Mathilda Cappeliez, étoile filante du golf français à la trajectoire trop vite interrompue, et Pierre Mazier, lui aussi passé par l’université américaine, ont créé May Management pour partager leur expérience du haut niveau et aider les jeunes golfeurs à progresser vers le monde professionnel en France ou aux États-Unis.
Propos recueillis par David Charpenet
À 25 ans, Mathilda Cappeliez est déjà une retraitée des circuits professionnels. Ancien grand espoir du golf hexagonal, la joueuse d’Évian-les-Bains a connu une brillante carrière amateure avant de se prendre de plein fouet le mur du professionnalisme. Après une courte et douloureuse expérience dans une université américaine, la titulaire d’un Bac S est revenu en France pour relancer sa carrière. Mais la pause du covid a eu raison de ses derniers espoirs de rejoindre le très haut niveau, malgré un dernier sursaut en 2022 avec une septième place au Terre Blanche Ladies Open.
Si j’avais le même souci aujourd’hui, je ne saurais toujours pas vraiment vers qui m’adresser pour avoir une aide
Mathilda Cappeliez
« J’ai eu des soucis de transition vers le monde réel des adultes. On est seule et ce n’est pas facile, regrettait-elle. Je n’étais certainement pas assez préparée. Ni pour aller aux États-Unis, ni pour aller à l’université. Je n’ai fait qu’une année aux USA et en rentrant les problèmes étaient déjà trop installés. Je n’ai malheureusement pas trouvé de gens suffisamment bienveillants qui avaient envie de trouver la solution à mes problème avec moi. Si j’avais le même souci aujourd’hui, je ne saurais toujours pas vraiment vers qui m’adresser pour avoir une aide. J’ai quand même réussi à décrocher ma carte de la deuxième division américaine et du LET. Mais comme je n’ai pas été accompagnée comme il l’aurait fallu, ça n’a pas tenu dans la durée. Ce n’était pas technique, mais plutôt mental. »
May Management pour rebondir et aider les jeunes à progresser
Loin de se laisser abattre par cette remise en cause sportive, l’ancienne élève de Sabine Etchevers décide de s’associer avec Pierre Mazier, lui aussi prometteur amateur passé par une université américaine, pour créer May Management en 2024 et éviter notamment aux jeunes golfeurs de tomber dans les mêmes pièges que Mathilda. « Cette douloureuse expérience personnelle me permet maintenant de pouvoir aider les jeunes à ne pas commettre les mêmes erreurs que moi. Les difficultés que j’ai vécues de 19 à 23 ans, j’essaye d’en faire une force maintenant, pour aider les jeunes en étant bienveillante. Pour Pierre c’était différent puisqu’il a connu une expérience hyper positive aux États-Unis. Il a adoré. Ça nous donne une belle complémentarité. »
Une expérience américaine complémentaire
Pour Pierre Mazier, l’expérience à été effectivement très positive dans une université américaine déjà habituée à accueillir des golfeurs français. « Quand je suis arrivé à Texas Christian University, deux Français étaient passés juste avant moi, Julien Brun et Paul Barjon. Paul a même fini sa dernière année alors que je commençais ma première. La transition s’est donc faite en douceur pour moi. J’ai vraiment vécu une très bonne expérience golfique et personnelle. Je suis d’ailleurs resté sept ans aux États-Unis. Après mes quatre années de fac, j’ai passé les cartes du PGA Tour Canada. Ma carrière professionnelle n’a durée qu’un an et après j’ai travaillé dans l’industrie du golf aux USA pendant deux ans, avant de revenir en France fin 2022. C’est aussi une plus-value de notre collaboration avec Mathilda qui n’a pas eu une expérience américaine aussi positive que moi. On a beaucoup de similitudes et aussi quelques différences qui font qu’on peut avoir un partage d’expérience plus global et complémentaire. »
Partager notre expérience pour conseiller au mieux les athlètes dans chaque étape de leur carrière
Pierre Mazier
Ce partage d’expérience se concrétise en quatre moments clés que Mathilda Cappeliez et Pierre Mazier ont identifié pour accompagner au mieux les joueurs vers le haut niveau. Une philosophie que résume l’ancien pensionnaire de Texas Christian University sur le site internet de May Management : « partager notre expérience pour conseiller au mieux les athlètes dans chaque étape de leur carrière. »
« On a imaginé un projet d’accompagnement en quatre étapes pour palier les manques qu’on a clairement identifiés, développait Mathilda Cappeliez. D’abord il faut définir le projet sportif pour trouver un bon encadrement technique, physique et mental. Rechercher des partenaires, des clubs, optimiser les budgets...»
«Ensuite il faut préparer l’articulation entre le golf et les études. Il faut aller aux États-Unis en amont pour préparer l’arrivée du joueur. Trouver les universités les plus adaptées, les familles d’accueil si besoin…»
«La troisième étape est la plus importante : le suivi sportif et académique. C’est une étape cruciale pour laquelle on est vraiment laissé à nous-même. J’aurais vraiment aimé avoir de l’aide pour avancer à mon époque. On ne sera bien entendu pas toujours sur place, mais on met le joueur en relation avec toute une structure à l’université pour continuer de suivre l’évolution du joueur et adapter l’accompagnement.»
«Enfin, le passage dans le monde professionnel reste un moment délicat que nous accompagnons tout particulièrement. Quand les jeunes sortent de leur université américaine dans laquelle ils sont très encadrés, ils peuvent se retrouver un peu seuls pour tout gérer. Et si on veut s’entourer d’une grosse équipe efficace, ça coûte cher. On aide donc à faire en sorte que tout se passe pour le mieux. »
Des collaborations avec des joueurs et des coachs pour se développer
Mathilda Cappeliez et Pierre Mazier ont rapidement compris que May Management avait besoin de collaborer avec des entités reconnues du monde du golf pour gagner en crédibilité et élargir leur réseau d’influence. Pour les deux anciens joueurs professionnels, la collaboration avec l’académie Renaud Gris Golf Institut était une évidence. « On connaît Renaud depuis longtemps. On l’a côtoyé au sein du pôle espoir ou en équipe de France, rappelait Pierre Mazier. Quand on a créé May Management, on voulait bâtir des relations avec la Fédération Française de Golf, les clubs, les coachs et les académies. On collabore depuis le début avec la FFG et on contacte beaucoup de clubs et de coachs pour leur expliquer notre démarche. C’était tout à fait logique pour nous de créer une relation privilégiée avec la Renaud Gris Institut. Ils ont déjà une structure très complète et on apporte notre plus-value sur l’accompagnement vers les États-Unis ou le passage dans le monde professionnel. »
Ouvrir notre réseau à notre communauté de joueurs
Mathilda Cappeliez
D’autres acteurs du monde du golf professionnel ont été associés au projet à travers des webinaires. C’est d’abord l’ancien caddey Axel Bettan, également mari de l’ancienne joueuse Sophie Giquel-Bettan, qui a été sollicité. Puis Paul Barjon et récemment Agathe Laisné. « Pour accompagner au mieux les jeunes et dans un souci de partage d’expérience, on met en place régulièrement des webinaires avec des intervenants qui ont connu le haut niveau. On a commencé la série avec Axel Bettan qui a caddeyé de grands joueurs et de grandes joueuses (NDLR : il a notamment gagné le Women’s British Open 2017 avec la Sud-Coréenne I.K. Kim). Paul Barjon, un ami qui évolue sur le PGA Tour et le Korn Ferry Tour que j’ai connu à TCU. Et récemment Agathe Laisné. » (Cette dernière a gentiment offert de son temps à May Management pendant sa préparation à la finale des cartes du LET au Maroc, après une année compliquée sur le LPGA Tour). « On avait à cœur d’ouvrir notre réseau à notre communauté de joueurs », concluait Mathilda Cappeliez.
Un accompagnement « sur-mesure »
Pour avoir une influence positive sur la future trajectoire des golfeurs, May Management se devait de gagner la confiance des joueurs et des familles. Une difficulté non négligeable quand on cherche à cibler de jeunes adolescents. « C’est passionnant de s’occuper de jeunes de très haut niveau qui jouent déjà en équipe nationale par exemple, ou des profils plus novices qui sont passionnés. Si on peut les aider c’est fantastique, relevait Mathilda Cappeliez. On cible tout particulièrement les jeunes entre 13 et 16 ans pour leur faciliter l’éventuel chemin vers le haut niveau professionnel ou amateur. On veut rencontrer vraiment les gens, ce qui implique de se rendre sur les événements et dans les clubs de golf. On va donc beaucoup sur les tournois de jeunes pour rencontrer les joueurs et leur famille. C’est fondamental pour créer un lien de confiance. On veux créer une relation humaine et bienveillante. Comme on est une petite structure, on est particulièrement attentif aux besoins des joueurs et à leurs envies et on ne vient pas avec un discours ou une méthode prête à l’avance. On s’adapte. On fait du sur-mesure. »
Les golfeurs professionnels englués en deuxième ou troisième division se plaignent souvent d’avoir été un peu laissés à eux-mêmes au moment du passage professionnel. Ce genre d’initiative peut participer à combler un manque dans le paysage golfique hexagonal sur le chemin du haut niveau. Souhaitons bonne chance à ce duo de jeunes retraités des circuits professionnels sur la route de l’accompagnement des futurs espoirs du golf français.