Déjà assuré d’évoluer sur le Challenge Tour en 2022 grâce à ses deux victoires en 2021 sur le Pro Golf Tour, Mathieu Decottignies-Lafon était au départ du Hopps Open de Provence jeudi dernier. A 28 ans, le Nordiste, installé tout près de Lisbonne, affiche de grandes ambitions.
Par Lionel VELLA
Au calendrier du Challenge Tour depuis 2018, le Hopps Open de Provence, annulé l’an passé en raison de la pandémie mondiale, est revenu plus fort que jamais sur le Golf International de Pont Royal dessiné par la légende, Severiano Ballesteros.
Cette édition 2021, celle du retour à la vie, proposait un plateau très relevé avec notamment 44 joueurs tricolores inscrits, dont Julien Brun et Félix Mory, respectivement 9e et 22e de la Road to Mallorca et déjà vainqueurs cette saison sur la deuxième division européenne.
Victoire en Egypte et en Allemagne
Au sein de ce très riche contingent français engagé, on remarquait aussi la présence de Mathieu Decottignies-Lafon. Le Nordiste vient de boucler un superbe exercice 2021 sur le Pro Golf Tour, l’un des principaux Tours de la troisième division européenne. Deux victoires fin mai en Egypte et début août en Allemagne lui assurent ainsi d’ores et déjà un droit de jeu sur le Challenge Tour en 2022.
« C’est cool d’aborder le Hopps Open de Provence sans aucune pression de catégorie ou quoi que ce soit pour 2022 puisque j’ai déjà validé ma carte, souligne le principal intéressé, qui n’avait pas franchi le cut ici à Mallemort (13) en 2018 ni en 2019. J’étais en Angleterre il y a quinze jours (27e place finale) et j’espère pouvoir aussi jouer au Portugal la semaine prochaine grâce à une invitation. Je vise aussi le Swiss Challenge (30 septembre-3 octobre). Ce serait top de pouvoir finir avec quatre tournois du Challenge Tour et, on croise les doigts, la possibilité de jouer la finale à Majorque (4-7 novembre). »
J’ai appris à mieux utiliser mon corps, à mieux utiliser mes facultés mentales. J’ai perdu 13 kilos depuis décembre 2019.
A 28 ans, Mathieu Decottignies-Lafon est à la croisée des chemins. Ses multiples remises en question techniques mais également personnelles commencent à porter ses fruits.
« Fin 2019, il y a eu une importante prise de conscience, avoue-t-il calmement. Une prise de responsabilité aussi… J’ai aussi appris à mieux utiliser mon corps, à mieux utiliser mes facultés mentales. J’ai perdu 13 kilos depuis décembre 2019. En septembre de l’année dernière, j’ai apporté plusieurs changements dans mon encadrement. Je ne me suis entouré que de proches, des gens que je connais depuis très longtemps. Des gens de confiance. »
En restant à Biarritz, ça ne me permettait pas d’avoir des parcours compétitifs toute l’année en raison du climat.
On peut par exemple citer Laurent Cabanne, son coach technique, mais aussi Robin Cocq -« on jouait ensemble en équipe à Bondues » – pour le petit jeu, le putting, la stratégie et les plans d’entraînement. Dans le sillage de ce duo, évoquons aussi Mathieu David, un ami de 15 ans, coach de vie et de performance, ou encore Adrien Laurent, qui l’a caddeyé il y a quelques années et qui intervient notamment sur la partie mentale. Sur le plan physique, il collabore depuis décembre 2019 avec Robert Froissart. « Il m’a fait changer la vision que j’avais de la prépa physique, commente-t-il. Il m’a donné le goût à ça. Il m’a appris la rigueur au plus haut niveau. Avec lui, j’ai vraiment trouvé mon équilibre. »
En confiance avec ce noyau dur, le Français qui avait fait sensation en 2016 à 23 ans seulement en finissant 16e de l’Open de France, a également décidé de quitter Biarritz et de « s’exiler » au Portugal, au golf d’Otavois, à quelques encablures à l’ouest de Lisbonne.
« En restant à Biarritz, ça ne me permettait pas d’avoir des parcours compétitifs toute l’année en raison du climat. Ce qui n’est quasiment pas le cas à Otavois. Les qualités d’entraînements sont tops. J’ai un aéroport international à 20 minutes de chez moi. Et sur les huit semaines dans l’année où le climat sera moyen, je pourrais aller en Algarve où la météo est plus clémente et où les parcours sont dingues. Il y aura aussi deux semaines sans golf dédiées à la prépa physique et il reste un mois où je pourrais partir m’entraîner à Dubaï ou en Floride… Au lieu de cinq mois de temps très compliqués, on passe à deux semaines entre guillemets. Je sentais que mon jeu se sclérosait en France et je voulais me confronter plus régulièrement à des parcours et des conditions plus dures… »
Les Etats-Unis dès le mois de novembre ?
Structuré, épanoui au doux soleil lusitanien, galvanisé par ses récents excellents résultats sportifs, Mathieu Decottignies-Lafon est surtout très ambitieux. Si un problème d’inscription lui a fermé la porte en milieu d’année de se présenter aux Cartes du Korn Ferry Tour, l’antichambre du PGA Tour, il n’écarte toujours pas l’idée de se frotter aux meilleurs aux Etats-Unis.
« Je suis à un tournant de ma vie professionnelle, conclut-il. Je suis très content de m’être surpassé sur le Pro Golf Tour, le Tour de l’enfer comme je l’appelle. Mais maintenant, j’aspire à autre chose. Je veux continuer à avancer. Mon rêve est de partir un jour aux USA. D’ailleurs, je n’exclus pas l’idée d’aller là-bas cet hiver prendre part au Monday qualifying sur le PGA Tour et disputer aussi des mini-tours. Je n’ai pas envie de me retaper 4-5 mois sans jouer en Europe. Je suis en train de réfléchir pour partir au mois de novembre. L’exemple de Paul Barjon est aussi là pour nous motiver… Cela donne des idées. Les US, c’est là-bas que ça se passe. C’est la fête, ça hurle, il y a une ambiance qui me parle beaucoup. J’ai envie de m’y confronter. »
©Pro Golf Tour Raimund Bulzcad