Figurant parmi les plus vieux parcours américains l’Augusta Country Club peut se targuer d’être le plus ancien tracé de la ville d’Augusta en Géorgie où se déroule chaque année le prestigieux Masters. Pas étonnant que l’histoire du premier majeur de la saison soit intimement liée à ce vénérable club séculaire.
Derrière le grillage, entre ronces et arbustes, on découvre le No 12 d’Augusta National, comme à travers les petits trous pratiqués dans les rideaux du théâtre pour voir la salle. Et dans le grillage, quelques ouvertures par lesquelles les resquilleurs ont eu tranquillement accès au Masters…
Avec ce grillage, seul le fameux Rae’s Creek sépare Augusta Country Club de son glorieux, mais plus jeune voisin, au coeur d’un territoire d’une nature identique au sein duquel on trouve encore, au long du No 11, un cimetière dont le vert décor incite vraiment au repos éternel.
Le parcours de Larry Mize
C’est ici que Bobby Jones est venu gagner le Southwestern Open en 1930, disputé dans ce club ouvert en 1899, pendant longtemps la base du futur tour féminin américain.
A l’époque, il recevait sur son parcours de 6160 mètres en tournoi, le fameux Title Holders Tournament, sorte de Masters pour Dames remporté par Patty Berg en 1937 ou Kathy Whitworth en 1966 pour sa dernière édition. Et c’est un jeune du club qui a écrit une autre célèbre page d’histoire, en allant remporter le Masters, en play-off sur un coup miraculeux infligé à Greg Norman en 1987.
Depuis, Larry Mize est Membre honoraire de cet Augusta Country Club dont l’histoire est racontée par des peintures, photos, trophées, manuscrits qui garnissent les couloirs de l’immense club-house rénové en 1989 dont la terrasse est aérée en été par deux ventilateurs géants.
Un bout de terrain au prix fort
Ici, on est au coeur de la Géorgie profonde dont la plupart des membres est originaire à l’inverse des trois cents d’Augusta National qui arrivent des quatre coins de l’Amérique, juste trente d’entre eux doublonnant.
Entre la Fielding Wallace House, vieille demeure ayant appartenu à l’un des fondateurs du club, muée en Pro-Shop jusqu’en 1920, et le club-house majestueux fréquenté par 1400 membres, fans de tennis compris, s’ouvre un grand parcours très empreint du style de Donald Ross dont un bout a été vendu chèrement à Augusta National Golf Club pour rallonger son par 4 trou 11 et le célèbre par 5 trou 13.
“Challenging”
Notre Donald Ross est “correctement” difficile, se plait à décrire Mike Corey, l’un des pros du club qui rappelle l’excellent coup de jeune donné récemment par Brian Silva.
De fait, on n’y souffre pas trop, même si des Pars 4 en montée frisent les 400 mètres, si le No 8 en fait plus de 540, si le No 12 est un Par 3 où l’émotion se vit toute la durée de ses 204 mètres… En point d’orgue, le green en presqu’île du No 7 dont les pentes descendent abruptement dans Rae’s Creek, la rivière-frontière entre ces deux clubs privés qui s’acceptent sans être des larrons en foire, leurs qualités n’étant pas opposables ….
Comparer deux maîtres tels Alistair McKenzie à Donald Ross est une perte de temps.
A voir et à consommer sans modération est nettement plus enthousiasment.
Philippe P. Hermann