Lors de notre récente enquête sur le « Golf et l’Environnement » parue dans GOLF PLANÈTE en octobre-novembre 2019, nous évoquions les recherches aux États-Unis sur la balle afin qu’elle soit un jour bio dégradable, limitant ainsi la pollution aquatique notamment. Nous étions loin alors de nous douter que de jeunes chercheurs – golfeurs de surcroît – étaient au même moment entrain de cogiter dans un coin de France pour trouver la formule magique.
Aujourd’hui, ces 4 élèves ingénieurs d’UniLaSalle Rouen qui compte 62 universités de par le monde s’appellent : Pierre Delannée, Charles Cugnet, Louis Roussel et Adrien Morin ; ils viennent de remporter la finale régionale du concours Agreen Start-Up grâce à leur balle de golf durable.
Adolescents, Louis Roussel et Adrien Morin gagnaient leur argent de poche en revendant des balles de golf ramassées sur les parcours : « Avec 450 millions de balles de golf perdues chaque année en Europe et aux États-Unis, le golf est un sport très polluant ! » expliquent les étudiants.
Une dizaine d’années plus tard, le groupe continue de se passionner pour ce sport mais d’une toute autre manière. Encouragés par Olivier Perrin, enseignant en Économie, les étudiants qui suivent le Domaine d’Approfondissement Gestion des Entreprises et Entrepreneuriat décident de candidater à l’Agreen Start-Up avec une idée originale : concevoir une balle de golf dégradable. Ils ont remporté l’Agreen Startup Normandie 2019 et postulent désormais à l’Agreen Startup Summit (novembre 2020), concours international destiné à concrétiser leurs espoirs .
Pour la matérialisation du concept, le quatuor s’est appuyé sur les équipes de recherche d’UniLaSalle. Ce laboratoire valorise les co-produits agricoles en matériaux bio-sourcés avec des applications concrètes au quotidien (Emballage, bâtiment, automobile, design…).
« Nous allons améliorer encore notre produit afin de coller au plus près des besoins des golfeurs », explique Pierre Delannée. L’objectif est bien, à terme, d’opérer une petite révolution dans le milieu du golf avec une balle écolo qui pourrait bien trouver sa place sur les parcours ! Pas de doute, le golf, aussi, a décidé de prendre sa part dans la révolution écologique . Reste que le juge de paix sera la commercialisation de cette balle qui, aux États-Unis, n’a toujours pas … décollé . La France sera-t-elle – enfin – une terre où non seulement l’on invente mais aussi où l’on produit et … l’on vend ?
C’est tout ce qu’on peut souhaiter à cette jeunesse qui veut transformer sa façon de consommer et qu’on ne peut qu’encourager.
5 questions pour bien comprendre
Golf Planète : Votre innovation concerne-t-elle une balle de golf durable ou bio dégradable ?
Louis Roussel : Il s’agit d’une balle de golf biodégradable faite à partir de maïs. Nous souhaitons réduire au maximum l’empreinte carbone de la production à la dégradation ; c’est pourquoi nous voulons utiliser des matières végétales françaises afin d’avoir une balle de golf durable et biodégradable.
GP : Sur les 4 étudiants chercheurs que vous êtes, combien sont golfeurs ?
LR : Parmi nous 4, il y a un joueur de golf régulier et un joueur de golf occasionnel.
GP : Quelle est la différence avec une balle traditionnelle ?
LR : Les balles de golf traditionnelles sont faites en plusieurs couches (2 ou 3 couches), au centre la matière est le caoutchouc (caoutchouc synthétique) et la partie externe est faite en polyuréthane, une matière très polluante. Notre balle respecte les caractéristiques principales d’une balle classique, c’est à dire : le poids (45 g), le nombre d’alvéoles (entre 300 et 500) et le diamètre (43mm). Cependant, notre balle n’est composée que d’une couche, elle manque donc encore d’un peu de souplesse par rapport aux balles classiques.
Jean-Baptiste Besnier, ingénieur , nous a orientés vers la réalisation de prototypes en impression 3D à partir de polymères bio-sourcés . Un polymère bio-sourcé signifie qu’il s’agit d’une matière faite à partir de produits issus de la nature (biomasse végétale ou animale).
GP : Quel est sur le plan technique la chose la plus délicate à obtenir pour parvenir au résultat souhaité ?
LR : La chose la plus délicate est le « ressort » que produit la balle lors de l’impact avec le club, il faut une grande résistance pour amortir les chocs mais aussi une grande souplesse pour permettre de restituer la force et permettre à la balle d’aller le plus loin possible.
GP : Si vous remportez le concours, comment allez-vous vous y prendre pour la fabrication, la diffusion et la commercialisation du produit ?
LR : Si nous remportons le concours, cela va nous permettre d’avoir encore plus de visibilité pour d’éventuels partenariats. Pour rappel, nous n’avons pas encore un produit fini, nous cherchons d’autres matières bio-sourcées pour remplacer les composants des balles classiques. Une fois que nous allons avoir notre balle « parfaite », nous souhaitons tout d’abord la commercialiser en France afin de minimiser l’empreinte carbone et surtout dans les club-houses des golfs soucieux de l’environnement. Nous avons d’ores et déjà déposé une enveloppe Soleau qui nous permet de protéger notre idée. Lorsque nous aurons notre balle finale, nous déposerons un brevet.
Contact : Louis Roussel : 06 12 19 50 60
Recueilli par Denis Machenaud