Vainqueur de 5 Majeurs et auteur d’un exploit inégalé et sans doute inégalable – 18 succès sur le PGA Tour en 1945 – l’Américain Byron Nelson sortit de sa retraite en 1955 pour remporter son dernier titre professionnel : l’Open de France.
Créé en 1906, l’Open de France est le plus ancien tournoi de golf continental. Son prestige a dépassé le cadre européen, accueillant les plus grands champions internationaux. Une exception notable toutefois, les stars américaines, venues avec parcimonie. Il est donc logique que le drapeau de la bannière étoilée se soit hissée à seulement trois reprises au « French ».
Trois Américains au palmarès de l’Open de France
Le premier de ce triumvirat à la sauce ketchup n’est autre que la star de l’époque, le flamboyant Walter Hagen en 1920 et le dernier demeure, à ce jour, l’obscur Barry Jaeckel, engagé de dernière heure et ne figurant même pas au programme officiel, en 1972. Entre les deux, figure l’immense Byron Nelson qui créa un grand étonnement en 1955.
Un retraité au CV impressionnant
En réalité, sa victoire n’est pas véritablement une surprise, il s’agit plutôt de sa participation ! En effet, le Texan est retiré des greens depuis presque 10 ans, depuis fin 1946 exactement, date à laquelle il fit part, à seulement 34 ans, de son extrême fatigue face à la pression et « à tant de mains à serrer ». C’est que le copain de Sam Snead et Ben Hogan (tous nés en 1912) venait de réaliser un exploit qui ne sera sans doute jamais battu : remporter 18 titres sur le PGA Tour en 1945 dont 11 tournois de suite !
Nanti de 5 titres du Grand Chelem avec 2 Masters (1937, 1942), 2 USPGA (1940, 1945) et 1 US Open (1939), » Lord Byron » éprouva le besoin de souffler et se retira dans son ranch pour élever du bétail. Mais la passion de la petite balle blanche l’empêcha de décrocher totalement, apparaissant uniquement au Masters en qualité d’ancien vainqueur et ce jusqu’en 1965 où il prit une belle 15e place.
Venu en touriste…
Une exception est faite en cette année 1955 où il traversa l’Atlantique pour visiter l’Europe. Tourisme, affaires ou golf ? Sans doute un peu des trois. Toujours est-il qu’il profita de son séjour pour emporter ses clubs avec pour point de mire un pèlerinage à St Andrews, pour participer au British Open, disputé une seule fois, en 1937, avec une 5e place à la clé.
Avant de se rendre en Ecosse, le Texan compte visiter Paris et profite de l’occasion pour s’inscrire à l’Open de France qui doit se dérouler du 14 au 15 juillet (2 tours par jour) sur le parcours historique de La Boulie. Détendu, ayant moins de mains à serrer et les cheveux désormais grisonnants, l’un des plus grands joueurs du milieu du XXe siècle débute sans pression…
Nelson remporte l’Open de France de la tête et des épaules
Dès la première journée, avec sa casquette jaune, il prend la tête du tournoi en compagnie de l’Anglais Harry Weetman pour ne plus jamais la lâcher. Il y eut bien une petite frayeur au 73e trou lorsqu’il se retrouva à égalité avec le Britannique, mais son jeu de fer fut toujours aussi précis. En ce jour du 15 juillet 1955, il finit par l’emporter à l’âge canonique de 43 ans.
La dernière de ses 64 victoires professionnelles avant d’entamer une carrière de coach (notamment de Ken Venturi et Tom Watson) puis de commentateur télé. Il décédera en 2012 à 94 ans.
Photo : Tim Sloan / AFP