Le Maroc est devenu, en quelques décennies, la destination golf préférée des Français : qui n’a pas fait un saut à Marrakech pour jouer un des ses parcours ensoleillés sur fond des montagnes enneigées de l’Atlas avant de goûter à sa cuisine parfumée et de se balader dans des souks achalandés et colorés ? La gentillesse de l’accueil et l’imbattable rapport qualité/prix étant des garanties indéniables.
Voilà quelques mois, l’Office Royal de Tourisme Marocain m’a proposé de faire découvrir le Maroc à des collègues européens membres de l’association européenne des journalistes de golf EGTMA dont je fais partie. J’ai accepté avec plaisir d’organiser ce voyage et de choisir un itinéraire original, entre Histoire et nouveauté sur la côte atlantique.
C’est ainsi qu’avec des amis journalistes d’Ecosse, Irlande, Espagne, Tchéquie, Angleterre, Belgique et France, avec aussi une journaliste américaine en guest friend, nous venons de passer une semaine dont nous recommandons fortement l’itinéraire à ceux et celles qui voudraient découvrir des parcours de premier plan dans un Maroc plus secret et plus discret que la bruyante Marrakech.
Après avoir atterri à Casablanca, cet itinéraire nous a conduits de El Jadida, à Bouznika puis à Rabat et enfin à Tanger.
Juste avant de vous présenter le compte-rendu de ce périple sportif, amical et touristique, je voudrais rappeler quelques informations sur le golf aujourd’hui au Maroc :
– Le premier golf y a été créé en 1914 : implanté à Tanger, il était l’œuvre de Cotton&Pennink. Parmi les plus récents, nous retiendrons le magnifique golf de Michlifen à Ifrane en montagne dessiné par Jack Nicklaus et le golf Al Houara, une surprenante réussite signée Graham Marsh et Vijay Singh à Tanger.
– Aujourd’hui, le Royaume dispose de 36 parcours ouverts au public. D’autres sont en construction.
– Pour classer selon les régions, signalons que Marrakech en possède 9, Agadir 5, la région El Jadida/Casablanca/Rabat/Fez 16 et celle du nord allant de Tanger à Oujda 6.
– Il faut aussi souligner l’extraordinaire dynamisme sportif des équipes de golf masculines et féminines qui ont fait du Maroc un des premiers pays africains ces dernières années. Des exploits accomplis autant sur les golfs du Moyen-Orient que sur ceux d’Europe et même des États-Unis Et s’il fallait citer un nom, rappelons que Inès Laklalech a gagné le dernier Lacoste Open de Fance avant d’intégrer le LPGA. Golf Planète a déjà eu le plaisir d’en parler à plusieurs reprises et aura surement l’occasion d’y revenir dans les mois et les années à venir.
Roland Machenaud
El Jadida : un parcours Gary Player en bord de mer sur un resort de luxe incroyable
avec un parcours Cabell Robinson comme voisin
C’était la quatrième fois que j’avais la chance de me rendre à El Jadida, cette cité créée par les Portugais au début du 16e siècle alors sur la route des Indes et reprise par les Marocains en 1769. Située à 90 kms au sud de Casa, cette ville de 250 000 habitants abrite, à ses portes, deux ensembles golfiques proches bien différents qui rendront votre séjour intéressant car divers. Rendez-vous d’abord au Mazagan Beach&Golf Resort que le tycoon sud-africain Sol Kerzner construisit à la demande du roi du Maroc et qui amena son ami Gary Player dans ses valises pour construire le golf. Le champion architecte dessina un parcours exceptionnel, de type links, au bord d’une plage sauvage, aujourd’hui encore uniquement troublée par le passage élégant de chevaux racés.
Ce golf de 6 885 mètres est l’un des plus beaux du Maroc : on retiendra bien sûr des trous de toute beauté comme le 6 ou le 7 où l’on découvre la mer ainsi que le 15, un par 3, seul face à l’atlantique, que le vent peut rendre très compliqué, mais aussi des trous costauds comme le 9 ou le 18 qui clôturent majestueusement l’aller et le retour.
Outre de belles photos, vous rapporterez du golf de Mazagan un souvenir ému d’une part des greens, rapides aux lignes pas évidentes, mais aussi d’autre part de la qualité de la moquette des fairways : de manière surprenante, l’architecte a choisi de planter la même herbe sur l’ensemble du parcours. Du « paspallum platinum », une herbe à toute épreuve qui s’accommode bien de l’eau saumâtre ou recyclée. Ce signe fort marque la volonté de respecter l’environnement de la part de tous les acteurs de Mazagan, de l’investisseur à l’employé. Signe de cette politique volontariste : près de 5000 arbres et palmiers ont été plantés, une station traite les eaux usées, la climatisation est liée à des tours aéro-frigérantes modernes, un réseau de récupération de chaleur permet le chauffage des piscines, l’irrigation est assurée par le traitement des eaux usées et les étangs sont formés par les eaux pluviales.
Quant au Resort qui s’étend sur 250 hectares, l’immensité imposante de ce palais moderne aux formes et au couleurs traditionnelles impressionne sans écraser. On se sent bien dans le dédale des couloirs et les recoins sans limite. Les 500 chambres sont spacieuses, voire grandioses, avec vues sur l’ample piscine centrale ou sur l’océan atlantique. 16 restaurants et bars sont à la disposition des hôtes de passage, du gastronomique à la guinguette sur la plage. Le professionnalisme et le sourire du personnel impressionnent autant que l’architecture. Si vous avez envie de luxe, de golf, de bonnes tables, de spa et de traitements bien-être, ainsi que de calme dans un environnement naturel, loin de la foule et du bruit, Mazagan vous attend toute l’année ! Vous repartirez heureux et requinqué pour affronter des quotidiens parfois gris et chargés !
D’autant que si vous prenez l’envie de jouer un autre parcours, pratiquement à côté de Mazagan, existe un autre parcours qui mérite un détour. Celui du Royal El Jadida (photo ci-contre) géré par la société Madaef, acteur majeur du golf au Maroc. Récemment, le parcours a été rénové par James Duncan qui a notamment refait les bunkers imaginés il y a 30 ans par l’architecte Cabell Robinson. Ici rien à voir avec le site de Mazagan, vous vous promènerez au milieu d’un belle forêt d’eucalyptus, d’acacias et d’araucarias avant de plonger dans la mer lors des trois derniers trous. Ce par 72 a une longueur totale de 6 226 mètres. Un hôtel Pullman offre des packages intéressants pour ceux qui cherchent des tarifs attractifs.
Vidéo de présentation de Mazagan : cliquez ici
Bahia Golf Beach : étape cool et sympa entre Casa et Rabat
Deuxième étape : le Bahaia Golf Beach à Bouznika, entre Casablanca et Rabat. Nouvelle rencontre avec un parcours dessiné en bord d’océan par Cabell Robinson qui n’a pas hésité à poser des obstacles d’eau – pardonnez-moi mon penchant pour les noms anciens – et des bunkers un peu partout. Laisser-aller ou inattention interdits. Longueur de 6007 mètres des boules jaunes et slope entre 120 et 129 (des noires : 6 749m et 149). Les vues sur la mer succèdent à des promenades dans un environnement minimaliste bien maitrisé. Jouer un golf de cette qualité pour moins de 60 euros est la première incitation pour s’arrêter au Bahia GC.
Mais l’autre raison est la qualité de la prestation hôtelière et de la table. L’hôtel Vichy Célestins 5* est équipé de 130 chambres et suites de haute qualité. Formé à Vichy, le chef proposer une cuisine santé à l’eau minérale Vichy Célestins et des cuissons à basse température qui parfument savamment les traditions culinaires marocaines et européennes. Notre coup de cœur a été le restaurant en bord de plage Le Chiringuito qui, le soir, sert cocktails, plats typiques comme des tajines de poissons aussi bien que des burgers : quel bonheur de s’y retrouver entre amis et d’admirer le soleil se coucher, un verre à la main !
Un majestueux spa d’une superficie de 3200m², incluant les dernières techniques de bien-être, d’anti-âge et de remise en forme comprend une grande piscine intérieure à l’eau de mer chauffée, et un bassin de rééducation fonctionnelle pour les cours d’aqua move.
Deux grandes piscines extérieures à l’eau de mer complètent l’offre.
Pour les personnes intéressées, on trouve aussi des appartements en vente à des prix très très raisonnables (150 000 euros pour un grand appartement de 150 m2).
Dar Es Salam : là où le golf est roi
Rendons hommage à la famille royale qui a été un moteur décisif dans le développement du golf au Maroc. Chacun connaît la passion de ce sport qui animait le roi Hassan II : il a facilité le développement du golf et son fils, le Prince Moulay Rachid, frère du Roi Mohamed VI, a pris le relais. Le Roi Hassan II a réussi à traduire sa passion en aidant la création de plusieurs parcours dont certains restent privés et en inscrivant le sport dans une nouvelle tradition, si l’oxymore est permis. Une des plus belles réussites en la matière est le complexe Dar Es Salam où l’immense Robert Trent Jones Sr a dessiné des parcours de renommée mondiale à la fin des années 60. La preuve vivante de cette réussite est l’organisation simultanée au printemps de tournois internationaux hommes et femmes sur les parcours rouge et bleu : le Trophée Hassan II et la Coupe Lalla Meryem. Au tableau des vainqueurs, des noms bien connu : Billy Casper, Payne Stewart, Lee Trevino, Roger Maltbie, David Toms, Nick Price, Ernie Els, Sam Torrance, Padraig Harrington, Santiago Luna, Alex Levy… Et chez les dames : Marie-Laure de Lorenzi, Sophie Gustafson, Gwladys Nocera, Davies, Ariya Jutanugarn, Charley Hull, Nuria Iturrioz, Maja Stark…
Peu nombreux sont les complexes golfiques dans le monde capables d’organiser deux événements d’une telle ampleur en même temps sur deux parcours adjacents de qualité irréprochable !
D’autant que vient de s’y ajouter une Académie Royale dotée de différents practices, des derniers équipements technologiques , de salles d’analyse et de repos, de restaurants et de spa et même d’une bibliothèque thématique etc… Un spot sportif rarement égalé dans le monde qui attire déjà les pros des circuits européens et asiatiques. Demandez à Michel Besanceney de vous le faire visiter : l’ancien pro français, conseiller du Prince Moulay Rachid, sera ravi de vous expliquer le pourquoi et le comment de cet ambitieux objectif sportif planté au cœur des golfs de Dar Es Salam dans la forêt de Zaer.
Un des 10 parcours à avoir joué dans sa vie
D’abord, le Parcours Rouge : dur, très dur ! L’esthétique réussie du tracé de Trent Jones cache des difficultés qui se découvrent au fur et à mesure du jeu. D’abord la longueur : pratiquement 7 000 mètres ! Et puis de nombreux bunkers où l’on s’enfonce dans le désespoir de ne pas pouvoir atteindre les greens en régulation. Quant aux greens, soit petits soit immenses, ils ont pratiquement tous des pentes diaboliques. De quoi oublier la beauté et la tranquillité du site peuplé de chênes lièges, d’eucalyptus et de pins. Pas une pollution visuelle ou sonore. Ici, règne le golf roi. Il conviendrait de citer tous les trous pour mémoire. Mais s’il fallait en retenir un, bien évidemment le numéro 9, par 3 de 172 mètres, avec un green en île serait l’élu. Avec une mention pour les 11 et 12 que vous ne résisterez pas à prendre en photo : un par 4 et un par 5 qui s’enroulent autour d’un lac dominé par de véritables colonnes romaines.
Le parcours rouge de Dar Es Salam fait partie des 10 parcours qu’un golfeur digne de ce nom doit avoir joué une fois dans sa vie au même titre que le Old Course de Saint-Andrews, Augusta, Pebble Beach, Royal County Down, Turnberry ou Cypress Point !
La vidéo qui explique les rénovations du parcours rouge par James Duncan :
Dar Es Salam dispose de deux autres parcours, le Bleu et le Vert qui ont aussi retenu toute notre attention. Le Bleu sert de décor, chaque année, à la Coupe Lalla Meryem que disputent les meilleures joueuses européennes. C’est la petite sœur- ou la grande sœur, à vous de choisir ! – du parcours rouge. Plus court mais tout autant stratégique, moins rugueux mais tout autant exigeant. Quant au parcours vert, son charme et son accessibilité en font l’enfant rêvé des deux autres parcours ! Il conviendra de jouer les trois pour avoir une parfaite idée de ce que peut être un lieu magique – et royal ! – dédié au golf.
Dernier conseil : passez du temps à Rabat qui est devenue une grande capitale, très belle avec de larges avenues qui rappellent Washington et une vieille ville mise en valeur avec beaucoup de réussite. Imposante, historique et élégante.
Tanger : le plus vieux parcours (1914) et le plus récent pour un plaisir total
Dernière étape de notre virée marocaine : Tanger, la ville feu aux mille plaisirs, à l’histoire cent fois renouvelée, au mélange incroyable entre tradition et modernité, tant aimée des artistes et des rêveurs nomades de la Beat Generation.… Une grande métropole économique également, relié à Rabat et Casablanca en TGV. Et enfin, une capitale du sport africain doté de stades et d’équipements de tout premier plan. Et parmi ces sports, le golf dont Tanger possède le plus ancien et le plus récent.
Commençons par rendre hommage au Royal Country Club de Tanger qui a vu le jour en 1914. A son origine, un Anglais évidemment : Sir John Drummond Hay qui y fut ministre plénipotentiaire de Grande-Bretagne pendant quatre décennies entre le 19e et le 20e siècles et qui avait lancé d’abord deux autres sports à la mode : le pigsticking soit la chasse au sanglier à cheval et le polo. Si le golf trouva ses lettes de noblesse avec la création de ce parcours en 1914, il convient de rappeler qu’un premier 9 trous avait été implanté sur un plateau herbeux avec vues splendides sur la mer dès 1897.
Aujourd’hui, le parcours dessiné par Cotton&Pennink et son club-house ont gardé leur charme d’antan : c’est un réel plaisir de fouler ces fairways historiques. Surtout, n’imaginez pas, comme beaucoup de golfeurs, que parcours ancien = parcours facile ! Les vieux lions se défendent bien. D’autant plus facilement quand ils ont été quelque peu relookés par des architectes de renom comme Peter Harradine. Ce par 72 a une longueur de plus de 6 000 mètres : dix pars 4 pour quatre pars 5 et seulement quatre pars 3. Les greens sont souvent petits et les roughs envahis par les griffes de sorcières : attention de ne pas s’y égarer, il sera difficile de retrouver sa balle. Du point le plus haut de ce parcours vallonné, on a une belle vue d’ensemble sur la ville de Tanger. Nous avons beaucoup aimé cette balade historique et anglo-orientale entre cyprès, pins et eucalyptus.
Trois énormes plus à noter : le green-fee est seulement à 50 euros, la cuisine du restaurant est topissime et l’accueil est chaleureux ! Arrêt obligatoire au Royal Golf de Tanger où contrairement à ce que l’on nous avait raconté, l’entretien du parcours et des installations est tout à fait respectable.
Dernier parcours, et quel parcours ! Le golf de Al Houara qui vient d’accueillir la Coupe du Trône 2023 voulue par le roi Mohammed VI et emportée par Royal Golf Anfa Mohammedia que nous n’avions pas eu le temps de visiter a été dessiné par Graham Marsh et Vijay Singh. Sur plus de 200 hectares, ce projet comprend, en dehors du golf, une académie, des piscines, des restaurants, un hôtel Hilton de 345 chambres, des villas et des appartements de luxe, un centre de bien-être, une salle de gym, un centre de conférence etc… Le directeur du golf est un Français chaleureux et accueillant, Pierre Pasquier, que vous avez peut-être rencontré à Vichy, au Pays basque, à Houston ou à Strasbourg. Depuis 2020, il a supervisé la construction du golf de Al Houara et son ouverture en juin 2021.
Ce par 72 de 6 900 mètres séduit par son minimalisme très étudié, par ses trous en bord de mer, par l’intelligence du placement des obstacles et par la qualité des greens et des départs… Ce parcours est appelé à devenir un must pour tous les golfeurs en visite au Maroc. D’autant que l’hôtel de grand qualité affiche souvent complet et que piscines, restaurant et services sont parfaits. Seul bémol, il manque le club-house qui avait été prévu au départ mais que les investisseurs du départ ont oublié de réaliser avant de s’éloigner du projet…
Le voyage sur la côte atlantique du nord-ouest du Maroc prend fin ici. Il nous rester à vous encourager vivement de prendre votre sac de golf et de le faire à la première occasion. Original et de grande qualité, inoubliable, royal ! Bonnes vacances…
Infos générales sur le Maroc et son offre golfique : cliquez ici
Un grand merci de la part de EGTMA à toute l’équipe de l’Office National Marocain du Tourisme et notamment à Jihad Chakib, Aicha Touzani et Khalid Echahba qui ont préparé et facilité ce voyage de presse. شكرا لكم جمي !
Photos : les golfs, Golf Planète, Carla de la Serna, ONMT