Prêt à tout pour préserver l’intégrité de leur parcours face aux assauts de meilleurs joueurs du monde les membres d’Augusta National n’ont pas hésité à engager de profondes modifications du tracé originel par le passé et cette année encore c’est un parcours remodelé ici et là auquel les joueurs vont se confronter.
Philippe Hermann à Augusta
Les fondus de golf le savent. Les “Greenies” (appellation très perso des membres en veste verte du vénéré Augusta National Golf Club) font feu de tous leurs bois entre deux éditions du Masters.
Que leur sacro-saint parcours soit battu d’un coup ou de dix par le vainqueur, ils font la moue. Alors ils analysent, pensent trouver les parades et les mettent en place.
Depuis toujours, si l’expert devait trouver un défaut au tracé d’Alister McKenzie, récepteur du Masters depuis 1934, il dirait « Pas assez long » pour empêcher la plupart des pros du 21e siècle de voler au-dessus des chausse-trapes et de s’en moquer.
Nouvelles balles espérées
Ainsi, les “Greenies” ont-ils investi une fortune pour acheter à son vénérable voisin, le Golf & Country Club d’Augusta, un bout de terrain pour rallonger les 13 et 15 offrant chaque année un joli lot de birdies et d’eagles, fonction naturelle d’un par 5, mais sans doute un peu trop laxiste ici.
Faute de pouvoir s’étendre aux quatre coins du parcours périodiquement, les mêmes “Greenies” seront les premiers à inaugurer de nouvelles balles aux ailes coupées. Si l’idée fait toujours débat, le chantier est bel et bien ouvert dans les labos du R&A et de l’USGA, régisseurs du golf mondial.
« Nous sommes très attentifs aux discussions que le R&A et l’USGA ont entamé concernant la distance. Nous soutenons leurs efforts pour faire avancer les choses. Ce problème ne se règle pas du jour au lendemain, d’autres discussions auront lieu cet été et en attendant des décisions.» a expliqué Fred Ridley le président d’Augusta National mercredi en conférence de presse.
Caterpillar dans la lingerie fine
Dans le même temps, le programme des retouches pour ce 86e Masters Tournament a aussi concerné un trou devenu mythique pour avoir, entre autres, choisi des vainqueurs au terme d’un final en play off qui fait mal au perdant.
Ce No 11, ouverture d’Amen Corner, une suite de trois trous où tout peut arriver, où tout est arrivé et continuera à arriver, a aussi été dans l’œil du cyclone. Cette fois-ci, c’est la zone d’arrivée qui en a pris pour son grade, ce par 4 étant d’abord rallongé, pouvant maintenant être joué sur 470 mètres. C’était le par 4 le plus difficile en 2021 derrière le No 5. Ce sera sûrement le plus ardu cette semaine avec une zone de départ décalé sur la gauche pour accentuer l’effet « dogleg » et le réaménagement de l’avant-green.
Le chip de Larry
L’addition est lourde parce que le bulldozer a bouleversé le réceptacle des coups d’approche. Ainsi la position exacte du chip miraculeux de Larry Mize en 1987 face à Greg Norman est effacée, perdue dans un nouveau dénivelé du terrain rendant le bogey dorénavant plus facile qu’un birdie sur ce trou.
Et, encore en play off, Nick Faldo avait remporté le Masters 1989 (face à Hoch) et 1990 (contre Floyd) sur ce même No 11.
Mais les “Greenies” du Chairman Fred Ridley sont visiblement plus tournés vers demain sous l’impulsion de leur instigateur-chef, cheville ouvrière des interventions, comme il l’était quand il animait l’USGA, la fédé américaine. A Augusta, le passé commence toujours demain.