Scottie Scheffler a été en mesure de terminer le PGA Championship, mais après son incroyable arrestation, le n°1 mondial va devoir (a priori) répondre à plusieurs chefs d’accusation assez graves. Il risque de la prison ferme. On essaie de vous en dire un peu plus sur ce qui attend le double vainqueur du Masters…
Le décès d’un homme de 69 ans, un résident du quartier qui travaillait sur le tournoi, renversé par un bus aux abords du Valhalla Golf Club, est évidemment l’évènement principal de la matinée du vendredi 17 mai à Louisville.
Ce drame de la route a provoqué des embouteillages gigantesques aux abords du parcours qui ont eu pour conséquence l’incident que l’on sait avec Scottie Scheffler, qui n’a évidemment rien eu à voir avec l’accident initial.
L’arrestation de Scheffler, ses 2h30 de détention, sa libération et son retour in extremis au club-house pour pouvoir jouer son 2e tour, ont davantage fait l’actualité aux États-Unis et ailleurs. C’est presque « normal » : il s’agit du n°1 mondial du golf, il s’agit d’un événement sportif de premier plan, d’un incident totalement inattendu et un brin surréaliste, et il y a derrière ce fait divers des nombreuses questions qui se posent.
On sait donc désormais à peu près tout de ce qui s’est passé pour en arriver à voir la photo « mug shot » (identité judiciaire) de Scottie Scheffler, vêtu de la traditionnelle tenue orange des prisonniers aux USA, et sa fiche d’arrestation circuler un peu partout sur les réseaux sociaux.
You could not make this up. The Scheffler mug shot pic.twitter.com/mZakr97SEr
— Jon Ralph (@RalphyHeraldSun) May 17, 2024
Pris dans les embouteillages, le joueur était en retard pour son tee time. Il a tenté de forcer un passage que lui a interdit de prendre un policier, il n’aurait pas compris les consignes, le policier l’aurait sorti de sa voiture, avant de le menotter, de le conduire à l’arrière de son véhicule puis de l’emmener au poste.
Le journaliste d’ESPN Jeff Darlington a tout vu. Sauf peut-être la tentative de passage en force de « Scheffler le conducteur » qui aurait renversé le policier en question, puisqu’il n’a jamais mentionné cette scène dans son récit. Et le policier n’avait pas activé sa mini caméra personnelle, alors qu’il est tenu de le faire lors d’une arrestation.
Scheffler devrait finir le tournoi
Vendredi matin, le double vainqueur du Masters a passé 2h30 sous les barreaux, en garde à vue (même si ce n’est pas le terme approprié pour les USA) avant d’être libéré et de pouvoir rejoindre le golf pour jouer son 2e tour, dont le départ avait été retardé non pas pour lui permettre de jouer, mais en raison des embouteillages monstrueux provoqués par le drame de la route aux abords du parcours.
Ce qui nous intéresse aujourd’hui, en tant que média de golf, ce sont les conséquences immédiates et futures de cet « incident » pour le meilleur joueur du monde. Scheffler a donc pu terminer le PGA Championship.
Mais dès mardi prochain puisqu’il a été convoqué par la police à cette date, il va peut-être devoir répondre à quatre chefs d’accusation plus ou moins graves :
– Agression au 2e degré sur un officier de police
– Méfait criminel au 3e degré (pour dégradation de matériel d’autrui)
– Conduite imprudente
– Non respect des feux de signalisation
Un risque de 10 ans de prison
On comprend tout de suite que l’accusation la plus sérieuse concerne l’agression sur le policier, qui aurait été renversé par la voiture du joueur et aurait été légèrement blessé au genou. Pour cela, Scottie Scheffler risque de 5 à 10 ans de prison. Ferme.
Mais avant ce scénario du pire, il y aura sans doute une procédure judiciaire… ou pas puisque c’est un procureur qui va décider si oui ou non des poursuites doivent être engagées. Or, l’avocat de Scottie Scheffler a d’ores et déjà clamé l’innocence de son client et, surtout, la libération d’un homme presque immédiatement après de telles accusations est inédite, si l’on en croit un spécialiste de la loi du Kentucky, David Barber, interviewé par Golf Digest.
« D’abord, pour qu’une agression soit considérée au 2e degré, c’est qu’elle doit être établie comme volontaire. Vues les circonstances, la pluie, l’obscurité, cela me semble difficile à envisager. Ensuite, si le juge qui a immédiatement été saisi avait estimé que l’accusé avait gravement et sciemment blessé le policier, jamais il n’aurait été libéré. Ce serait du jamais vu. D’une manière générale, on ne relâche pas quelqu’un qui est accusé d’une agression au 2e degré sur un représentant de l’ordre. »
Avec son flegme habituel, Scottie Scheffler n’a pas semblé très troublé par les évènements. Il a même plaisanté en conférence de presse sur les étirements qu’il a réalisés en prison, pour s’échauffer, et a remercié les policiers pour « leur professionnalisme».
Sans doute est-il assez confiant en ses capacités à pouvoir prouver son innocence, puisque le communiqué de presse publié par ses équipes de communication a évoqué un énorme “malentendu” avec les forces de l’ordre.
La suite au bon vouloir d’un procureur
On peut aussi imaginer que dans un pays où la police est souvent montrée du doigt pour ses brutalités, et plus particulièrement celle du Kentucky, qui a souvent été accusée d’actes de racisme, mais aussi avec un fait divers ayant pour cadre un événement sportif très médiatisé, entourant le n°1 mondial du golf, avec de très gros enjeux financiers et d’images pour la région, le procureur en charge du dossier se pose la question d’emmener cette histoire devant les tribunaux.
« Le juge qui a décidé de la libération de Scottie Scheffler avait sûrement la tête plus froide que celle du policier qui a arrêté le joueur, conclut David Barber dans les colonnes de Golf Digest. Les dégradations d’autrui concernent l’état du pantalon du policier, qui a des éraflures au genou… C’est le policier qui rédige le chef d’accusation. Mais c’est le procureur qui décide s’il doit émettre ensuite une assignation pénale. »
A ce stade, on parierait donc sur une belle amende pour Scottie Scheffler, peut-être pour une suspension de permis, éventuellement pour une condamnation à des travaux d’intérêt généraux et probablement pour un abandon de la charge d’agression sur le policier. Mais nous ne sommes que de lointains observateurs et avec la justice des États-Unis, on le sait, tout est possible…
© Handout / Louisville Department of Corrections / AFP