de golf, quels seraient vos recommandations ?
CR : Fais des études d’agronomie ! C’est là que tu vas apprendre. Un de mes présidents, M. Pallas, disait quelque chose de très juste : « Un parcours de golf tient sur trois piliers : d’abord, maintenir une cotisation raisonnable, ensuite, faire en sorte que les membres puissent jouer quand ils le souhaitent, et enfin, avoir toujours un parcours en bon état ». Ce dernier point me parait fondamental et impose une parfaite connaissance des sols et de leur évolution en liaison avec les contraintes naturelles, environnementales et juridiques en place.
GP : Le golf a bien évolué ces 40 dernières année : comment voyez-vous son évolution future ?
CR : Je n’ai pas peur pour l’avenir du golf. Les solutions existent, notamment au niveau environnemental et il ne faut surtout pas baisser les bras. Depuis cinq ans, notre greekeeper Xavier Yvetot et son équipe travaillent en étroite collaboration avec Alejandro Reyes. Cette parfaite symbiose porte déjà ses fruits : aucun traitement sur les fairways depuis 5 ans qui sont en parfait état. Sur les greens, on est très limité : deux seulement depuis le début de l’année pour lutter contre un champignon qui arrive à cause de notre degré d’humidité. C’est comme un antibiotique : son utilisation est très rare mais nécessaire. Quant à l’eau, nous avons la chance d’avoir de grandes réserves et d’avoir un sol sablonneux et de plus, notre consommation est extrêmement rationnalisée. Notre action future qu’il serait trop long d’expliquer ici va encore nous permettre d’économiser 30% d’eau.
GP : Christophe Ges, votre successeur, est né à Hossegor et vous le connaissez bien puisqu’il était directeur adjoint à Moliets. Quels sont les messages que vous souhaitez lui transmettre ?
CR : Reste ouvert, écoute, observe, adapte-toi avant de décider. Ne pas venir avec des recettes toutes prêtes ! Et enfin, ne jamais perdre son ADN et fortifier nos écoles de golf pour que les locaux puissent toujours jouer au golf !
M’inscrire dans la continuité et me battre pour la biodiversité et le rassemblement des membres
Golf Planète : Quel sentiment vous a saisi quand vous avez appris que vous alliez revenir à Hossegor, votre ville natale, comme directeur du golf ?
Christophe Ges : À vrai dire, si je suis né à Bayonne, ma famille est originaire effectivement de Soorts-Hossegor. Cette annonce m’a procuré un immense bonheur. J’ai tout de suite pensé à toutes ces personnes du comité du golf qui m’ont aidé à progresser quand j’étais jeune, comme Bernard Barrat ou M. Aymé qui fut président.
GP : Comment s’est passée votre sélection ?
CG : Nous étions plus de quarante prétendants à ce poste. Il me semble que ce qui a joué en ma faveur est que je connais parfaitement l’identité du golf, sa raison profonde, son histoire, les gens qui l’ont fait et le font… Quand je passe ce portail du golf d’Hossegor que j’ai franchi pour la première fois à l’âge de 8 ans, j’ai toujours la chair de poule à 52 ans… Je veux m’inscrire dans la continuité de cette histoire que je veux cultiver. Il convient de se tourner vers l’avenir en sachant d’où l’on vient et ce qui a fait notre ADN. Je voudrais ajouter que ce qui a penché en ma faveur est peut-être aussi mon côté multifonctionnel : j’ai commencé, dans le golf, comme green-keeper avant de m’intéresser à tous les aspects de son fonctionnement, aussi bien de la gestion que du sport.
GP : Quelles sont les idées qui surgissent au moment de prendre la direction du golf d’Hossegor ?
CG : Je serai attaché à la défense et à la gestion de la biodiversité sur notre golf qui est un jardin au cœur de la ville. Ainsi qu’à la formation qui me tient à cœur. Cela étant dit, je dois reconnaitre que j’ai beaucoup de chance : je dois reconnaitre le gros travail effectué par Christophe Raillard qui me laisse un outil fabuleux. Pour le reste, laissez-moi un peu de temps pour rencontrer tous les acteurs de ce golf, et d’abord le personnel. Rassembler tous les membres plus souvent sera aussi une de mes priorités. Tous ensemble, nous bâtirons le meilleur avenir du golf d’Hossegor.
Trois directeurs de golf ont tenu à rendre hommage également à Christophe Raillard au moment où il part à la retraite. Il s’agit de Denis Fabre, ancien directeur de Saint-Cloud et ancien président de l’association des directeurs de golf d France, actuellement directeur général de Kalika, Claude Rousseau, ancien directeur du golf de Biarritz pendant de très nombreuses années et actuellement directeur des opérations du Club59 et Christophe Rondelé, l’actuel dynamique directeur du golf de Seignosse? Golf Planète leur laisse la parole
Cet homme généreux parle peu mais juste
J’ai rencontré pour la première fois Christophe Raillard en 1992, lors de mon premier congrès de l’Association des Directeurs de Golf de France (ADGF). Depuis ce moment-là, rares sont les mois où nous n’avons pas pris le temps d’échanger sur notre métier, sur l’activité du golf et sur la gestion de nos golfs associatifs. Entre 2006 et 2021, nous avons travaillé ensemble au sein du Comité Directeur de l’ADGF, lui en tant que Trésorier, moi en tant que Secrétaire puis Président de l’Association.
J’ai pu mesurer les compétences de Christophe, tout en appréciant ses qualités humaines et son humour 100% basque !
Au-delà de l’amitié que je porte à Christophe, à son épouse et à ses enfants, il y a deux aspects de sa personnalité qui m’ont marqué :
- Christophe parle peu mais parle juste ! Je ne compte plus le nombre de réunions où il sortait sa phrase magique : « je crois que nous allons faire une co….rie » en évoquant une décision que nous allions prendre et que nous abandonnions illico à l’issue des arguments développés par Christophe, arguments d’une grande clairvoyance,
- Christophe est aussi généreux dans la vie qu’il s’avère être un gestionnaire hors pair dans le cadre professionnel, au golf d’Hossegor comme à l’ADGF ! Le moindre virement à faire à l’attention d’un fournisseur fait l’objet d’une grande négociation : je m’en occupe, je m’en occuperai, c’est bien prévu, promis je fais ça demain, …
La profession va perdre un de ses grands serviteurs. Et moi, j’ai la chance de garder un ami pour la vie !
Denis Fabre
Nous avons renforcé la destination basco-landaise
Christophe RAILLARD fut l’une des premières personnes à m’accueillir lors de ma prise de fonction à la tête des golfs de Biarritz en 1995. Nous avons, ensemble, perpétué cette tradition visant à recevoir les nouveaux arrivants afin de nouer des relations durables entre nos clubs et partager ainsi nos différentes expériences de la gestion d’un golf.
Ce partage de savoir-faire et de savoir être à sans doute contribué à renforcer l’image de notre destination Basco-Landaise et à améliorer la qualité de nos structures.
Sa finesse d’esprit, son écoute et sa grande expérience du golf en ont fait un ami sur qui j’ai toujours pu compter et c’est avec « l’autre » Christophe (Rondelé) que les « 3 CR » (NDLR Christophe Raillard, Christophe Rondelé et Claude Rousseau) ont mené quelques batailles sur le front de la défense des intérêts de notre sport.
Je lui souhaite une retraite douce et heureuse !
Claude Rousseau
Une famille incontournable dans la région
C’est un honneur de pouvoir dire un mot pour le départ à la retraite de Christophe Raillard. Les « Raillard’s » : une famille incontournable dans la région et plus précisément à Hossegor. Christophe est un ami de plus de 30 ans : nous avons partagé de belles parties de golf, tous les congrès ADGF, des matches de l’Aviron Bayonnais et une jolie Ryder Cup. Je tiens à rendre hommage ici à celui qui a su trouver le secret de la longévité, il a piloté avec finesse et élégance le golf d’Hossegor, un bijou niché dans au cœur d’une région bénie des dieux et si chère à son cœur.
Des amis, finalement, on en a peu et c’est très bien ainsi. Celui-là, je suis certain que si nous devions aller à la guerre ensemble, il ne serait pas le premier à s’échapper !!
Je lui adresse ici un immense MERCI pour m’avoir si bien accueilli dans les Landes il y a dix ans : je repense à notre championnat du monde de l’omelette aux piments, aux ouvertures des fêtes de Bayonne et sa recette secrète pour préparer un « ginto » un excellent gin, un bon tonic, le tour de main qu’il maitrise parfaitement et de la glace bien « froide ». Un abrazo fuerte mi amigo
Christophe Rondelé