Après le Tournoi des Championnes de janvier, remporté par Jessica Korda et auquel avait pris part Céline Boutier en pré-ouverture du LPGA Tour 2021, la saison féminine décolle vraiment ce 25 février à Lake Nona à Orlando.
Outre Boutier, Delacour et Herbin qui auront nos faveurs, on suivra aussi une jeune genevoise pour qui le choix du drapeau a dû être cornélien.
Avant de quitter son poste de “Commissioner” du LPGA pour prendre la direction de l’USGA, Mike Whan a concocté pour les professionnelles un programme de 34 tournois, majeurs compris (hors Solheim Cup et J.O. de Tokyo) avec une dotation de l’ordre de 76 millions de dollars… du jamais vu !
En souhaitant que ces rendez-vous aient bien lieu même sans public, mais sans reports ou annulations, nous devrions assister à une autre démonstration de la grande qualité du golf féminin que d’aucuns ont encore du mal à admettre.
Quatre passeports !
Passant en revue le champ des joueuses qualifiées pour cette saison, on note que le golf hexagonal est représenté par Céline Boutier, déjà gagnante, Perrine Delacour en bonne position au classement d’entrée de saison, et Céline Herbin.
Trois françaises sur le LPGA Tour, c’est une première. Et il s’en ait fallu d’un rien que le clan tricolore ne compte une 4e ambassadrice car même si Albane Valenzuela affiche sa nationalité suisse, elle pourrait tout aussi bien porter les couleurs des Etats-Unis (où elle est née), du Mexique (par son père) ou de … la France (sa maman). Elle dispose d’aillleurs des quatre passeports !
Brillante amateure
A 23 ans, Albane Valenzuela a volé de succès en succès dans les rangs amateurs. Elevée au golf à Genève et à Saint-Cloud, championne et internationale de suisse, meilleure amateure dans deux « majeurs », double-finaliste de l’US Women’s Amateur, classée aux J.O. de Rio, elle accumule encore quatre années de trophées et de titres sous les couleurs de la Stanford University dont sont aussi sortis Tiger Woods et Michelle Wie.
En 2019, elle obtient haut la main sa qualification sur le LPGA Tour et la voilà au départ de son premier tournoi pro aux Etats-Unis en 2020, le même dont la nouvelle édition se joue cette semaine à partir de jeudi.
Elle avait alors signé – 1 en quatre tours et alors que tout semblait bien parti pour la jeune suissesse la courbe de ses résultats s’infléchit sur les tournois suivants. Elle rend des cartes qui ne lui ressemblent pas, et détecte une douleur dorsale intrusive qui l’oblige à prendre ses distances avec la compétition. Quelques semaines plus tard, comme les circuits du monde entier, le LPGA est victime de la pandémie Covid19 et voit sa saison suspendue.
Des pépins physiques qui s’enchainent
Rentrée sous le toit familial aux Bahamas, Albane Valenzuela découvre que sa blessure est liée à une combinaison nerveuse altérée, avec un effet irradiant de la nuque aux petits doigts.
«Cette période médicale m’a beaucoup occupée, d’autant qu’à la blessure se sont enchainées une appendicite, la mienne, puis celle de mon petit frère, suivies d’un passage à l’hôpital pour soigner un problème stomacal et, pour maman, une intervention chirurgicale, le tout avant que je me retrouve cloîtrée le mois dernier (janvier) dans ma chambre, victime du coronavirus. J’étais vraiment très mal fichue et secouée avec tout ce que ça représente», nous confie-t-elle dans une grimace demi-sourire.
Je compte jouer un bon nombre de tournois cette saison
«Mais c’est derrière moi, en appréciant comme il se doit la décision prise par le LPGA Tour de ne pas tenir compte de la saison 2020 des joueuses, bonne ou mauvaise. Ainsi, je repars sur le tour en 2021, fraîche, l’esprit libre, bien entrainée le plus récemment à raison de huit heures par jour, et prête, enrichie de l’expérience vécue sur les quelques tournois disputés l’année dernière. Je compte en jouer un bon nombre cette saison, ce qu’une « rookie » est encouragée à faire, sans avoir le but exclusif d’en gagner, mais d’y être préparée. Evidemment, les majeurs sont des étapes importantes. Encore faut-il s’y qualifier. Et le premier, l’Ana Inspiration est juste dans trois semaines».
entre européennes nous sommes une force
«Le plus important pour moi, c’est le retour à la compétition. C’est retrouver mon jeu en le basant sur celui de ma période amateur, d’entente avec Alberto (le papa, coach et caddie pour les deux premières sorties). Et faire de mon mieux. Tout le reste en découlera, que ce soit une sélection en Solheim Cup (pourquoi pas) ou ma qualification aux J.O. de Tokyo pour faire suite à Rio. Si je joue bien, il est certain que j’y serai. Le coronavirus m’aura au moins appris qu’il est bon de s’occuper de la réalité d’aujourd’hui avant de penser à ce qu’il va se passer dans neuf mois. Heureusement, entre européennes, souvent croisées en tournois amateurs, nous sommes une force sur laquelle s’appuyer, telles Céline Boutier ou Anne van Dam, auxquelles j’ajoute Andrea Lee, ma partenaire américaine à Stanford.»
Un tournoi à son nom
Sponsorisée par Rolex qui ne pouvait pas snober la petite genevoise, ou Under Armour, l’équipementier textile de Jordan Spieth et de Matthew Fitzpatrick, Albane aura même un tournoi à son nom sur le circuit AJGA (American Junior Girls Association).
«Je suis surprise et hyper-heureuse d’avoir déjà un grand tournoi à mon nom, organisé le 27 mai à Phoenix avec le concours d’Under Armour et de l’AJGA. Je devrais pouvoir y être, le LPGA Tour laissant cette date libre pour le moment».
Se rend-elle vraiment compte qu’elle met ainsi ses pas dans ceux d’Annika Sorenstam et Se-ri Pak, deux légendes du golf féminin qui ont aussi parrainé ce tournoi? Bien sûr qu’elle le sait. «Exceptionnel!», s’exclame-t-elle.
Philippe P. Hermann