Dessiné par la légende sud-africaine Gary Player, Mazagan est sans doute le plus beau parcours du Maroc et même de toute l’Afrique du Nord. A El Jadida, à quelques 100 kilomètres de Casablanca, se dresse un links authentique aux larges fairways mais aux greens diaboliques. Les paysages à couper le souffle, le long des plages de l’ancienne forteresse portugaise, se succèdent aux défis sportifs de ce 18 trous long de 6 885 mètres des back tees. Un must qu’on vous invite à jouer entre amis et dont on se lasse pas !
Le 12 d’Augusta ? Le 17 du TPC Sawgrass ? Le 8 du Royal Troon ? Le 7 de Pebble Beach ? Nous, on vote le 15 de Mazagan pour le titre du plus beau par 3 au monde…
On exagère peut-être un “chouïa” compte tenu de la concurrence, mais ce bijou de 165 mètres, avec un tee shot en surplomb face à l’Océan Atlantique, est un véritable enchantement. Il faut d’abord survoler des fameuses griffes de sorcière (on en reparlera) mais aussi ne surtout pas dépasser le green, il faut éviter le profond bunker qui barre la route des balles jouées avec une ambition démesurée, dompter le vent souvent soutenu qui vous oblige à choisir le bon club et espérer que votre balle s’accroche à un green aux multiples plateaux qui ne pardonnera pas les coups mal touchés ou joués avec le mauvais effet…
Le spectacle à couper le souffle est agrémenté par la lumière éblouissante de ce coin de paradis du sud de Casablanca, y compris en hiver. Viennent s’ajouter à la dramaturgie à ce coup de fer risqué, les moutons d’écume et le fracas des vagues à l’assaut de la plage.
Parfois, le galop de purs sangs arabes sur le rivage, dans l’axe de jeu, donne au tableau ce soupçon de poésie qui suspend le temps.
Le 16, le point break du parcours
Ce n°15, qui peut se jouer aussi des rouges à seulement 88 mètres du but, a aussi l’avantage d’être le dernier trou à taille humaine avant trois « finishing holes » sublimes mais brutaux, où il faut, face au vent du Sud-Ouest, sortir l’artillerie lourde. Le par du n°16 est un peu le « point break » recherché par les surfeurs qui s’éclatent sur les meilleurs spots d’El Jadida à quelques kilomètres de là. Après deux longs coups obligatoires où il faut garder la balle sous le vent, il vaut mieux prier pour prendre deux putts si vous avez réussi l’exploit d’attendre son redoutable green en régulation…
Beau et sauvage, fascinant et enivrant, addictif et cruel, tous ces adjectifs sont des leitmotivs sur le parcours dessiné par Gary Player qui a vu le jour en 2009 au nord de la cité fortifiée, édifiée par les Portugais au début du XVIᵉ siècle et nommée Mazagan.
Ce golf méconnu, même du Maroc où les tracés de Marrakech et d’Agadir, notamment, rencontrent leur public tout au long de l’année, est un mystère à découvrir absolument pour les amoureux des links, du soleil et du golf authentique, tout simplement.
A l’image du trou n°1, un sublime dogleg gauche où il faut se donner une marge pour ne pas échouer dans l’immense bunker de gauche au risque de se laisser un très long deuxième coup sur la partie droite, le coup de crayon du Sud-Africain aux neuf victoires en Majeur oblige à réfléchir à chaque trou.
Des fairways de velours, des roughs aux griffes acérées
Cerise sur le gros gâteau, l’entretien des lieux est absolument impeccable. Les greens sont lisses comme de la soie, rapides, roulants, durs sous le pied mais « relativement » réceptifs… Les fairways, très larges, sont des tapis de velours. Les bunkers de sable de plage sont uniformes, compacts, profonds mais jouables. Un conseil, venez quand même avec un sandwedge doté d’un bon « bounce ».
Mais si Mazagan est, grâce à ses départs avancés, accessible à tous les niveaux, il est aussi un avaleur de balles du genre affamé. Les balles nettement égarées ou emportées par les caprices d’Eole seront ingurgitées par la flore locale, les Carpobrotus, plus connues sous leur appellation imagées de « griffes de sorcière ».
Cette plante verte grasse, rampante et tapissante, doit contenir de nombreuses Pro V1 et autres Callaway Chrome tant il est difficile d’y retrouver l’objet perdu…
Ces désagréments momentanés ne doivent pas faire oublier le charme incommensurable des lieux.
Dès le trou n°3, la vue avant et arrière vous transporte aux pays des rêves inoubliables. Devant vous, un par 5 plongeant donne envie d’expédier son drive au cœur du fairway comme de piquer une tête dans une mer chaude des Caraïbes. Derrière, la vue imprenable sur le practice et l’hôtel resort 5 étoiles (dont nous vous avions déjà vanté les nombreux mérites) est absolument divine.
Un ex-champion pour directeur
Grâce aux travaux réguliers des équipes de greenkeeping du directeur Marwann Chamsseddine, tout est fait pour que l’expérience sportive et visuelle se conjugue au plus que parfait.
« Nous avons récemment dégagé la vue arrière au départ du trou n°2 pour permettre aux joueurs d’admirer totalement la beauté du panorama », explique le maître des lieux qui, lors de son arrivée en 2017, a fait ajouter un petit rough entre le fairway et les impitoyables griffes de sorcière afin de rendre moins pénalisantes les mises en jeu n’empruntant pas la ligne idéale. Un changement de « set up » appréciable et approuvé par Gary Player lui-même.
« Chaque modification, que ce soit dans la préparation du parcours ou dans le déplacement de certains départs, demande sa validation », détaille Marwann, ex-professionnel au joli palmarès (champion du Maroc en 2003) et ancien coach de haut niveau de la Fédération Royale Marocaine de Golf.
Sa science du jeu et son sens de l’accueil rayonnent sur le parcours et en dehors.
Après s’être éloigné pendant quelques trous de l’Océan, on retrouve les embruns dès le trou n°7, un par 5 très scénique atteignable en deux pour les gros frappeurs. Le trou n°8 est une gageure : si vous osez un départ risqué sur la partie gauche du fairway, vous pourrez aller chercher avec un fer moyen un green tout en largeur barré par des bunkers “crevasse”.
Les gros accidents de parcours, ici, sont nombreux, surtout quand le drapeau est positionné à l’une des extrémités du green.
Restez plusieurs jours, entre amis !
Les fairways bosselés sont aussi à apprivoiser. Certains nécessitent de porter la balle sur les bons plateaux pour éviter des deuxièmes coups en aveugle, comme sur les spectaculaires par 4 du 10 et du 11.
D’autres réclament des balles roulantes en draw sous la bourrasque, d’autres enfin, permettent de se lâcher quand le vent est favorable comme le par 5 du trou n°14, dernière étape presque « aimable » avant le final en beauté.
Quoi que l’attaque de ce green en montée et en dévers peut encore vous donner quelques sueurs froides pour peu que le wedging ne soit pas votre fort.
Voir cette publication sur Instagram
Agréable à jouer toute l’année, Mazagan est un parcours où l’on aime rester plusieurs jours, en famille mais peut-être plus encore entre amis, pour y apprivoiser les pentes des greens, pour découvrir des nouveaux emplacements de drapeaux, pour jouer le parcours avec un vent orienté différemment, pour se lancer des “petits défis entre potes” en mode “Buddies Golf Trip” comme disent nos cousins d’Amérique.
Mais aussi, bien sûr, pour profiter des nombreuses activités du resort et de ses restaurants savoureux. A Mazagan il y a le golf, mais pas que… même si, à lui seul, le parcours vous transportera dans un océan de plaisirs…
Infos pratiques
Site officiel www.mazaganbeachresort.com/fr
Comment s’y rendre ? De Paris, Bordeaux, Marseille, Nice ou Lyon, se rendre en avion à Casablanca (Transavia ou Air France) et commander une navette de l’hôtel (gratuite selon les horaires d’arrivée).
Meilleure période : le printemps, mais le climat est agréable toute l’année, y compris l’été où le thermomètre n’est pas trop élevé grâce à l’océan.
Formules : Bien-être (Spa), Famille (club enfants, activités), Evasion golfique (1h de cours, accès illimité au driving range et Green-fee sur les parcours voisins).
Toutes les activités de l’hôtel, les restaurants : lire Les milles et une merveilles de Mazagan
©Philippe Millereau KMSP