Ivan Morris, notre ami journaliste et écrivain de golf irlandais, a réagi à chaud à la victoire de Dustin Johnson.
Il met en valeur l’équilibre de DJ, entre décontraction et concentration, qui lui a offert une victoire incontestable.
DJ : La veste verte lui va si bien !,
par Ivan Morris
La marque incontestée du n°1 mondial
Dépouillé de sa flore printanière flamboyante et des acclamations des fans s’échappant à travers les pins pour encourager les joueurs et faire battre leur cœur, j’étais certain, avant que la première balle ne soit frappée, que Augusta 2020 serait incapable de recréer la passion et l’atmosphère qu’il dégage normalement lors des neuf derniers trous du dimanche.
À première lecture, il peut même sembler qu’une marge gagnante de 5 coups et un score record de 20 sous le par reflètent un parcours de golf sans défense et un terrain surclassé. Et pourtant, c’est loin d’être le cas : dimanche, grâce à leur jeu exceptionnel, les deux galants finalistes, Sungjae Im et Cameron Smith, auraient terminé premiers ces dernières années avec un score de 15 sous le par.
Petit à petit, la capacité précise de Dustin Johnson à contrôler les approches lui a permis de s’échapper de ses poursuivants. Pas tellement en jouant sur les conditions de terrain moins fermes que d’habitude, mais plutôt en imprimant sa marque de n°1 incontesté au monde. Il était alors surprenant d’apprendre que cela faisait 18 ans qu’un n° 1 mondial ne s’était imposé à Augusta.
Les dieux du golf ne pardonnent pas la vantardise
Gagner peut sembler facile APRÈS. DJ a réussi uniquement parce qu’il a trouvé la sagesse et la concentration pour jouer serré jusqu’au bout. Hormis les bogeys des difficiles 4e et 5e trous, il n’a jamais laissé à personne la chance de le rattraper, encore moins de le dépasser. Et à la fin, un Dustin souriant a marché vers la Butler Cabin pour réclamer sa part de destinée à un gracieux Tiger Woods, qui semblait vraiment heureux de lui remettre la veste verte tant convoitée.
Mais qu’il était stupide de la part de Bryson DeChambeau, le favori excité d’avant tournoi, de prétendre que le «vrai par» du parcours était de 67 ! Un tel manque de respect a dû le hanter même s’il devait être prouvé qu’un score final de – 20 était un objectif réaliste. Les dieux impitoyables du golf tolèrent rarement une telle vantardise. La malchance a poursuivi Bryson tout au long du tournoi jusqu’à ce que l’indignité finale se produise lorsque le big Californien a perdu inexplicablement sa balle de golf sur le court par 4 du 3 au deuxième tour, pour un triple bogey… sur le trou où il avait annoncé de faire eagle au moins une fois en atteignant le green avec un bois 3 de parcours !
Visualiser le vol de la balle puis jouer rapidement
Maintenir un équilibre permanent entre décontraction et concentration, perturbé par un minimum de pensées techniques ou autres, telle est la façon dont DJ joue au golf. Pour l’instant, il est un n°1 mondial intouchable. DJ garde intacte sa propre routine : il prépare chaque coup en visualisant le vol de la balle dans sa tête puis en tapant son coup le plus rapidement possible. En comparaison, il prend un temps excessif pour étudier ses putts : mais le putting est un jeu dans un jeu, avec des procédures différentes.
Continuez ainsi M. Johnson, et en avril lorsque (espérons-le) les foules et les fleurs seront de retour, et que le parcours sera plus sec et beaucoup plus rapide, tout se passera bien.
J’imagine que pour son dîner des champions à la veille du tournoi 2021, DJ imposera une tenue décontractée et organisera un barbecue en plein air, style cow-boy. Un tel côté décontracté conviendrait à son éducation acquise en Caroline du Sud. Il a peut-être commencé à y penser et à le planifier après avoir coupé en deux le fairway du 18 avec son dernier drive.
Mais pas avant, je peux vous l’assurer !
Ivan Morris