Nous avons publié la semaine dernière la tribune libre d’un de nos lecteurs qui portait, de manière autant réaliste qu’humoristique, sur le pollution sonore sur les golfs.
Patrice Bernard, le président honoraire de l’Agref qui regroupe les intendants de golf de France, a bien voulu répondre à nos questions afin de nous éclairer sur ce problème et sur les solutions envisageables. Nous l’en remercions.
Concilier impératifs d’exploitation, personnel, jeu, respect du voisinage, compétitions, rapidité d’exécution etc !
Patrice Bernard : Le billet d’humeur de votre lecteur illustre parfaitement la situation contextuelle générale vécue dans d’autres domaines au quotidien.
Le principe de liberté d’expression engendre parfois une cacophonie invraisemblable avec des jugements avancés, quelquefois simplistes et réducteurs alors que leurs auteurs n’ont souvent qu’une vague connaissance du sujet évoqué.
La frénésie ambiante qui entoure le délicat sujet de l’environnement n’est que la résultante de ce genre de mauvais procès.
En effet, votre fidèle lecteur semble omettre, volontairement ou par ignorance, les incontournables contraintes et obligations qui concernent l’entretien et la préparation d’un espace d’une quarantaine d’hectares, quelquefois situés dans des zones urbaines ou semi-urbaines, et pour lesquels les gestionnaires des terrains doivent relever un véritable défi en conciliant : impératifs d’exploitation, jeu, respect du voisinage …
Un véritable casse-tête pour les employés des golfs nécessitant une organisation toujours plus complexe tout en essayant de faire au mieux ou au moins mal dans de nombreux cas : horaires de travail pour les salariés dans le respect des dispositions légales, planning d’utilisation du terrain, compétitions avec introduction trop souvent de formules de type « Shot Gun », effectif disponible, parc matériel mis à disposition … Et avec toujours le souci conjugué d’efficacité, de rapidité d’exécution dans les tâches à réaliser en évitant autant que possible, proximité et gène réciproque avec les pratiquants.
À l’exception de quelques structures à très gros budgets imposant une heure d’ouverture après 8 heures du matin, voire quelquefois plus tard … au trou n° 1 uniquement, il est alors quasiment impossible de ne pas imaginer une inévitable cohabitation entre personnel d’entretien et joueurs.
Dans de nombreux cas, au-delà de simples notions de bon sens et d’exigences toujours plus grandes, on soulignera, un problème sociétal plus grand, de nature philosophique relatif à des situations d’intolérances exacerbées souvent excessives.
Moteurs électriques : des avancées indéniables à des coûts parfois énormes
GP : Pour revenir à la pollution sonore, est ce une solution de mettre des machines électriques sur nos golfs ? Où en est on en France ?
Une connaissance réelle du sujet pour certains d’entre nous permet pourtant d’affirmer les progrès continuels conduits depuis des années par les constructeurs afin de minimiser au mieux cette notion de pollution sonore pour tous les équipements proposés.
Pour information, l’essentiel des matériels sur le marché est d’origine US (TEXTRON, TORO, JOHN DEERE). Tous répondent aux normes CE, obligeant dans certains cas les constructeurs à des conceptions différenciées pour le continent européen.
Par ailleurs, les avancées technologiques ont permis d’introduire depuis quelques années, à l’instar du parc automobile, des matériels hybrides mixtes , voire totalement hybrides (électrique ) : tondeuses à greens (simplex, triplex), véhicules de déplacement, voitures de golf (batteries Lythium) mais aussi des types de motorisation différents nouvellement introduits pour les matériels de plus gros encombrements mais où, cependant, des moteurs thermiques sont encore incontournables au regard des nécessités de puissances requises.
Là encore, si les progrès considérables s’accompagnent de performances indiscutables en matière d’une bonne gestion environnementale (lubrifiants totalement biologiques, nombre de décibels réduits, consommations plus faibles …), ces avancées sont souvent synonymes de montants d’investissements plus importants pouvant varier en certaines circonstances de près de 50 % !!!
A titre d’exemple, si l’achat d’une tondeuse triplex à greens est aujourd’hui estimée à + ou – 35 000 €, il conviendra de compter + ou – 62 000 € pour la même tondeuse hybride totale avec parfois, dans le second cas, la nécessité de doubler l’investissement suivant la configuration du golf ou sa situation géographique (capacités d’autonomies variables).
A ce titre et comme par heureux hasard, le magazine « Golfbusiness » annonce cette semaine l’acquisition de tondeuses triplex électriques par le R&A pour les prestigieux parcours de St Andrews (photo du haut)… Pas de quoi souffrir de la comparaison pour la quinzaine de golf français dont les premiers équipés depuis près de 10 ans déjà : Evian, Esery, Biarritz, Chiberta, le Golf National vraisemblablement très prochainement …
Comme dans la vie en général, au-delà de considérations purement idéologiques, les golfs font en fonction de leurs budgets, même si le confort de leurs salariés, de leurs clients et des riverains reste toujours présent dans leurs esprits et constitue un de leurs objectifs principaux.
On notera alors l’ambivalence ou plutôt les contradictions entre la difficulté très largement rencontrée de faire accepter par de nombreux golfeurs pratiquants une augmentation des abonnements ou des cotisations au-delà de 2 % annuels consentis et l’explosion phénoménale de certains investissements ou autres consommables essentiels …
Écologie et Environnement sont des sujets qui doivent être traités avec connaissance
au travers d’éléments scientifiques factuels et vérifiés
Comme souvent dans la vie, le traitement d’un sujet est conditionné par la prise en compte de fondements immuables : connaissances approfondies du sujet, réalisme, bon sens, moyens octroyés …
Il est alors nécessaire de pratiquer une parfaite corrélation entre ce qui pourrait paraître idéal et ce qui est raisonnablement possible ou concrètement réalisable.
Il conviendra alors, à ces très nombreux observateurs aux connaissances très élargies ou exhaustives, de réfléchir très précisément sur la portée de leurs pensées ou considérations dénuées d’éléments de connaissances suffisants au risque de semer trouble et faux problèmes dont le milieu du golf n’a pas forcément besoin.
Écologie et Environnement sont des sujets qui doivent être traités avec connaissance au travers d’éléments scientifiques factuels et vérifiés.
Je prends pour exemple un récent dossier publié dans un magazine sur l’aspect environnemental dans les golfs où contradictions et dissonances ne me paraissent pas correspondre à une vision réaliste et adéquate dans le cadre du développement de notre filière.
Pour cela, un comportement de raison et de bons sens devra conduire l’analyse faite par les protagonistes représentatifs d’institutions au risque, dans le cas contraire, d’introduire des discordances malheureuses et inopportunes.
Grâce au travail , peut-être insuffisamment connu du grand public , certaines organisations telles l’ AGREF ou d’autres institutions, l’Institut ECOUMENE GOLF ENVIRONNEMENT et la Commission Environnement FFG ont mis en place, depuis de très longues années, des travaux importants salués officiellement par les instances du R&A soulignant un engagement sans équivalent dans le domaine du Golf et de la préservation de l’environnement par rapport à la majorité des autres pays européens.
En ce sens, il me semble donc plus constructif de valoriser et soutenir une action d’intérêt général plutôt qu’entretenir initiatives et autres polémiques préjudiciables au développement du golf dans notre pays.
Un entretien avec Patrice Bernard
Courrier des lecteurs :
Voila un écrit plein d’humour sur les nuisances sonores golfiques ! Permettez à un vieux golfeur du Golf des Volcans de participer au futur débat.
Les Volcans, un havre de paix en pleine nature, sans maisons, routes ou autres autour, subit, bien entendu, le bruit des machines indispensables à sa « toilette ».
Heureusement l’organisation de ces travaux se fait, tant que possible, en évitant de gêner les joueurs et l’on voit souvent un « tondeur » de green s’arrêter pour laisser passer ces joueurs (surtout ceux qui disent bonjour et merci !).
Les solutions et impossibilités :
– Les horaires de jeu et ceux de travail : tout ne peut être fait avant l’arrivée des joueurs. Et, sauf événement exceptionnel (style Ryder Cup ou grand tournoi) la réalisation nocturne n’est pas envisageable.
– Le matériel électrique : la gestion financière des club est suffisamment tendue ( en ajoutant l’effet covid 19) et renouveler le matériel actuel , si même il existe en électrique, ne parait pas, sauf recette exceptionnelle, réalisable.
Le tout électrique, si en vogue actuellement, va se heurter à l’approvisionnement en énergie électrique, surtout si seuls vent et soleil en sont chargés.
Et puisque l’auteur parle de pollution sonore, il faut aussi parler de la pollution en amont de fabrication et en aval de recyclage des batteries.
Bref les golfs sont, comme tout autre sport, un savant équilibre de plaisir et de défauts !
Le rêve est gratuit.
Pardon pour le coté « terre à terre » de mon baratin !