Au pays de la Silicon Valley, dans la grande banlieue de San Francisco, il n’y a pas une seule statistique qui échappe aux grosses boîtes manipulant l’algorithme quel que soit le sujet. Ailleurs, nous sommes abreuvés de ces chiffres jamais demandés, qui souvent ébouriffent, et des milliers d’autres dont l’intérêt est aussi profond que celui que nous portons aux neurones d’une huître.
Comment avons-nous fait pour survivre à l’ignorance des Masters se terminant par le chèque le plus riche de la saison remis au vainqueur, comme pour cette 86e édition en 2022, avec ses 2,7 millions sur la plus grosse des dotations (15 millions) ?
Avouez que vous étiez perdus sans cette connaissance. Savoir que Woods, habillé de vert à cinq reprises, partait à la chasse d’une nouvelle veste bienvenue pour être ajustée à son petit ventre de quadragénaire avancé, voilà une info des plus utiles, non ?
En fait, le vrai sujet touchait plus tôt à son retour au plus haut niveau après un passage par les Gueules Cassées, section infanterie de Verdun.
Un rêve s’éteint
Chaque golfeur est passé par tous les états du patron supputés en quatorze mois, sur l’idée-force « amputation ou pas? »
Quelle stat les chirurgiens ont-ils finalement lue pour un non consensuel, d’autant qu’il n’y avait aucun précédent ?
Et si Tiger, sorti du jeu au 3e tour de ce Masters, surtout plus par un froid mordant sur une brise soutenue, une météo qu’il subit mal, avait plutôt limité son écart en jouant dix coups de moins.
Tiger seul et unique
Il aurait pu alors être le premier et le seul gagner un Masters, en partant au 4e tour à cinq coups du leader, le seul avec six titres, le seul vainqueur unijambiste, le seul sur la plus haute marche après quatorze mois de soins, enchainant sa collection de titres majeurs, mais aussi le seul vainqueur de cinq titres à Augusta auquel le parcours a infligé un triple putt au N`1, puis un quadruple au N°5 et un double au N°18, ou 22 putts sur sept trous, pour une carte de 78 au 3e tour, très commentée. Bis repetita dimanche et l’exacte réplique de mon score d’un lundi matin dans l’autre siècle.
Mais hors deux compagnons irlandais et un brave caddie en couleur sur fond blanc, les statisticiens et leurs iPads d’enregistrement étaient absents. Si Tiger n’a jamais scoré aussi mal à Augusta, pour moi, c‘est tout le contraire. Chiffre pour chiffre, cette nouvelle d’importance aurait dû faire le tour du monde !
Le 10 du mois d’avril
En revanche, je peux vous dire que c’était en 1988, au lendemain d’un 10 avril parmi les onze qui ont vu jouer le 4e tour d’un Masters comme cette année, parmi les 39 éditions dont le 1e tour s’est aussi déroulé un 10 avril depuis 1934
Pour des stats complètes, notez que, parmi les gagnants des 10 avril, on est entre stars : Palmer en1960, Nicklaus en 1961, Watson en 1977 ou encore Tiger Woods, figurant inévitable de toutes les stats, en 2005 après un chip “tigerwoodsien” faisant école, noyant les espoirs de Chris DiMarco déjà défait avant de partir en play-off.
Si vous pesez les quatre Media Guides du Masters, du PGA Championship, de l’US Open, de l’Open plus le pavé du Players, ce sont six bons kilos revus annuellement qui encombrent l’esprit. Le journaliste “Made in the USA” en fait son beurre. Sans algorithmes, certains seraient à la ramasse.