Appréciés par de nombreux professionnels et une communauté d’amateurs épris de luxe et de personnalisation, les putters Scotty Cameron sont l’oeuvre d’un seul homme. On vous le donne en mille : il s’agit de Don Thomas « Scotty » Cameron himself !
Par Sébastien Brochu
Prix de vente élevé, matériaux de premiers choix, lignes superbes, objets de collection et utilisés par les meilleurs joueurs du monde dont Tiger Woods : depuis 30 ans, la réputation des putters Scotty Cameron n’est plus à faire. Une ascension fulgurante qui prend sa source dans un petit atelier d’un assureur californien…
L’exemple d’un père
A l’instar de la saga Apple, certains garages de Californie ont abrité les voitures de petits génies qui n’étaient pas forcément portés sur la mécanique. Au début des années 1970, du côté de San Diego, un enfant s’est amouraché de la mécanique du putting. Un garçon bercé au bruit du maillet et des odeurs de bois (le plaqueminier en tête) qui se souvient de ses heures passées avec son père à customiser des clubs en persimmon.
Issu d’une famille de classe moyenne, Don Thomas Cameron, surnommé par sa mère Scotty, naît le 8 novembre 1962, le jour-même où l’équipe américaine composée des stars Sam Snead et Arnold Palmer commencent à enquiller les birdies pour remporter trois jours plus tard la Canada Cup. C’était l’époque où les champions fittaient eux-mêmes leurs outils de travail ou jouaient avec des clubs sortis d’usine.
Garçon, il manie déjà le maillet comme personne
Dès son plus jeune âge, il vit dans la passion du golf, mais à l’instar de sa figure paternelle, Scotty s’enferme aussi dans l’atelier de bricolage. Petit, il reçoit un jour en cadeau un putter Zebra d’occasion qu’il peut à loisir triturer et transformer. Ainsi naît sa passion pour la fabrication. Elevé dans le souci de la perfection, il commence à se faire la main si bien que son papa lui prédit, peu de temps avant de mourir prématurément, un avenir dans le golf.
Des débuts professionnels en 1986
Scotty n’a que 13 ans quand son père décède et il n’oubliera jamais ses conseils… Au fur et à mesure des années, des dessins et des conceptions de putters, avec déjà son souci caractéristique de l’esthétique, il devient un expert et obtient très jeune la reconnaissance de la profession. Il commence par travailler en 1986 chez Ray Cook, puis Maxfli, Cleveland, Founders Golf et Mizuno.
Il devient indépendant à 30 ans
En 1991, il se met à son compte en créant la Cameron Golf International avec pour objectif de créer « les meilleurs putters pour les meilleurs joueurs du monde« . Il met en vente ses premiers modèles au prix pas du tout attractif de 350 $ et ce sont les Japonais, conscients de son savoir-faire, qui deviennent ses premiers fans. Aujourd’hui, sans compter une galerie en Californie, il existe même un musée de ses plus belles oeuvres à Shizuoka !
Le Masters 1993 change tout
Au cours de la même période, le joueur sud-africain David Frost est attiré par ses putters et retrouve par enchantement la victoire en 1992 sur le circuit PGA. Scotty devient ainsi l’un des premiers à proposer avec succès un putter personnalisé pour les pros. Une révolution qui en précèdera d’autres.
Dans ce microcosme où le moindre nouvel outil gagnant est scruté et essayé, Scotty se fait un nom et commence à oeuvrer pour d’autres dont un certain Bernhard Langer. La victoire de l’Allemand au Masters 1993 consacre le bonhomme et de nombreux champions se l’arrachent tandis que plusieurs sociétés établies formulent des propositions.
Une association fructueuse avec Titleist
En 1994, le PDG de Titleist (Acushnet) Wally Uihlen, père du joueur Peter Uihlein, remporte le morceau. Grâce à ce partenariat, Cameron peut investir dans les nouvelles technologies et produire des putters de plus en plus performants dont le fameux Newport 2, fidèle compagnon de Tiger Woods pour 14 de ses titres majeurs.
Si l’on compte toutes les victoires en Grand Chelem, les putters de Scotty Cameron ont remporté 44 Majeurs à l’aube de la saison 2023 ! Designer affuté, il s’est lancé dans d’autres créations, (un peu) plus modestes au niveau du prix, comme différents petits accessoires et les t-shirts.
©David Cannon/Getty Images/AFP