Christian Ledan quitte Canal+ pour prendre sa retraite professionnelle. Autant le dire tout de suite, il va manquer comme des centaines de témoignages, lui rendant hommage sur les réseaux sociaux, en témoignent cette semaine.
Golf Planète l’a rencontré pour recueillir ses premières réactions au moment où notre ami Christian ouvre une nouvelle page de sa vie.
Nous le remercions d’avoir consacré à notre média ses premières déclarations d’après Canal. Et saluons respectueusement son parcours et ses projets.
À bientôt Christian !
Le verre d’eau est toujours à moitié plein
Golf Planète : Christian Ledan, après 20 ans d’antenne à Canal+, après 50 Majeurs, 40 WGC, 7 Ryder Cups et 760 tournois, vous tirez votre révérence. Une retraite qu’un mal de dos attrapé sûrement à force de regarder des golfeurs en action vous oblige à prendre aujourd’hui. Tout le monde salue vos connaissances, votre rigueur professionnelle, votre empathie, votre vision juste et toujours distanciée. Quel est votre sentiment au moment où se tourne une page importante pour vous mais aussi pour les téléspectateurs de Canal ?
C’est vrai que j’ai subi cet été une opération importante de la colonne vertébrale en S1-L5 : ça me fait au moins 1 point commun avec Tiger Woods ! Et après un lourd travail de rééducation, je peux me déplacer, travailler et surtout jouer de nouveau au golf…Mais ce n’est pas ce pépin de santé qui est à l’origine de cette décision. Cela fait quelques temps que je m’interroge sur l’orientation a donner à ma vie et à celle de ma famille…
La décision a été prise à la sortie du confinement en accord avec la direction de Canal+ qui m’a soutenu pour ce futur projet.
C’est une décision difficile à prendre surtout dans une période aussi incertaine. Mais j’ai pris des risques importants à plusieurs reprises dans ma carrière pro et je suis d’une nature optimiste : pour moi le verre d’eau est toujours à moitié plein.
GP : Comment le golf a déboulé dans votre vie ? et pourquoi avoir choisi cette voie ?
CL : Je fais partie de cette petite catégorie d’humain chanceux à vivre de mes passions depuis l’âge de 18 ans.
Je n’ai exercé que des métiers liés à mes passions.
Le golf est arrivé par hasard dans ma vie alors que j’étais dans une période de transition professionnelle. Je venais de passer 10 ans à Europe1.
J’ai tapé mes premières balles sur le compact de Baden près de Vannes…Et là miracle ! La toute première balle tapée sur tee avec un vieux fer 7 décolle et me donne le frisson…Bien entendu les suivantes ont fait du rase-mottes !
Je me suis alors jeté à corps perdu dans ce sport que je ne connaissais pas, après 15 ans passés au tennis et sur une moto de piste.
L’éducation est une des clefs majeures de nos sociétés
GP : On dit souvent que le golf n’est pas seulement un sport mais qu’il est aussi une culture, une morale, un rapport à la Nature, aux autres, à soi, etc… Votre perception du golf a-t-elle changé après tant d’années de journalisme télé ? Comment analyser son évolution ?
CL : À mon sens, l’éducation est une des clefs majeures de nos sociétés : de nombreux problèmes rencontrés aujourd’hui dans notre quotidien sont liés à l’éducation. Le Golf avec ses codes, ses règles, son éthique peut contribuer à consolider cette éducation des plus jeunes. Lors de nos opérations caritatives, nous encadrons des enfants qui découvrent le golf. Ces enfants vivent souvent dans une grande précarité, avec des codes de survie où les plus forts s’imposent. Difficile donc d’intégrer en quelques jours ces règles qui régissent notre sport. Et pourtant, à chaque fois, quelque soit le pays et la culture, ces enfants non seulement acceptent les règles mais se les approprient. C’est toujours très étonnant.
Larretche, Levet, Calmels, Tarnaud, Barquez, Farry, Sandrine Mendiburu…
GP : Au moment de quitter le micro, quels sont les grands moments que vous retenez ? Les hommes et les femmes qui ont marqué votre parcours professionnel ?
CL : Il y a eu tellement de bons moments. De très beaux souvenirs avec les pros consultants, des plus anciens aux plus jeunes. De mes débuts avec Dominique Larretche à PathéSport jusqu’à mon dernier tournoi avec François Calmels, ces Ryder Cup vécues avec Thomas Levet, ces semaines anglaises a Wentworth avec Fabrice Tarnaud, nos moments inoubliables à Évian avec Sandrine Mendiburu, les fous rires avec Patrice Barquez, les directs au Maroc avec Marc Farry etc. Je ne pourrai pas tous les citer mais ils ne m’en voudront pas car nos souvenirs restent gravés à jamais.
GP : Comment a évolué la pratique du journalisme sportif ?
CL : Par définition le sport a la TV se vit en direct et il n’y a rien de plus excitant pour un journaliste que le direct. Mais le revers de la médaille, ce sont tout ces imprévus liés a l’instantanéité. Les fameux aléas du direct !
Il faudrait un ouvrage de 300 pages pour raconter ces aventures épiques du live pendant ces 20 ans.
Il faut aussi juste garder en tête que les équipes techniques à Canal font des miracles régulièrement sans que les abonnés ne s’en aperçoivent.
Accompagner les plus jeunes et savourer la vie !
GP : Quels sont les objectifs que vous vous fixez pour les années à venir ?
CL : Pour mes objectifs dans les années à venir, le cap est défini et les choses sont très claires dans mon esprit. Plus de temps pour transmettre, partager et accompagner les plus jeunes aux côtés des ONG avec lesquelles je collabore depuis longtemps.
C’est une évidence, l’avenir se construit avec les enfants : l’éducation et les valeurs que l’on transmet…Pour moi un engagement salutaire.
GP : Un dernier message aux golfeurs de France ?
Le golf est le sport de toute une vie. Chaque instant est à savourer…même dans une mauvaise journée.
Il faut toujours se rappeler qu’il y a pire que de mal jouer, c’est de ne pas jouer !
Son dictionnaire amoureux du golf
Ma définition du golf : Humilité et patience
La personne possédant la meilleure culture du golf : Pierre Bechmann
Mes trois plus beaux parcours : Augusta National, Kingsbarns et Leopard Creek
Mes trois partenaires de jeu pour les jouer : Tiger Woods, Bobby Jones et Seve Ballesteros
Le joueur pro le plus talentueux : Victor Dubuisson
Le joueur pro le plus sympa : Nicolas Colsaerts
Le coup de golf qui reste dans ma tête : putt de Martin Kaymer à Medinah (Ryder Cup 2012)
Mon Panthéon français : Arnaud Massy , Gaëtan Mourgue d’Algue et Catherine Lacoste
Mes jeunes espoirs : Agathe Laisne, Jeong Weon Ko et Adrien Pendaries
Mon meilleur souvenir : ma première fois à Augusta
Mon pire souvenir : Monday finish Ryder Cup 2010
Mon regret : Aucun
Mon rêve : Jouer sous le par
Propos recueillis par Roland Machenaud. Photos DR
L’émouvante vidéo humanitaire de Christian et de sa femme Nathalie
« Les jeux autrement » : Christian et sa femme Nathalie Lopez ont réussi un pari impensable à Rio : inviter des gosses des favelas dans un golf chic de la ville brésilienne.
Regarder ce témoignage qui offre un premier aperçu des actions que notre ami journaliste et son épouse comptent multiplier dans les années à venir.