Les mots commencent à manquer pour ajouter à la saga Woods un nouveau chapitre qui soit original. Il «n’a joué que 71» au premier tour du 86e Masters Tournament, mais il éclipse les bonheurs ou les aléas des 91 autres concurrents. Miracle, résume-t-on.
S’il n’est pas le bon dieu, il en est le saint le plus proche à voir la dévotion que lui témoigne le public, bien sûr, mais encore la presse la plus circonspecte qui soit quand il surnageait dans ses problèmes familiaux, son divorce, ses fréquentations féminines, ses portraits policiers de face et de profil, son visage de boxeur tuméfié.
Les journalistes américains, tous supports confondus, en remettaient une couche à la suite de sa grave sortie de route en Californie.
Messieurs-Dames pissent-vinaigre, laissez-vous aller avec votre PSG et foutez la paix à notre petit monde. Il sait tourner sans vos avis quand il n’y a rien à voir, n’y rien à dire.
Retour miraculeux
Flirtant avec la mort, menacé de perdre la jambe droite, les lignages, les commentaires, les tables rondes des experts, levaient un peu le pied heureusement, retrouvant un brin de décence. C’était il y a quatorze mois.
Reviendra, oui, pour jouer les potiches, disaient-ils. Reviendra pas et jouera les potiches, avouaient d’autres.
Dans de telles circonstances, il y a, le plus souvent, chez le journaliste “amerloque“, un “commitment“ tempéré par des questions de couleur. À tort.
Pour preuve, ces deux joueurs afro-américains qui, non seulement jouent le Masters, mais s’y prennent bien. Comme Cameron Champ, dans le par à l’issue du premier tour, et Harold Varner III, 71 comme le Tigre…
Sang et sueurs
Aujourd’hui, Tiger Woods touche les dividendes d’un exceptionnel tempérament de battant acquis sous la sévère baguette de son béret vert de père.
Avec quels moyens personnels a-t-il pu redonner vie à une jambe aux multiples morceaux recollés (dont l’image vaudrait une fortune au photographe indélicat) son swing d’école perdant cette assise fondamentale ?
Bien sûr, une fois les étapes chirurgicales passées, il y a eu ostéo et physio à gogo, practice à outrance, vidéo sur vidéo. Un petit jeu retrouvé et un putting sans trop de reproches, il était sur le bon chemin de Compostelle. Manquait Lourdes…
Clopin-clopant
Une paire de chaussures faite à son pied, un réétalonnage du swing, une puissance quelque peu réduite, une efficacité plus qu’acceptable malgré une marche un peu éclopée dès le départ, mais plus visible en fin de parcours, le Tiger nouveau est parmi nous et jusqu’à dimanche.
Ce n’est pas la première fois que quatre coups le séparent du leader après le 1er tour. La dernière fois, c’était en 2019. Il avait gagné.