Rameutés par la promo, ceux qui ont dédié au petit écran ou à internet un bout de leur sommeil samedi et dimanche derniers pour Charlie, les onze ans de Charlie, le swing de Charlie, les ressemblances de Charlie, le père de Charlie, l’eagle de Charlie, l’interview de Charlie, sont peut-être restés interloqués.
Si vous avez loupé le rendez-vous nocturne, n’en soyez pas malheureux. Sachez alors que la télé made in USA faisait la part belle à l’arrivée de Charlie Woods, fils de Tiger, sur les 36 trous du PNC Championship à Orlando, tournoi disputé par des paires d’une même famille tels les duos (papa-fiston) Kuchar, Daly, Singh, Woods ou les Thomas, vainqueurs d’un trophée tout plein de dollars.
Tiger éclipsé
Le weekend dernier donc, la presse et la télé étaient du rendez-vous, collant aux basques de Charlie Woods, lâchant pour une fois la grappe à papa Tiger, pour nous faire voir, sous toutes les coutures et tous les ralentis, un gosse de onze ans taper la balle. Bon, il sait le faire et bien, habillé d’un swing photogénique comme daddy. Mais de là à nous le passer et repasser sur des heures de direct, ça peut fatiguer.
La supplique de Frittelli
Le compte officiel du PGA Tour a posté 23 tweets à propos de Charlie Woods soit deux de plus que les 21 qui ont relayé la victoire de Dustin Johnson au Masters. Pour rappel, DJ est un adulte membre du PGA Tour et numéro 1 mondial.
Une disproportion qui a provoqué une réaction du Sud Africain Dylan Frittelli sur les réseaux sociaux toujours. “Svp, laissez une chance à Charlie de vivre une vie normale.” supplie le vainqueur du John Deere Classic 2019.
Under 13 très en dessous du par
Ma télécommande a chauffé pour trouver des images plus rafraichissantes. Le Tour Championship du LPGA, tournoi de clôture d’une saison bizarre, tombait à point, indécis jusqu’au 72e trou, remporté par la No 1 mondiale Jin Young Ko. Autre plaisir savouré, la finale “Junior National Championship Series”, du beau golf face au PNC animé par des filles et des garçons dans deux catégories d’âge (under 13, 14-18) en tournoi officiel.
Sur un parcours de qualité très moyenne en Louisiane, les “under 13” jouaient le plomb. Ces talents inconnus plantaient les mâts pour eagles et birdies. Avec les deux images sous les yeux, certains des gosses déclassaient sans peine le petit Charlie. Sur 54 trous de ce tournoi-là, le vainqueur était un certain Nicholas Gross à -18. Ses scores: 69, 65, 64 et ce gamin n’a pas encore treize ans ! Qu’en sera-t-il à vingt?
Les gosses et le golf…
Certains sont bien prompts à décréter que cette jeune mexicaine, ou cet adolescent sont les futurs grands de demain. Le futur du golf européen, disait-on du jeune Matteo Manassero. Et rappelez-vous Lucy Li qui, à onze ans, avait joué l’US Women’s Open 2014, le plus important des majeurs féminins. Une gamine américaine au contact des stars et un talent trop vite sorti sur 78,78…
Et la voilà évanouie, jouant des tournois amateurs dont l’intérêt est moindre jusqu’aux qualifications de l’US Open 2019. La presse en faisait vite une favorite, son mélo d’histoire faisant fondre les fans. “Damn-it”, elle manquait le coche à nouveau.
On a bien cru qu’elle mettrait fin à son golf. Mais avant d’être stoppée pour une raison médicale, arrêt aggravé par l’effet Corona, son dernier faux-pas amateur à l’US Women’s Open la qualifiait tout de même pour le Symetra Tour, le 2ème circuit pro américain. Et elle n’a que 17 ans. Une bonne saison et elle sera propulsée sur le LPGA Tour 2022 comme son ainée Albane Valenzuela en 2019. La talentueuse joueuse suisse donne aussi matière à penser à ses fans, restant sans résultat notable, blessée au dos et elle aussi victime de la crise sanitaire
Cela n’étrangle pas leur ambition. Côté cour, on se gardera donc de les porter à nouveau trop vite aux nues. Côté jardin, on se mettra déjà à rêver à leur prochain trophée.
Vous y voyez une quelconque ambiguïté ? Ça pourrait devenir passionnant, bien plus que la qualité du swing de Woods Junior, faux doublon du paternel en plus souple, encore loin de voir son golf lui offrir la carrière que les pythonisses de la télé américaine annoncent.
Au golf non plus, l’habit ne fait pas le moine.
Philippe P. Hermann