Tous les pros enseignants PGA de France sont aussi à l’arrêt. Eux dont la vie est contacts, relations humaines, pédagogie, échanges, apprentissage d’une passion… Tout d’un coup, ils se retrouvent coupés de leur monde, sans élèves mais aussi sans revenus !
Cette semaine et la semaine prochaine, nous irons à la rencontre de certains d’entre eux et vous ferons vivre leur vie au quotidien pendant ce confinement. Vous verrez que tous, non seulement sont restés enseignants dans l’âme mais en plus, sont devenus philosophes et optimistes. Des exemples à suivre ! Sans attendre la reprise, où nous devons tous aller à leur rencontre !
Merci à PGA France pour nous avoir aidés dans notre enquête qui se poursuivra donc la semaine prochaine. GP
Élisabeth Quelhas (Polo de Paris)
« J’ai eu la chance d’avoir joué sur le circuit européen pendant 12 ans, entre 1988 et 2000, avec des amies comme Marie-Laure de Lorenzi, Corinne Soulès ou Karine Espinasse.
J’enseigne maintenant le golf au Polo de Paris depuis 14 ans en profession libérale avec une clientèle indépendante. Une clientèle très mixte, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, qui me permet néanmoins de participer encore à des tournois pros séniors et à organiser des stages à l’étranger, notamment au Maroc.
Se remettre en question et rebâtir de nouvelles relations avec les élèves
Le confinement ? Je dois dire d’abord que j’ai eu la chance de pouvoir rentrer d’Agadir le 16 mars où j’étais en stage, juste avant que les frontières ferment. J’ai d’ailleurs été mise en quarantaine ce qui m’a éloignée de mon environnement familial.
De façon générale, ce confinement m’a permis de me remettre en question, d’imaginer des réponses aux questions que pose l’avenir de notre activité, et très concrètement de mettre en place de nouvelles relations avec mes élèves. Ainsi j’ai tourné plusieurs vidéos personnalisées dans mon grand appartement et rester ainsi en relation avec eux. Je leur ai aussi conseillé plusieurs liens internet soit de leçons soit de coaching physique ou mental qui correspondaient à leurs attentes. J‘invite aussi des gens, parfois seules, à rejoindre un groupe pour des réunions sur le mental ou pour approfondir une approche de la méditation. À titre personnel, je dois ajouter que moi-même, j’ai pu me replonger dans certains livres comme ceux de Pia Nilsson et Lynn Marriott, ou comme La Bible de la préparation physique.
Les inconvénients majeurs de ce confinement se situent au niveau économique. Surtout pour une enseignante indépendante à 100% comme moi. Je ne peux même pas bénéficier de l’aide exceptionnelle de 1 500 euros car l’an dernier j’étais en arrêt maladie à la même période qui sert de période de référence.. Et je n’avais pas opté pour des assurances complémentaires. Cela me donne une leçon au moment où nous devenons séniors. C’est aussi un conseil que je donne à mes amis qui hésite à prendre des assurances complémentaires : ne plus hésiter !
Mon message final ? On a la chance de vivre dans un environnement exceptionnel. Il faut espérer que nous reprendrons vite ce rythme, dans les conditions sanitaires qui nous sera demandé. Et qu’un maximum de golfeurs se tourneront vers leurs pros pour mieux vivre leur passion en faisant vivre leurs enseignants qui aujourd’hui, sont à l’arrêt… »
Frédéric Legall (Cognac)
« À 42 ans, je viens d’entamer ma 17e année au golf de Cognac : j’avais auparavant été formé au golf de Saint-Cloud avant de m’installer en Charente. J’y suis salarié pour le côté école de golf et libéral pour la partie indépendante.
Je vis bien cette période de confinement parce qu’il y a des aspects très positifs alors que nous sommes en pleine crise sanitaire et que nous ne sommes pas touchés. Nous en profitons pour se recentrer, pour avoir une vie familiale épanouie, pour faire des choix pour se former et s’informer : il y a de quoi faire plein de choses que nous n’avons pas le temps de faire dans l’année à cause de la charge de notre métier. Par exemple, en ce moment, je refais notre site internet (look, contenu, lisibilité), je repense l’organisation de nos cours, je fais des mailings, je réponds aux questions que mes élèves me posent par mail et j’analyse les vidéos qu’ils m’envoient. Je prépare aussi des cours en vidéo. Et je m’inspire de gars comme Jeremy Maurio que je vois sur FB. Je me suis plongé dans le livre sur Tiger Woods.
Un confinement bénéfique !
Effectivement, la question économique est aussi au cœur des échanges avec mes collègues de la Ligue. Je dois dire que nous avons la chance d’avoir pu facilement bénéficier de l’aide de l’État de 1 500 euros que j’ai perçue en mars et qui devrait être renouvelée en avril. Et puis on s’organise, on repousse certains crédits et on recalcule sa trésorerie. Je dois dire que de manière générale, tout se passe bien. Restons optimistes et évitons tout stress ! Notre parcours de Cognac est en parfait état et bientôt, nous le refoulerons enfin et gouterons encore davantage le plaisir de notre passion ! »
David Gainet (Maisons Lafitte) :
« Depuis 3 ans, je travaille comme salarié au Golf de Maisons Lafitte pour une société qui s’appelle Alliance Coach. Nous avons un 9 trous ainsi qu’une structure d’enseignement complète qui emploient 5 enseignants. Notre école s’occupe aujourd’hui d’une centaine d’enfants et de 140 nouveaux golfeurs. Personnellement, J’ai 59 ans et j’ai connu à peu près tous les types de golfs en France : privés, commerciaux, associatifs, hôteliers…
Je suis confiné à la maison avec ma famille. Ce n’est pas un choix personnel mais je dois dire que tout se passe bien. J’ai la chance d’avoir une maison avec un jardin. Évidemment mes élèves me manquent car j’aime communiquer avec eux, ce qui est la base de notre métier. J’ai gardé des liens avec eux en réalisant des petites vidéos sur le grip ou le physique, par exemple. Alliance Coach a aussi une chaine Youtube qui met en ligne différents programmes de formation. On prépare aussi la rentrée avec de nouveaux produits golfiques : je suis ainsi entrain d’inventer un jeu qui sera principalement dédié au petit jeu et qui s’adressera aussi bien aux débutants qu’aux joueurs confirmés.
J’ai de la chance et j’attends patiemment la reprise
Mais je profite aussi de ce temps calme pour me perfectionner aussi à titre personnel. Étant intéressé par le physique et la physiologie, j’avoue avoir été séduit par un livre intitulé « Tout ce qui ne vous tue pas » écrit par Scott Carney, un journaliste américain. Une réflexion qui apprend aux hommes à redevenir des hommes : la méthodologie aborde aussi bien la respiration que la diététique, le quotidien que l’entrainement sportif. J’ai relu aussi le livre des célèbres pros Nilsson et Marriott : « Chaque coup doit avoir un objectif ».
Par ailleurs, depuis de nombreuses années, je suis une discipline stricte. Je me lève de bonne heure, vers 6h du matin, et je pratique 30 mns de yoga, méditation, musculation, gym, à tour de rôle… Avec le confinement, mes séances matinales durent parfois 2 heures… Sans compter, l’entrainement à proprement parler dédié au golf, qui tourne autour du mouvement du swing, de l’alignement et du petit jeu.
On ne peut pas ne parler de l’aspect économique qui concerne cette période de confinement. Je dois dire que, là aussi, j’ai beaucoup de chance car comme salarié, j’ai pu bénéficier du chômage partiel et je reçois 87% de mon salaire. Et comme on dépense beaucoup moins pendant la crise, tout va bien ! Maintenant, il va falloir mettre les bouchées doubles quand la reprise sera là. En respectant les gestes barrières car le virus sera toujours là. La difficulté viendra de ces obligations qu’il faudra évidemment respectées : notre métier est un métier de communication, de proximité, de rapport humain et de contact. Va falloir manager tout ça !
Il faut espérer que nos élèves présents et à venir ne sont pas trop touchés économiquement et qu’ils viendront vite nous revoir au practice pour des leçons de reprise ! »
Et comme cadeau de David, une très intéressante et originale leçon physique, utile et pas si simple. À faire avec une simple feuille de papier !!