Golf-Tourisme le long de la chaîne des Pyrénées : voilà le nom d’un produit nouveau d’itinérance Golf qui porte une ambition chargée de symboles forts et qui vient d’être testé grandeur nature par un groupe d’anciens internationaux de rugby, désormais reconvertis en golfeurs-voyageurs.
Quels sont ces cobayes de luxe ? Richard Astre, six fois champion de France avec Béziers, Bastiat et Romeu les deux Jean-Pierre du Grand Chelem historique de 1977, Jo Maso de Perpignan et Narbonne et de l’attaque en casoars et gants blancs, Gérald Martinez de Toulouse et du Racing et Jean-Claude Soula du club et du golf de Montchanin. Il y avait aussi le « Monsieur Golf de France », Jean Garaialde qui n’est jamais très loin dès lors qu’on parle rugby et qu’on commence une partie de golf par le Pays Basque.
Ils sont partis un lundi de Bayonne-Bassussary en Côte Basque pour arriver un samedi au golf de Saint-Cyprien en pays catalan. Ils ont joué sur les golfs de Lannemezan, de La Bastide de Sérou-Ariège, de Soldeu en Andorre, d’Aravell à La Séo de Urgell en Espagne. Et tous ces rugbymen étaient accompagnés par leurs épouses, golfeuses ou pas, ce qui est tout sauf anodin dans l’esprit de celui qui a eu l’idée de ce concept de golf-tourisme-France prochainement proposé à celles et ceux qui pensent qu’il n’y a pas que la petite balle blanche dans la vie d’un golfeur et d’une golfeuse.
Ce projet avait fusé il y a bien longtemps dans la tête de Henri Nayrou qui a été successivement rédacteur en chef de l’hebdo de rugby Midi Olympique, député, président de l’Ariège, créateur du golf public de l’Ariège en 1985 et du premier Eco-Golf de France inauguré le 14 avril 2014 à La Bastide de Sérou par le président Charon.
Destination commerciale déjà vue ou saugrenue ? Pas tout à fait. Les pass-golf existent bien-sûr dans notre pays mais ils prospèrent dans un périmètre restreint. Or le « plus » de cette nouvelle offre golfique a déjà enchanté les golfeurs-rugbymen et va faire flasher Français et étrangers
Golf Planète a rencontré Henri Nayrou qui nous a tout dit sur cette idée touristique.
Des parcours de golf sur « la frontière sauvage »
Golf Planète : D’où est venue cette idée ?
Henri Nayrou : Elle est venue d’un ensemble de constatations. Le golf est devenu ma passion, le développement a toujours été mon credo d’élu. De manière générale, j’ai voulu créer, innover mais aussi rassembler. Je l’ai fait à La Bastide de Sérou en faisant sortir de terre le golf de l’Ariège alors qu’on voulait m’enfermer, j’ai de tous temps rêvé de provoquer une étincelle connectant des fils trainant par terre. L’important étant de passer à l’action, seule finalité en politique.
Le premier à qui j’ai parlé de cette itinérance de golf le long des Pyrénées alors qu’on partait pour un pro-am au golf des Volcans à Clermont-Ferrand, c’est à Jean-Michel Aguirre, aussi expert en rugby qu’en golf. Une fois le golf en Ariège dans le scepticisme complet, je constatais qu’à l’écart des grands axes routiers, on captait moins l’attention. Et l’évidence avait jailli, il fallait se mettre ou dans une chaine pro, l’essai n’avait pas été concluant, ou dans une filière inter-régionale.
Ce qui a fait tilt dans ma tête, c’est que la chaine des Pyrénées m’a toujours envoûtée comme d’ailleurs la Cordillère des Andes. Encore aujourd’hui, il m’arrive de m’arrêter vers Tarbes ou Pau pour regarder au loin les pics du Midi d’Ossau et de Bigorre. En quelque sorte, j’ai relié les fils et voilà comme a mûri dans ma tête le projet de golf le long de la cordillère des Pyrénées.
Et puis, pour celles et ceux qui vivent loin des Pyrénées, c’est une image forte qui avait d’ailleurs été magnifiée par une campagne de pub qui avait eu un succès fou « La Frontière Sauvage «. Sur une longueur de 450 km, vous avez la liaison Océan-Méditerranée d’Hendaye à Cerbère, la route des grands cols pyrénéens magnifiés par le Tour de France et gravis par des cyclistes amateurs venus des 5 continents, et puis le GR 10 très fréquenté par les passionnés des hauts domaines qui est aux montagnards ce que les chemins de St Jacques de Compostelle sont aux pèlerins.
Je ne sais pas si mes amis rugbymen ont été envoûtés par les Pyrénées, ce que je sais, c’est que, le dernier jour au golf de St Cyprien, ils m’ont demandé quel et quand serait le prochain trip…
GP : Vous avez dit que l’idée était ancienne. Mais quand l’avez-vous concrétisée ?
Henri Nayrou : C’est vrai, je ne l’ai écrite qu’au printemps 2020 et cela pour trois raisons :
- fin 2019, je décide de me démettre de mon mandat de président de département. J’ai eu alors l’esprit libre et le temps de poser les bases du produit.
- je m’étais fait secouer par Bastiat et Romeu à qui j’en avais parlé un soir de bringue : « alors, ce voyage, on le fait quand ? « et je reconnais que ça m’a boosté.
- enfin, n’étant pas un génie, je m’étais intuitivement donné le temps de rassembler les pièces du puzzle pour que l’affaire ne se résume pas à passer simplement d’un golf à un autre sans regarder par en haut…
Parlons clair. Je n’ai rien inventé, tout existe, tout est en place, la guirlande des golfs, les voiturettes, les routes, les hôtels, les restos, les avions, les bagnoles de location, etc… Ne sont pas non plus à inventer les parties de golf en golf, déjà bien répandues mais plutôt en mode local ou régional.
Changement de paradigme dès le départ de ma réflexion, j’ai voulu mon projet plus inter-régional et même international avec l’Andorre et l’Espagne, pays de Pyrénées, de tourisme, de golf et aussi, il ne faut pas se le cacher, de moyens de promotion considérables à l’échelle européen. C’est d’ailleurs l’un des atouts de ce projet.
J’ai toujours souhaité un produit multi-formes, à dominante golf bien-sûr mais aussi fait de tourisme autour des divers terroirs, de culture, de visites de gastronomie, de rencontres impromptues et surtout porteur d’images : image de la chaine, j’en ai déjà parlé, image des terroirs traversés, image des cathédrales, des musées ou des grottes, image de la diversité des plaisirs de table…
J’ai déjà évoqué la présence des épouses dans notre voyage de septembre 2020. Dans les couples présents, trois n’étaient pas golfeuses et deux n’ont pas suivi les parties. Ces dames se sont promenées dans les villes traversées et aux alentours. Après ce premier voyage test, ces séquences tourisme-culture seront développées et diversifiés : ce sera alors top pour les compagnes de golfeurs invétérés… Je rappelle qu’il n’y a pas que le golf dans la vie, n’est-ce pas, Mesdames…
Bayonne-Bassussarry, Lannemezan, La Bastide de Sérou, Soldeu, Aravell, St Cyprien
GP : Racontez-nous votre voyage…
Henri Nayrou : Au tout début des préparatifs et après maintes consultations des familles Astre, Bastiat, Martinez, Maso, Romeu, Soula et Nayrou dont plusieurs avaient souhaité un jour de repos et de shopping le jeudi en Andorre, j’avais calé l’itinéraire sur Bassussarry en Pays basque, le plus ancien golf continental Pau, l’EcoGolf de La Bastide de Sérou en Ariège, Puigcerda en Espagne et St Cyprien en Roussillon. Un problème de greens palois m’a conduit à jouer à Lannemezan et nul ne s’est plaint.
Il avait été convenu que les deux golfeurs les plus compétents au niveau technique Richard Astre et Jean-Claude Soula édicteraient les règles de jeu et les compositions des équipes. On avait bien commencé à Bayonne-Bassussary par un scramble où j’ai eu le bonheur de jouer avec Jean Garaialde et JC Soula, on a moins bien fini en raison des obligations des uns et des autres, les Bastiat ayant les 3 premiers golfs et les Maso, les 4 derniers mais quelle importance…
On devait lancer l’opération le lundi mais, dès le samedi, il était des équipes qui avaient préparé le terrain, preuve que cette itinérance a aussi un impact économique, message adressé aux élus, genre entrées gratuites, sorties payantes…
Donc, le lundi, premier canter, premier photo de groupe devant le club-house de Bassussary avec Jean-Mi Aguirre, régional de l’étape mais contraint de filer à Niort pour une compétition inter-régionale. Agréable déjeuner chez Tono et premières conversations animées…
Le soir, nous avons été invités par JJ Lasserre, le président du Département Pyrénées-Atlantiques en son siège bayonnais où les histoires de rugby plus que de golf, ont enchanté notre amphitryon.
Le mardi dès potron-minet, la troupe était au golf de Lannemezan, accueillie par le président Michel Hucher. Promenade agréable, en scramble à 3 différent de la veille, cartes rendues avec difficultés on ne sait trop pourquoi et bonheur absolu au restaurant le Pré Vert, table très appréciée des golfeurs et des connaisseurs.
Départ du plateau de Lannemezan au galop car était programmé à 130 km de là le débat de rentrée rugbystique Midi Olympique dans lequel sont intervenus les champions invités aux fameuses Rencontres-en-Séronais, les Astre, Villepreux, Maso, Dintrans et consorts.
Et le soir, à la veille de ce 18e Open Souvenir-Robert-Paparemborde, ce bon Patou disparu en 2001, a lieu chez Victor à Castelnau-Durban, un diner à nul autre pareil. Les invités y trouvent des plats d’antan, les œufs-mimosas et du pot-au-feu en salade. Là n’est cependant pas la seule particularité de l’étape ariégeoise.
Effectivement , c’est depuis 2003 que je tiens à organiser chaque année cette compétition d’un genre très particulier puisque, selon le précepte de notre ami Jean-Pierre Rives, « les gagnants ne sont pas les vainqueurs… » Et c’est fort de cette maxime qui n’a pas cours à Saint-Andrews, priez pour lui, que j’ai remis les lots aux… gagnants, une tête d’isard empaillé au number on Astre et des jambons de chez Cazaux aux 3 grognards du Grand Chelem de 1977, le 2ième Romeu et les 3ièmes ex-aequo Bastiat et Cholley.
Le golf 18 trous du premier Eco-Golf de France ( je tiens à ce vocable et j’écrirais prochainement l’invraisemblable histoire de cette réalisation ) placé à pratiquement égale distance entre Océan et Méditerranée, aura toujours l’avantage d’être l’étape obligée de tout périple le long des Pyrénées. Et comme je connais un peu les lieux et que j’ai conçu le périple des « 6 jours, 6 golfs le long des Pyrénées, j’en ai calé l’un d’eux en Ariège, qui s’est terminé par un diner au restaurant de l’EcoGolf, offert par l’association des Rencontres en Séronais avec le concours de la présidente du Département de l’Ariège Christine Tequi. C’était cadeau pour les voyageurs.
Le jeudi en Andorre devait être, promis-juré, jour de repos et en plus, une pluie fine et une température frisquette y prédisposaient. Mais las, 5 téméraires, Patricia et Jean-Pierre Romeu, Annie Maso, Gérald Martinez et moi-même avons répondu ok à l’invitation de Enric Barbier directeur de la station de Soldeu, là où ont eu lieu les championnats du monde de ski alpin 2019. Montée en cabines à 2.200 mètres d’altitude, accueil super avec voiturettes sur un vrai 9 trous plein de va-et-vient de marmottes et requérant le plein de technicité clubs en mains, dont le somptueux trou n° 2 que j’évoque plus loin. C’est une étape à cocher sur les calepins du lectorat de Golf Planète mais faut-il préciser que ce golf n’est ouvert, ni en automne, ni en hiver et peu au printemps…
Quant aux non-golfeurs, ils ont sacrifié aux délices du shopping andorran aux vertus financières intéressantes avant que notre groupe ne se rende tout en haut de la capitale Andorre-la-Vieille où est placée l’ambassade de France. Grâce à l’entregent de mon vieil ami Jordi Marquet et du père de l’actuel premier ministre de la Principauté et président de la fédé locale de golf, Xavier Espot, le tout-nouveau ambassadeur M. Tribolet nous a reçus avec faste et sympathie en présence de la jeune et belle ministre des sports andorrane et de tous les medias du pays. Ainsi a-t-on fait la preuve que ces « 6 jours 6 golfs en Pyrénées « ne sont pas seulement des balades entre amis mais des actions tendance économie-tourisme. Dommage que la télé d’Andorre ne soit pas diffusée en France. En plus, on avait tous gardé les masques, sauf pour les photos en extérieur…
Et ce jeudi soir, on a fait un grand festin à la Borda del Avi, non loin de là où vivent les citoyens français Jullian Alaphippe et… Victor Dubuisson.
Vendredi, on devait golfer sur le vieux parcours ( 1927 ) du Real Golf de Puigcerda mais c’était le premier jour de la Diada, fête religieuse catalane qui fait monter vers les Pyrénées les riches de Barcelone membres de ce club huppé. Donc, direction le golf d’Aravell construit en 1996 avec des capitaux andorrans en territoire… espagnol près de la Séo de Urgell dont l’évêque est le co-prince d’Andorre avec notre président de la République, petit intermède d’histoire datant des siècles lointains.
Là, on a été reçus par le président du golf Antonio Rodriguez, un vieil ami et on ne s’est pas plaint de la Diada… Le parcours que j’avais joué en 2004 a vu sa qualité multipliée par 10 ou 20. Les Astre et Soula ont fait les équipes mais le bonheur était dans l’accueil, puis après les parties, dans le « pica-pica » offert par MM. Rodriguez et Espot en un beau moment de fraternité golfique.
En suivant, cap sur la côte via Puigcerda, la descente vers Prades, ville du premier ministre Castex, objectif Canet en Roussillon où Jo Maso nous a fait découvrir un super-resto très catalan Vigatante dans le vieux Canet, une belle manière de se mettre dans l’ambiance du pays, ultime étape de notre voyage le long des Pyrénées.
Dernier golf donc où nous ont reçu avec beaucoup d’égards le directeur Stephane Radzinski et le pro François Bagnouls. Long parcours, grosse chaleur, dernier repas pris dans la joie d’en avoir joliment terminé de la vie de nomades heureux et heureux de regagner les pénates de chacun. Les Soula sont remontés vers la Bourgogne, les Romeu et les Martinez vers l’Auvergne, les Maso vers leur maison de … Canet et moi, vers…Bidart, le voyage à l’envers de ce qui restera gravé comme un histoire de pionniers.
Devenir un des plus grands raids au monde, les clubs à la main
GP : quelles premières leçons tirez-vous de ce voyage ?
Henri Nayrou : Cela restera gravé pour les participants à cette première comme une histoire de défricheurs, pour ne pas pontifier en parlant de pionniers.
Et pour ma part, GO de circonstance, satisfait d’avoir bouclé ce périple initiateur, d’avoir respecté le deal de départ où chacun devait financer son voyage et où devront découler des enseignements propices à transformer une balade entre amis en produit golfico-touristico-économique en mesure de rivaliser avec les plus grands raids du monde, clubs en mains.
GP : Et la suite ?
Henri Nayrou : Laissons retomber la pression. Je sais où diriger nos pas. J’adresserai un rapport de circonstance aux collectivités placées le long de la chaine et donc directement concernées par le futur de ce produit. Une séquence qui prendra un peu de temps car des échéances électorales vont concerner les régions et les départements en mars 2021 mais je pense que le temps lié aux éléments économico-sportifs ne sera pas impacté par le temps politique.
Les plus beaux trous de la chaîne
GP : Enfin, pouvez-vous nous allécher en répertoriant les trous-cultes de chaque golf ?
Henri Nayrou : À Bassussary, on a mis le 12 en avant, qui ressemble à une piste noire de ski, vages inclus. A Lannemezan, nous avons élu le trou 6, un par 3 dans un cirque de verdure avec un couloir d’eau mais le club préfère mettre en avant le 5, long par 5 au-dessus duquel apparait la majesté du Pic du Midi de Bigorre.
A l’EcoGolf Ariège-Pyrénées, où aucun trou ne ressemble à un autre, je me permets de donner ma préférence, le 5 de plus de 500 m. avec un départ sur un dôme, dog-leg à droite et montée raide sur le green en plateau.
Le jeudi en Andorre, le parcours des 9 trous se targue de présenter le trou 2 en par 3 de… 195 mètres en plongée vertigineuse et d’où on admire le col d’Envalira où devrait passer le Tour de France 2021.
Cinquième étape, Aravell où le must est le 16, encore un par 5 juché sur un promontoire adossé à la roche et défendu en contrebas par un bunker et une piste très raide. Richard Astre y a fait le par.
Et ultime golf, celui de Saint-Cyprien, plat, long et chaud, avec un brin de tendresse pour le 18. Il faisait si chaud à côté de la Méditerranée version catalane !
GP : Un dernier mot pour l’accueil des 6 golfs…
Henri Nayrou : Trois nous ont invités, trois nous ont accordé des cadeaux tarifaires. On garde les noms de golf pour nous car on compte revenir… Et on rappelle que le deal était que chacun finance son voyage.
Photos Golf Planète, OT, HN, DR