Cédric Plessis revient de Norvège où il a réalisé un rêve : jouer le parcours des Lofoten, une perle perdue sur une ile du grand nord du pays. Photographe, le responsable communication de LeClub Golf nous en a rapporté un reportage personnel et émouvant qui nous incitera à partir un jour à la découverte de ce bijou norvégien. Récit.
RdM
Gravé pour toujours dans votre tête
Je ne sais plus très bien si le rêve de visiter les îles Lofoten avait précédé l’envie de jouer le parcours Lofoten Links. Ma première visite en Norvège remontait à 2016 : j’y avais découvert les fjords majestueux entre Stavanger et Alesund.
Pour ceux qui l’ignoreraient, les îles Lofoten sont un archipel se situant en mer de Norvège, au large de Bodø et au nord du cercle polaire. Pour ce séjour attendu, nous nous étions posés dans l’ile de Vestvagoy sur les bords du lac Innerpollen idéal pour visiter les Lofoten jusqu’au port de Å le plus méridional de l’île.
Le parcours rêvé par la famille Hov et crée par Jeremy Turner(1) est un voile imprimé de greens, de fairways et de bunker posé sur la lande qui borde la mer de Norvège.
M. Tor Hov dont le village porte le nom a eu l’idée géniale d’y créer un golf en 1991, un ami revenant d’Ecosse lui ayant fait part des grandes ressemblances entre les deux pays. Dès 1992, il prend contact avec l’architecte Jérémy Turner (1).
Il faudra attendre 1997 et la poursuite du rêve de son père pour que Frode Hov lance la construction du parcours qui comptera 6 trous puis 9 trous en 2010.
Enfin en 2015, le 18 trous était inauguré.
Dans la vie, un golfeur jouera une grande partie de son temps au golf mais, plus rarement, l’occasion lui sera donnée de jouer « des parcours de golf ». Au Lofoten Links, on ne joue pas au golf : on joue un parcours qui restera à jamais dans votre esprit.
Vendredi 18 août, l’espoir d’un jour sans fin
Cela fait déjà 4 mois, que mon départ est réservé mais c’est uniquement 15 jours avant que j’ai commencé à m’intéresser à la météo… Même si on est au moins d’août, les Lofoten vous réservent des conditions climatiques très aléatoires (entre 13 et 20 degrés) et une couche nuageuse très basse, voire un petit crachin comme on en connait en Bretagne (je sais, je suis Breton !…).
On a beau avoir parcouru internet dans tous les sens pour prendre des infos sur le Lofoten Links, visionner des vidéos, lu des articles, rien ne remplacera le choc de prendre la route vers l’île de Gimsoy avec au loin le mont Hoven et ses 368 mètres derrière lequel se cache le parcours créé par Tor et son fils Frode.
Arrivé au bout de l’île, il faut prendre à gauche et longer la mer avec toujours, telle une mire, le Mont Hoven.
Quelques minutes suffisent pour commencer à apercevoir des zones plus claires que la lande hostile et rocheuse mais si belle protège jalousement. Plus on avance, plus le parcours se dévoile : un drapeau qui flotte, un long fairways qui descend vers la mer de Norvège, un tee de départ surplombant un étroit fairway, un green caché à moitié par des roches noires…
Soudain, sur la gauche, quelques baraquements gris sur lesquels s’appose le logo du Lofoten Links. Une terrasse entourée de chariots de golf borde le long de la mer.
Oui ! Nous sommes bien au Lofoten Links, d’une simplicité brutale tant on pourrait s’attendre à un majestueux clubhouse tel qu’on en trouve en Ecosse ou en Irlande, comme symbole de siècles d’histoire du golf.
Au Lofoten Links, c’est la simplicité, la convivialité, le calme qui impriment vos neurones de golfeur tout excité. Afin de faire retomber le palpitant, nous prenons un café bien à l’abri car un petit crachin et une légère brise règne dehors. Trente minutes avant mon départ, mon bonnet « Lofoten Links » enfoncé jusqu’aux oreilles, je pars taper quelques balles et prendre le chemin de Tore Hjort (par 4 de 287 mètres départ 55).
12h00 : départ pour 4 heures qu’on voudrait transformer en éternité
Juste avant mon départ, je suis allé taper quelques balles au practice face au mont Hoven qui ne me quittera plus du regard durant toute la partie.
Trois amis, certainement des membres du golf, s’y entraînent avant leur départ de 12h. J’aurais pu profiter de leurs conseils pour découvrir le golf mais je voulais me retrouver seul avec le parcours et égoïstement, j’ai écourté ma séance pour aller vivre, seul, en immersion, le Lofoten Links.
Tee 1, Tore Hjort : Retenir son souffle puis driver
Que ce soit au 1 ou au 12, vous pourrez vous prendre pour un dieu du golf en jouant des départs T61. Pour le trou 1, il faudra survoler la mer et poser votre balle sur un étroit fairway et sur le trou 12, jouer un coup de départ de 222 mètres pour espérer toucher un minuscule green défendu par un bunker et la lande rocheuse tout autour.
Jouer au golf devient très vite secondaire tellement vous êtes emporté par un tourbillon de sensations : la vue sur la lande, la mer, la montagne. Les odeurs de la flore mêlée à celle de la mer de Norvège. L’air frais qui s’engouffre au départ du 1, du 2, du 3 ou du 16.
Puis à l’abri du vent sur le 11, marchant sur l’herbe tendre, le silence vous enveloppe et vous êtes perdu dans vos pensées sans vous soucier du score.
Vous relevez la tête et Hoven veille toujours sur vous. Au Hull 10, vous aurez le choix de continuer votre partie ou partir à l’ascension de la montagne aux pieds des greens.
Hull, mot norvégien qui signifie trou
Le parcours impressionne par ses fairways étroits tantôt bordés d’un rough épais parsemé de rochers jaillissant de terre ou bien longeant la mer et ses plages de sable blanc. Les fairways sont tourmentés comme votre esprit le sera pendant 18 trous. A chaque départ, les sensations s’enchaînent : aspiré vers la mer de Norvège, à l’aveugle vers la montagne Hoven, vous retiendrez votre souffle à chaque coup.
Au Lofoten Links, le driver n’est pas roi : la précision et un jeu de fer solide sauront vous sortir des pièges invisibles. Si vos approches trouvent les greens, ne vous laissez pas envouter par les douceurs des pentes et tentez de trouver le bon chemin jusqu’au trou.
Je ne vais pas vous raconter chaque coup et vous décrire chaque trou du parcours mais sachez que Arholmen, Skuvingan, Storknubben, Småhaugan, Hoven ont été mes meilleurs amis et que Hovsflesa m’aura fait perdre la tête.
Au départ du 18e trou, Alkosletta – qui signifie plaine de bord de mer -, on perd son regard sur la mer qui borde le fairway. Surtout prendre son temps, ce temps qui se perd sur les 329 derniers mètres. Hoven est droit devant nous, il nous attend pour nous recueillir une dernière fois avant de quitter ce lieu presque imaginaire.
Cédric Plessis
Plus d’infos : cliquez ici
- Pour une sortie sur des chevaux islandais, un sauna, un bon restaurant de produits locaux… une seule adresse : ici
- Profitez d’être au Lofoten Links pour vous programmer une belle randonnée : Hoven sur Gimsøy avec une vue impressionnante à 360 degrés du haut de ses 368 mètres. Très belle vue sur la mer, la plage de Hovsvika et les montagnes environnantes. Par temps clair, les îles de Vesterålen sont visibles de l’autre côté de la mer au nord-est.
- Midnight Sun Golf : De la mi-mai au début du mois d’août, vous pouvez jouer au golf 24 heures sur 24 ! Combien de parties pouvez-vous jouer ? Venez le découvrir et voyez si vous pouvez battre le record mondial Guinness détenu par Michael McMeekin pour 30 heures de jeu consécutives ! Un de nos invités a également joué 7,5 parties en 24 heures !
- Compétition : Les Nuits Blanches du Golf en Norvège. Si une seule partie ne suffit pas, vous pourrez profiter des lodges tous orientés vers le nord et la vaste mer de Norvège, vous pourrez admirer le soleil de minuit (de fin mai à mi-juillet), les aurores boréales (de fin août à fin mars) et les couchers de soleil de rêve sur la plage.
Sachez aussi que le Lofoten Links n’est pas le plus septentrional des golfs de Norvège. Quelques autres golfs toujours plus au nord : Bleik Golf Course, Harstad Golfklubb, Midt-Troms Golfklubb, Tromsø Golf Club, Alta golfklubb (le plus au nord de tous).
Viktor Hovland récent vainqueur du BMW Championship y tient le record de 63 sur ce par 71
(1) – Jeremy Turner : architecte reconnu en Norvège avec les golfs de Notteroy classé (9ème) Moss et Rygge (12ème) ou Vestfold 15ème
Pour y aller :
Option 1 :
Vol Paris (Roissy) – Oslo – Narvik (environ 3h40)
Location de voiture à Narvik
Narvik – Lofoten Links (3h50)
Option 2 :
Vol Paris (Roissy) – Oslo – Bodo (environ 3H40)
Ferry de Bodo à Moskenes (3 heures de traversée) prévoir location à de la voiture à Bodo
Moskenes – Lofoten Links (2 heures de route)
Greenfee : à partir de 125 euros à 170 euros (non-résident au Lodge)
75 à 120 si résident aux Lodges)
Location de club (très bonne qualité Titleist TSI 2 et 3) : autour 40 euros
Hébergement : Compter pour 2 nuits (villa deluxe + pdj + 3 green-fees + location de club) autour de 1300 euros en Mai 2024
Bon voyage !