Où en est la construction des golfs en France ? Golf Planète inaugure une série d’articles que vous retrouverez régulièrement tout au long de cette année 2022. Une dizaine de sujets seront abordés pour tenter de faire le point sur cette vaste problématique.
Le but ? Faire le bilan de ces quarante dernières années de construction de golfs, depuis l’âge d’or des années 80 jusqu’à aujourd’hui.
Et aussi de dessiner une perspective pour la prochaine décennie.
Pour nous aider à mieux comprendre la réalité d’hier, d’aujourd’hui et de demain, nous avons demandé aux meilleurs spécialistes de la question : à tour de rôle, la Fédération Française de Golf bien sûr mais aussi les architectes qui ont façonné le paysage golfique actuel, les investisseurs privés ou publics d’hier et d’aujourd’hui, les exploitants de golf. Tous s’exprimeront dans ces colonnes afin de nous permettre de mieux comprendre les enjeux et les véritables atouts dont dispose notre pays en la matière.
87% des Français ont un golf à moins de 20 kilomètres
Et tout d’abord intéressons-nous aux « déserts » golfiques, les territoires où l’empreinte Golf, jusqu’à présent, n’a que peu pénétré, voire pas du tout. La carte de France (source FFG) montre qu’en 2017, 732 parcours existaient officiellement. Si l’on regarde plus attentivement cette carte, on s’aperçoit que certaines régions sont mieux pourvues que d’autres.
Chiffre important toutefois à avoir en tête : 87% de la population française a accès à un structure golfique à moins de 20 kms à vol d’oiseau de chez elle, sachant que c’est le cas pour 96% des licenciés.
Les cartes jointes représentent le nombre de licenciés pour 1000 habitants en France, ainsi qu’une carte de France des structures golfiques (ou uniquement Golfs 9 trous et plus) avec un périmètre de 20 kms à vol d’oiseau.
Bassin de population et foncier : deux données primordiales
Golf Planète a posé quelques questions à la Fédération Française de Golf, et plus particulièrement à son responsable cellule équipement, Simon Glinec…
Golf Planète : Que doit-on entendre par désert golfique? Pourquoi existent-ils encore aujourd’hui ?
Simon Glinec Ffg : Oui, il y a des endroits en France dépourvus de golf 18 trous, C’est tout simplement que le potentiel de joueurs n’est pas suffisant pour subvenir à la gestion (entretien, enseignement..etc) et à la vie de la structure. Concrètement le nombre d’habitants du bassin de population envisagé ou l’attractivité touristique ne sont pas assez élevés.
Un autre élément à prendre en compte est naturellement le foncier disponible : il est difficile de trouver une quarantaine d’hectares en Zone Naturelle. Enfin, la réglementation et les procédures sont complexes, que ce soit en terme d’aménagement, ou d’environnement. Rappelons à vos lecteurs que la Fédération met à la disposition de toutes les personnes intéressées un guide « Construire un golf » : https://www.ffgolf.org/Media/Files/Construire-un-golf-Edition-2021).
C’est pour ces raisons que la FFGolf s’est tournée vers le développement des petites structures qui permettent d’avoir des structures golfiques au plus près des joueurs en zone urbaine sur un foncier moins étendu, permettant aussi de répondre à la demande d’un jeu moins chronophage tout en faisant découvrir cette activité au plus grand nombre (scolaires, entreprises..etc).
Nous prospectons aussi sur les golfs à la montagne : l’espace n’y manque pas et les stations ont une forte capacité d’hébergement. Elles recherchent souvent des activités 4 saisons : cela fait sens d’un point de vue environnemental avec de l’eau en quantité plus abondante et des températures qui seront plus adaptées au gazon avec le réchauffement climatique.
GP : Pourquoi ne désigne-t-on plus les nouvelles structures sous l’appellation de « golfs publics », ce qui avait l’avantage d’ouvrir davantage l’image du Golf?
SG : Un golf public est un golf dont le propriétaire est une entité publique. Sur les 740 structures aujourd’hui affiliées à la Fédération, 260 le sont même si ce chiffre est en baisse. Chaque golf peut choisir le nom qu’il souhaite et faire apparaitre (ou non) cette appellation : 4 d’entre eux ont fait ce choix : Miribel-Jonage, Nivernais, Trois Vallons et Montceau.
Si par « public », on entend le contraire de « fermé », je pense qu’aujourd’hui, grâce aux travail des chaînes et de ces petites structures, l’image et la perception du grand public est en train d’évoluer.
GP : Pouvez-vous nous citer quelques exemples de clubs qui ont dû fermer au cours des dix dernières années ?
SG : Ont été radiés de la Fédération en golf en « 9 trous et plus » : Navarrenx (2021), Rouville (2020), Sologne (2020) , Clément Ader (2019), Bourganeuf (2019), Gascogne (2019), Saint Junien (2018), Abbeville (2018), Allauch (2017), Compiègne (2017), Céron (2016), Albi-Florentin (2016), Viver (2016), Maginot (2015), Belesbat (2014).
GP : Quelles sont les solutions pour « boucher les trous » et achever le maillage du territoire national ?
SG : Le 1er objectif, surtout suite à la crise de la Covid, est de ne perdre aucune structure existante. Il convient ensuite de :
1. Sensibiliser les organismes publics, les aider et les accompagner dans leur projet.
2. Continuer de développer la pratique du golf, si la demande est là, l’offre suivra !
3. Avoir des champions permettant de légitimer la pratique
4. Avoir une politique environnementale ambitieuse, claire et transparente.
Les projets de grands golfs sont très compliqués à aboutir. Certes nous les encourageons quand c’est possible mais nous pensons davantage aujourd’hui à l’extension des petites structures, avec une clientèle déjà existante. C’est ainsi que l’évolution des équipements se fera, nous semble-t-il, dans les meilleures conditions. »
L’ÉQUIPEMENT GOLFIQUE EST AU CŒUR DE CHACUNE DE NOS PRIORITÉS : IL DOIT PERMETTRE UNE PRATIQUE OPTIMALE DE HAUT NIVEAU, UNE ADAPTATION AUX NOUVEAUX MODES DE JEU MOINS CHRONOPHAGES ET PLUS ACCESSIBLES AINSI QU’UNE PRISE EN COMPTE DES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX VIA LA RÉDUCTION DE NOTRE CONSOMMATION EN EAU ET LA PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ
Pascal Grizot, président de la Ffgolf
Pour retrouver le dossier complet de la fédération sur la construction de golf : cliquez ici
Navarrenx (64) : les leçons à tirer de la fermeture récente d’un golf
Golf Planète s’est penché sur le cas du golf de Navarrenx dans le Béarn dont nous avions salué la naissance en 2019 et qui a fermé ses portes l’an dernier.
Situé d’un côté à quelques encablures de Pau avec ses deux golfs et de l’autre du 9 trous de Salies de Béarn, voilà un très bel endroit, avec un vrai parcours de 18 trous dessiné par Nicolas Joakimidès et doté de tous les équipements nécessaires à un bon démarrage d’activité. Et pourtant, le propriétaire a dû se résoudre l’an dernier à arrêter son activité, après moult efforts de toutes sortes et malgré la ténacité exemplaire de son propriétaire, Jean-François Cabarrouy que nous avons rencontré. Il convient de rappeler d’abord que son associé dans ce projet, Bernard Gassiot, avait malheureusement disparu au début de l’aventure.
Dans une région qui n’est donc pas à proprement parler un « désert golfique» et ne manque pas de structures golfiques, le village de Navarrenx possédait pas mal d’atouts pour réussir. Alors, que s’est-il passé pour qu’après 3 ans d’exploitation seulement, Jean-François Cabarrouy, le co-créateur du projet, ait dû se résoudre à mettre la clef sous la porte ? Son avis et son ressenti – celui d’un passionné qui a cru à son projet jusqu’au bout- mérite d’être écouté.
Nous le remercions vivement pour avoir consenti à nous parler, une décision pas évidente après une désillusion due à une accumulation de freins et de difficultés.
Golf Planète : Si les démarches furent compliquées pour atteindre votre but, l’ouverture d’un nouveau golf de 18 trous fut saluée de façon unanime et l’on est d’autant plus triste de constater que le modèle semble ne pas avoir fonctionné comme vous le pensiez. Pourtant, tout semblait avoir été imaginé parfaitement : étude de faisabilité en amont, équipements à la hauteur, prise en compte de l’aspect environnemental, tarifs attractifs, partenariat avec le réseau Golfy … ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Jean-François Cabarrouy : La présence d’un golf à Navarrenx n’a rien de particulier en soi, rien de surprenant si l’on prend en compte les spécificités du domaine sur lequel il a été aménagé, le bassin de population existant autour, les moyens de communication et beaucoup d’ autres atouts tels que le calme, l’absence d’urbanisation immédiate, la protection de la faune et de la flore etc.
La création d’un golf est chaque fois la réunion en un même lieu d’une foultitude de paramètres quasiment tous réunis à Navarrenx. C’est d’autant plus dommage alors d’en arriver là…
GP : Peut-on dire aujourd’hui que le golf a définitivement fermé ou étudiez-vous des solutions pour redémarrer l’activité ?
JFC : L’installation golfique persiste et est entretenue bien que non utilisée. Elle fait partie d’une domaine que j’ai mis en vente. Domaine contenant d’autres aptitudes qu’il ne m’a pas été possible soit de réaliser soit d’exploiter en raison de l’hostilité permanente de l’administration comme de la disparition brutale de mon associé et de la quasi-indifférence des élus à tous les niveaux. La poursuite de l’activité golfique dépendra bien sûr de l’acquéreur.
G.P : Dans l’interview que vous aviez accordé lors de l’inauguration à Golf Planète, vous disiez : « nul n’est prophète en son pays ». Aviez-vous un doute, une sorte de pressentiment sur le futur de votre investissement, comme si vous appréhendiez déjà les difficultés qui se sont présentées ensuite ?
JFC : Il est très dommage que les élus et les pouvoirs publics s’en soient désintéressés sans se rendre compte de la plus-value apportée à la région qui souhaite s’ouvrir au tourisme en mettant en valeur toutes les richesses qu’elle contient »
En somme, « désert » ou pas « désert », de la théorie à la réalité, avec ou à cause de la conjoncture incertaine, resteront toujours quoiqu’on fasse les aléas inhérents à la vie économique qui fait que rien n’est jamais acquis, jamais !
Golf Planète reviendra bientôt sur la construction de golfs en France avec notamment le témoignage de certains architectes.
Si vous souhaitez communiquer sur ce dossier, merci de prendre contact avec : roland.machenaud@golfplanete.com ou 06 13 41 07 09
Photos DR, Golf Planète et Ffgolf