Comme annoncé plus tôt cette semaine, l’Australien Greg Norman a été nommé à la tête de la société LIV Golf Investments qui s’est engagée à développer, pour l’Asian Tour, un pool de 10 tournois d’envergure internationale par an, au cours des 10 prochaines années
La vengeance est un plat qui se mange froid. L’expression semble parfaitement appropriée aux annonces faites vendredi par le nouveau CEO de LIV Golf Investements, celui qu’on surnomme le Grand Requin Blanc, Greg Norman.
Souvenez-vous, en 1994 ce dernier, alors numéro 1 mondial, propose au PGA Tour une alliance en vue de la création d’un circuit mondial. Un concept séduisant pourtant aimablement repoussé par le boss de l’époque du grand circuit américain, le très protectionniste Tim Finchem.
Une fin de non-recevoir que l’Australien a bien du mal à digérer, à tel point qu’il n’est pas étonnant de voir aujourd’hui, soit 27 ans plus tard, son nom associé à ce colossal projet concurrent.
Ce n’est que le début
Greg Norman
Le sexagénaire a donc décidé de mettre entre parenthèses ses autres activités pour se consacrer principalement à LIV Golf, une société d’investissements financée en grande partie par le PIF (Fonds d’Investissement Public) basé en Arabie Saoudite, qui possède des actifs pour plus de 500 milliards de dollars.
Réveiller le géant
«Ce n’est que le début», a déclaré Norman dans un communiqué de presse confirmant son nouveau rôle. « LIV Golf Investments va engager d’importants capitaux afin de créer de nouvelles opportunités dans le golf professionnel à travers le monde. Nous souhaitons être un partenaire respectueux du jeu et l’annonce de notre alliance avec l’Asian Tour aujourd’hui en est le premier exemple.»
Le partenariat entre l’Asian Tour et LIV Golf devrait se traduire par la création dès 2022 d’un nouveau pool de tournois regroupés sous le label “Series” à la manière de ce que propose l’European Tour avec les “Rolex Series” .
Cependant LIV Golf tient à préciser qu’elle n’a pas pris de participations dans l’Asian Tour. Son rôle consistera à faire la promotion de la nouvelle série de tournois.
« Je suis un fervent partisan du développement du golf en Asie depuis plus de quatre décennies. L’Asian Tour est un géant endormi et nous partageons l’ambition de développer les “Series” dans le but d’exploiter son potentiel considérable . Nous considérons la promotion de ces nouveaux événements comme une première étape vitale pour soutenir les marchés émergents, en créant une nouvelle plate-forme, riche en opportunités de jeu. »
Pas un nouveau Tour…
La création de 10 tournois par an au cours des 10 prochaines années, fait partie d’un plan d’investissement total de 200 millions de dollars en dotation et en opportunités de jeu. Elle marque un tournant pour l’Asian Tour qui n’a plus réussi à organiser d’épreuves depuis le début de la pandémie en 2020.
Le circuit asiatique devrait reprendre le mois prochain en Thaïlande.
« C’est tout simplement une révolution pour nous» , a confié le commissaire de l’Asian Tour, Cho Minn Thant. «Il s’agit du plus important accord jamais scellé par l’Asian Tour. Avec cette opportunité, de 10 tournois d’envergure internationale pour 10 ans, cela nous offre la stabilité nécessaire pour répondre aux besoins des sociétés partenaires et aux demandes de nos diffuseurs.»
… mais une menace bien réelle
Cette annonce intervient après que l’European Tour ait mis fin à son alliance stratégique avec l’Asian Tour. Pendant 15 ans, les deux circuits ont co-sanctionné des épreuves organisées en Asie pour la plupart. Mais en septembre dernier, l’Asian Tour a annoncé un accord de 10 ans pour inclure à son circuit le Saudi International, qui figurait depuis 3 ans au calendrier de l’European Tour.
« Nous sommes fiers de cette collaboration mais l’European Tour avec son nouveau partenaire, le PGA Tour, a pris une décision unilatérale : le temps est donc venu de prendre des chemins différents» a déclaré Thant un brin revanchard.
Le PIF holding tentaculaire
Bien qu’aucun autre nom en dehors de celui de Greg Norman n’ait été annoncé, il se murmure que plusieurs dirigeants ont déjà rejoint LIV Golf Investments et que d’autres devraient suivre.
Le PIF qui s’est récemment porté acquéreur du club de football de Premier League Newcastle United détient des investissements dans le monde entier, notamment dans Boeing, Citigroup, Facebook, Tesla et Uber pour ne citer qu’eux.
L’arrivée du PIF, l’un des plus grands fonds souverains au monde, dans le monde du golf marque donc une étape importante mais il ne faut pas passer sous silence qu’il est également porteur de plusieurs éléments de controverse, compte tenu de sa base saoudienne.
Un pays vivement critiqué pour le non respect des droits de l’homme, en particulier en ce qui concerne le traitement des femmes, sans oublier les soupçons pesant sur la disparition du journaliste Jamal Khashoggi du Washington Post en octobre 2018.
« Je suis heureux que la base d’investisseurs soit à 100 pour cent tournée vers un objectif commercial avec la volonté de faire grandir le golf », a simplement commenté Norman. «Je suis heureux de m’associer à ce groupe d’investisseurs dans le but de fournir les importantes ressources nécessaires aux changements fondamentaux requis pour le plus grand bien du sport.»
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