Deuxième parcours de France le plus ancien, le golf de Dinard, dessiné par Tom Dunn en 1887, résiste à l’épreuve du temps. Il est encore aujourd’hui en tête de liste des parcours à jouer au moins une fois dans sa vie, parce qu’il est chargé d’histoire mais aussi parce qu’il est l’un des rares pur links de l’Hexagone.
Un charme “so british”. Les premiers pas que l’on pose sur le golf de Dinard, qu’ils soient à l’intérieur du club-house classé monument historique (un fait unique en France) ou sur les fairways sablonneux bordant les plages de la Côte d’Émeraude, vous donnent ce sentiment unique d’être sur un links. Un vrai. Il y a même un soupçon d’Iles Britanniques dans l’air…
Qu’on se rassure, à Saint-Briac-sur-Mer, là où le parcours déploie ses trous (à seulement 1,5km de Dinard), la Grande-Bretagne est bien de l’autre côté de la Manche. Mais l’influence des voisins anglais se ressent un peu partout sur le golf, dont l’histoire a commencé à la fin du XIXe siècle par la volonté d’une petite colonie d’anciens officiers de l’armée des Indes qui voulaient agrémenter leurs séjours bretons.
Club-house classé et classieux
L’histoire du Dinard-golf est longue et prestigieuse. En France, seul le parcours de Pau (né en 1856) est plus âgé. Les 18 trous sont sortis de terre, ou plutôt des landes et des dunes, en 1887, du coup de crayon de l’Ecossais Tom Dunn. Après la Guerre, le parcours a accueilli des compétitions d’envergure. Son club-house classé monument historique depuis 2015 regorge de galeries à trophées de renom (on y trouve encore aujourd’hui la coupe remportée à St Germain par l’équipe de France dames lors des premiers championnats du monde amateurs dames en 1964 ou la médaille du vainqueur du British Amateur conquise par Philippe Ploujoux à St Andrews en 1981).
La découverte du club-house de l’intérieur, avec vue imprenable de la grande baie vitrée sur les trous n°8, n°18, sur le practice et bien sûr les pages dinardaises, est enivrante. Mais pas intimidante comme peuvent l’être certains clubs britanniques “select”.
«Même si Dinard a une longue et belle histoire et une jolie réputation, c’est un golf où l’ambiance sportive prévaut, assure Gilles Paris, le propriétaire qui perpétue aussi l’atmosphère familiale des lieux (sa mère est l’actuelle présidente, son père le fut aussi). Nous mettons un point d’honneur à ce que nos membres comme les joueurs de passage se sentent à l’aise, partout.» L’accueil, on le confirme, est franchement chaleureux.
A Dinard, l’ambiance est d’abord sportive
Gilles Paris, le propriétaire
Et le parcours ? Lors de notre visite à la mi-octobre, les fairways et les greens étaient en sur-semis et n’avaient pas encore tout à fait récupéré de l’été de sécheresse. Ça ne saurait tarder. La qualité naturelle du sol sablonneux est le meilleur garant. «Les fairways seront impeccables vers la fin novembre, prévient Gilles Paris. Mais de toute façon, le jeu ici est complètement différent selon les saisons. Nos 800 membres sont habitués à cette situation, les joueurs réguliers le savent aussi.» Sur un links, mère nature décide des conditions. La météo “très bretonne” du jour nous a donc permis de goûter pleinement au charme du tracé.
Direction le parcours donc. Le tee du 1 nous tend les bras, et puis, tiens, pour améliorer encore la qualité de l’accueil, il vient de s’arrêter de pleuvoir…
Sur ce par 68, où un seul par 5 est proposé (le trou n°4), tout est réuni pour une expérience visuelle et olfactive unique. Situé dans un espace naturel “sensible”, le parcours et ses environs font l’objet de protections adaptées. Le départ du 1, “La Route”, un par 4 tout droit en léger dévers, vous met immédiatement dans l’ambiance. On est ici sur un pur “links” : les fairways sont larges, bosselés, même si les hors limites (à droite ici) sont présents tout au long du périple, les coups en aveugle sont légion, les bunkers aussi (autour de 80 au total).
Et puisque tous les trous portent un nom, on a tenu à vérifier nous-mêmes pourquoi le 3 est baptisé “Tennis”. Un court de tennis est en effet caché dans l’angle du dogleg. Notre drive s’est égaré hors limites donc. Consolation, on en sait plus sur le pourquoi du patronyme de ce par 4…
Le n°6, premier grand frisson
Le début du tracé est, disons le, la partie la moins excitante du parcours même si comme le précise Gilles Paris, “on voit la mer sur tous les trous”. L’atmosphère change complètement au départ du 6, un sublime par 4 avec vue panoramique sur la Manche. Il est régulièrement classé parmi les plus beaux par 4 d’Europe.
Premier grand frisson ! Ce dogleg droit propose un drive délicat vers un fairway étroit en contrebas, puis un deuxième coup “semi blind” vers un green surélevé. A l’image de l’ensemble du parcours, le trou est plutôt court (310m). Mais il est joué vent de face. A Dinard, il peut y avoir jusqu’à 4 clubs de vent… Alors accrochez-vous !
Un enchaînement de pars 3 enchanteurs et diaboliques
La suite du tracé est un enchantement avec notamment le trou n°12, bijou de par 3 collé près d’une plage et d’un sentier de promeneurs. Le n°13, autre par 3 avec un blockhaus près du départ (vestige de la guerre), est tout aussi plaisant et diabolique malgré des distances raisonnables (149m et 152m des départs blancs).
Cet enchaînement est typique du défi proposé par Dinard : il faut d’abord choisir le bon club selon les caprices d’Eole puis espérer que votre balle veuille bien tenir sur de très petits greens pentus…
Ici, l’art de travailler des balles basses dans le vent est plus qu’une nécessité, c’est une religion… «Nos greens ont de petites surfaces. Ils ne peuvent pas être trop rapides, car exposés au vent, mais ils sont toujours fermes», détaille Gilles Paris. On confirme, faire tenir la balle sur celui du 12 est une gageure.
Pas de jaloux au 17
L’avant-dernier trou, petit par 3 en descente, a la particularité de se jouer de la même distance pour tout le monde : seulement 91 mètres !
Avec un départ placé au pied d’un majestueux cyprès, il possède un charme fou. Enfin un trou à l’abri du vent ou presque ! Mais il n’est pas si facile à appréhender. «Il a été baptisé “Le Juge” car il a souvent été décisif dans les nombreuses compétitions de match play qui se tiennent à Dinard», raconte Gilles Paris. Le birdie semble à portée de sandwedge, mais les bunkers arrivent vite… Une sorte de “Postage Stamp“ comme le 8 de Troon
Le 18 est un par 4 plutôt aimable. Il vous conduira tranquillement au pied du club-house. Cerise sur le gâteau, une mouette (à moins qu’il ne se soit agi d’un goéland) nous a accompagné pour cette ultime remontée de fairway. Mais le birdie, lui, nous a échappé…
Cette sympathique distraction symbolise aussi, à sa façon, la richesse du parcours. Un animal, une plante, un vestige du passé, les rencontres et les surprises sont nombreuses. A Dinard, regardez votre balle mais observez aussi les alentours. Promis, ça vaut le coup d’œil.
Infos pratiques
Par 68, 5334m (départs blancs), 4770m (départs bleus)
Secrétariat 33 (0)2 99 88 32 07
Directeur : Jean-Guillaume Legros
Présidente : Marie-Christine Paris
Green fees (tarifs 2024) Haute Saison 100 Euros, Basse saison 70 Euros
Chariot manuel 7 Euros
Chariot électrique 20 Euros
Voiturette 40 Euros
Parcours réservé les samedis après-midi et les dimanches d’avril à septembre aux membres et à leurs invités.
Hôtels partenaires
– Grand Hôtel Barrière Dinard
– Castelbrac
– Le Nessay
– Emeria Dinard
– Royal Emeraude