En prenant possession du terrain à Augusta en 1931, Bobby Jones n’envisageait absolument pas la création d’un tournoi, a fortiori le Masters. Mais les difficultés financières des débuts en ont décidé autrement trois ans plus tard…
Un simple article en date du 15 juillet 1931 publié dans un journal local remet au centre de l’actualité une légende. Fraîchement retraité des greens à seulement 28 ans, l’auteur du Grand Chelem 1930 Bobby Jones annonce qu’il investit avec un groupe d’amis une pépinière de Georgie, à Augusta, pour y construire son parcours de golf idéal sous l’appellation de l’Augusta National Golf Club.
« Mon ambition est de créer un des plus grands parcours du monde »
Modeste parmi les modestes, Bobby Jones ne l’est pas dans son ambition. Il déclare : « Je rejoins un groupe d’amis parmi les fondateurs d’un nouveau club, l’Augusta National Golf Club. Mon ambition est d’aider à construire quelque chose qui puisse être reconnu comme l’un des plus grands parcours du monde ». Son rêve deviendra rapidement réalité.
Augusta, une nouvelle destination golfique hivernale
La nouvelle fait grand bruit et augure de nouvelles perspectives pour le tourisme à Augusta. Le climat, très doux pendant l’hiver, devrait attirer une nouvelle clientèle, dont bon nombre de golfeurs. Ces derniers pourraient également faire construire des résidences secondaires aux alentours. Le nom prestigieux de Bobby Jones achèverait de les convaincre, même si le club n’est ouvert que de novembre à avril…
Premiers accrocs et premières déceptions
La crise de 1929 fait encore des ravages et l’inquiétude des investisseurs demeure. En coulisses, la construction du parcours se poursuit non sans difficultés. Plusieurs investissements prévus au départ sont d’ailleurs annulés, dont le nouveau club-house (au profit de la maison existante) et le second parcours destiné initialement aux dames.
Principal associé de Jones et véritable cheville ouvrière du club, le banquier new-yorkais Clifford Roberts compte sur la vente de lots de terrains constructibles (après l’abandon du second parcours) et sur une vague de nouveaux membres pour subvenir aux premiers besoins. Or, ni l’une ni l’autre ne donne les résultats escomptés. A titre de comparaison, le club d’Augusta dénombre, avant l’ouverture du parcours, 66 membres en 1932. Un chiffre prometteur. Deux ans plus tard, ils sont seulement 10 de plus…
Heureusement, le parcours est une réussite
Confié à l’architecte Alister MacKenzie, sous l’oeil avisé de Bobby Jones, le parcours sort officiellement de terre en décembre 1932. Les premiers avis sont unanimes : il s’agit d’un grand parcours qui sied aux golfeurs… moyens ! C’est en effet la première ambition de Jones : le parcours doit donner du plaisir à tous ses membres.
Le projet avorté d’accueillir l’US Open
Parmi les personnalités qui découvrent agréablement le terrain, Prescott Bush, président du comité en charge des tournois à l’USGA (père et grand-père des futurs Présidents des Etats-Unis) évoque la possibilité d’accueillir à Augusta l’US Open 1934. Mais pour cela, il faut que le club soit ouvert en juin et qu’il puisse accueillir un nombre important de spectateurs. Impossible.
L’idée d’un tournoi germe chez Clifford Roberts
En proie à des difficultés financières croissantes et endetté, le club doit trouver de nouveaux membres. Conscient de la publicité procurée par l’US Open, Clifford Roberts imagine alors de créer un tournoi propre au club qui puisse intégrer tous les ans le circuit du PGA. Il arrache une subvention de la municipalité d’Augusta de 10 000 $ avec une promesse incroyable, capable de rameuter les foules et… les dollars.
L’Augusta National Invitation Tournament nait en 1934
Roberts le sait bien : pour sauver son club d’une éventuelle faillite, Bobby Jones acceptera de rejouer. Après presque quatre ans d’inactivité au plus haut niveau, le champion annonce son retour mais refuse que le tournoi soit appelé de façon présomptueuse « The Masters ». Va pour l’Augusta National Invitation Tournament jusqu’à ce que le maître des lieux accepte finalement en 1939 l’appellation d’aujourd’hui.