Le Waste Management Phoenix Open, avec un record de plus de 700 000 spectateurs en 2018, est non seulement le tournoi de golf le plus déjanté au monde mais aussi le plus fréquenté. Pourquoi ce coin désertique d’Arizona polarise autant ?
Le Waste Management Phoenix Open 2021 n’a pas été une édition comme les autres. En raison des restrictions COVID, 25 000 spectateurs à peine ont assisté à la victoire de Brooks Koepka. Si ce chiffre ferait péter les bouchons de champagne de nombreux tournois professionnels, du côté de Scottsdale, la fête avait tout l’air d’un concert de Patrick Fiori dans un bouge de l’Iowa.
Un nombre record de spectateurs
Quatre pelés et un tondu avinés, au regard des affluences record que ce tournoi PGA ne cesse de produire… En 2018, les organisateurs ont dénombré pas moins de 719 179 spectateurs sur toute la semaine ! Si ce chiffre doit être pondéré par le fait que le lundi et le mardi l’entrée est gratuite (50 000 en tout), il s’agit tout simplement de la plus grosse affluence jamais enregistrée pour un tournoi de golf. A titre de comparaison, les Majeurs ne dépassent pas les 250 000 fans…
J’adore cet événement golfique, j’y vais toutes les nuits…
Une spectatrice
Mais alors, comment ce grand bout de désert surnommée “The Valley of the Sun”, à quelques encablures de Phoenix, capitale de l’Arizona, réussit-il à drainer autant de monde ? Une spectatrice répond avec la spontanéité d’un index 54 : « J’adore cet événement golfique, j’y vais toutes les nuits ». Oui, la majorité vient pour s’amuser et profiter de toutes les manifestations prévues autour. Mais d’autres raisons expliquent ce phénomène.
Une identité historique
Lancé véritablement en 1939, le tournoi – alors Phoenix Open – a toujours su attirer les plus grands champions. Tous y ont brillé par leurs résultats, à l’exception notable de Tiger Woods, peu friand de l’endroit malgré une 3e place en 1999 et un trou en un mémorable en 1997 (vidéo ci-dessous).
Depuis son déménagement en 1987 au TPC Scottsdale, le tournoi a vu son nombre de spectateurs passer, en 35 ans donc, de 257 000 à 700 000…
Le Coliseum
Complété en 2011, le stade qui encercle le fameux par 3 du trou 16 a une capacité approximative de 17 000 personnes. L’enceinte demeure bien sûr l’innovation majeure qui a permis au tournoi d’atteindre une nouvelle dimension. Les 275 loges, louées très chères aux sociétés (11 000 $ par jour), permettent de conjuguer ferveur et business.
Des exploits sportifs à la pelle
Outre le fameux trou-en-un de Tiger Woods en 1997, huit autres golfeurs ont réalisé cet exploit. Le dernier en date : Francesco Molinari en 2015. Le plus extraordinaire demeure celui réalisé sur le trou suivant, le 17, un par… 4 : en 2001, l’Américain né à Paris Andrew Magee y réalise un albatros ! Le seul trou en 1 de l’histoire du PGA Tour sur un par 4
Une organisation particulière
L’organisation est gérée par un club d’affaires composé de bénévoles – les Thunderbirds – qui ont su optimiser au fil du temps l’attractivité du tournoi. Ses statuts prévoient, entre autres, que son président, appelé “Big Chief”, soit élu pour un an seulement. Ainsi, chacun est extrêmement motivé de faire mieux que son prédécesseur en apportant des solutions innovantes.
Un climat optimal
Début février, le désert d’Arizona affiche des températures idéales en hiver, 20° en moyenne. Le soleil et la chaleur sont quasiment toujours au rendez-vous. Sauf en 2011, où le gel s’est invité dans la partie avec plusieurs reports à la clé. Résultat : chute de 30 % de la fréquentation avec quand même un total de 364 555 spectateurs !
La concurrence bénéfique avec le Super Bowl
Depuis 1973, le tournoi se joue le week-end du Super Bowl, l’un des événements les plus suivis aux Etats-Unis. C’est la raison pour laquelle, le samedi est beaucoup plus couru que le dimanche, jour de finale. A la télévision, les audiences du tournoi ont bénéficié du phénomène d’aspiration qui l’a rendu encore plus populaire. Sur place, l’ambiance festive du Super Bowl déteint d’autant plus que la finale de football américain s’est jouée deux fois en Arizona !
Le Birds Nest
C’est l’endroit où 8 000 fans et plus se retrouvent tous les soirs pendant 4 jours pour assister à un concert. De 1987 à 2000, la scène était érigée aux abords du trou 18. Mais les plaintes pour ivresse et tapage nocturne ont contraint les organisateurs à la déplacer quelques kilomètres plus loin…
Un public jeune et vieux
L’Arizona connait depuis 40 ans une croissance démographique sans précédent. L’Etat est aussi devenu un Eldorado pour retraités qui apprécient le climat et les nombreux parcours à disposition. Moins connaisseurs et surtout plus bruyants, les jeunes issus essentiellement de l’université débarquent pour faire la fête, boire, brailler et supporter l’idole locale Phil Mickelson.
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