Pour l’avenir de nos golfs durement touchés par la crise sanitaire, le marché touristique doit être au rendez-vous pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain. Mais où en sont justement les attentes alors que le déconfinement se met en place ?
Pour en parler, Golf Planète a rencontré, cette semaine, Damien Boyer, membre du service commercial international, spécialistes des marchés sports britanniques et nordiques, grand joueur de golf, qui a mené une enquête sur la réalité de ces marchés touristiques. Damien a répondu à nos questions.
Son étude passionnante livre une partie des réponses attendues après cette période anxiogène et inédite.
Profiter de la crise pour découvrir les golfs français
Vous venez de terminer une étude sur le marché touristique français du golf. Quels sont les principales conclusions de votre travail ?
Damien Boyer : À ce jour, ce n’est pas une surprise de dire que ce qui n’a pas été réalisé en termes de chiffre d’affaires sur mars, avril, mai et sans doute juin ne sera pas récupéré. En revanche, plus de 90% des réservations faites sur 2020 ont soit été décalée plus tard dans l’année soit repoussées sur 2021. Aujourd’hui, en attente des confirmations, nous avons une faible part d’annulations sèches. Pour avoir mené cette étude sur différents pays, et les plus importants du marché, nous pouvons constater une tendance similaire: les golfeurs veulent se retrouver pour aller jouer au golf. C’est finalement les réactions face à l’attente de la communication des informations officielles qui varient.
Par exemple, les Anglais, la plus grande nation du golf européen, réservent déjà leurs séjours pour 2020 et ont, pour la majorité, sécurisé leurs dates de 2021.
Quant aux Hollandais, que la crise n’arrêtera pas, ils attendent la communication gouvernementale officielle pour lancer leurs réservations. Ces derniers sont confiants mais ne prennent pas de risques. Parmi les 3 acteurs les plus importants de ces 2 pays, nous observons un pic de trafic sur leur page de la destination France de plus de 30%. Cela montre bien que les golfeurs étrangers ne sont pas abattus par la crise.
En ce qui concerne les golfeurs belges, plus séniors, ils sont encore indécis tant sur les mesures de déconfinement que sur leur exposition face au virus. Le pays est toujours dans un attentisme qui ne déclenche pas de nouvelles demandes à ce jour. En ce qui concerne le Groupe Barrière qui accueille beaucoup de golfeurs belges, nous nous attendons à un pic de demandes sur l’été pour la fin d’année.
Enfin, en France, pour les professionnels du tourisme golfique, il apparaît clairement que la tendance est au franco-français. Profiter de la crise pour découvrir les golfs français. Le Groupe Barrière a déjà commencé un travail de collaboration avec les agences de voyages françaises spécialisées golf pour accroître sa visibilité et cela commence déjà à porter ses fruits sur l’été 2020.
26 organisations touristiques contactées
Comment avez-vous mené votre enquête ?
Mon enquête a été menée par téléphone auprès des grands acteurs du tourisme français et internationaux. Mon réseau me permet de recueillir des informations par les plus concernés de chaque structure garantissant un retour au plus proche de la tendance actuelle.
J’ai pu contacter 26 organisations :
- 7 Agences de voyages spécialisées golf en France dont 2 agences dites DMC (Destination Management Company) française
- 4 Agences de voyages spécialisées golf étrangères (UK, Belgique et Pays-Bas) dont les 2 plus grosse européennes ayant la France dans leurs destinations les plus vendues
- 2 Agences événementielle française dont Swing que vous avez déjà interviewé
- 6 acteurs du tourisme golfique français avec lesquels nous travaillons conjointement à la promotion de la France comme destination golfique à l’international
- 7 collaborateurs opérationnels pour suivre la situation actuelle chez Barrière (La Baule, Dinard, Deauville, Le Touquet, Cannes) sur nos segments golf et hôtellerie
L’objectif était de prendre la température à tous les niveaux de l’industrie pour mieux comprendre les tendances de demain.
Notre art de vivre, notre gastronomie, notre Histoire cachent notre belle offre golfique….
Quels sont les atouts et les faiblesses de l’offre touristique française en matière de golf ?
C’est assez paradoxal mais la faiblesse de l’offre touristique golfique française réside dans son meilleur atout à l’échelle globale… En effet, la France est un des pays les plus attractif touristiquement avec, en son sein, sa capitale Paris qui a été la ville la plus visitée au monde en 2019.
Cependant, sur le plan touristique, notre beau pays est avant tout connu pour sa gastronomie, son histoire, son patrimoine viticole, son art de vivre etc… ne laissant que peu de place au golf pour briller.
C’est bien dommage quand on connaît nos atouts qui sont avant tout, nos golfs ! Chaque région de France peut faire office d’un voyage golfique telle que la Normandie (Deauville), la Bretagne (La Baule & Dinard), la Nouvelle Aquitaine (Bordeaux et Biarritz), la Côte d’Opale (Le Touquet) ou encore la région PACA (Cannes & Terre Blanche) sans parler de Paris bien évidemment… Et j’en passe !
J’invite les Français, en cette période de crise sanitaire à découvrir nos belles régions, ils ne seront pas déçus !
Groupe Barrière : 10 destinations golf, 10 000 nuitées, 75 golfs partenaires, des green-fees offerts
Vous faites partie du groupe Barrière qui est un des fleurons de l’industrie touristique française. Quelle est votre positionnement sur le marché touristique golfique suite à cette crise ?
En France, Barrière est le premier générateur de séjours golf avec hébergement, quasiment 10 000 nuitées.
La tendance sur 2020 pour les golfeurs français étant un tourisme national, nous allons capitaliser là-dessus.
En effet, même si le Groupe Barrière est très connu pour son offre hôtelière, casinos, restaurations ou thalasso & spa, l’offre golf ne connait pas la même renommée.
Le groupe Barrière compte à ce jour 10 destinations golf en France et au Maroc, 3 golfs propriétaires et plus de 75 golfs partenaires (tels que Le Golf National, Etretat, Dinard, Le Touquet, Terre Blanche, Kempferhof, les golfs UGOLF et quelques golfs associatifs de renom).
Lorsqu’un golfeur réserve une chambre dans l’un de nos hôtels il a un green-fee inclus sur nos propres golfs mais aussi sur nos golfs partenaires.
Nous nous chargeons de la réservation du green-fee et les partenariats de longue date avec les golfs nous permettent d’avoir un prix très attractifs (en direct ou via les agences spécialisées).
Dormir chez Barrière c’est découvrir les golfs de la France entière ! Nous avons mis en place des offres très attractives afin de relancer l’activité du tourisme golfique avec notamment des nuits et/ou des green-fee offerts pendant le séjour.
Le golf s’adaptera : à nous d’être inventif pour mieux rebondir !
Y aura-t-il un « après » différent dans le secteur du tourisme ? et du golf ?
Cette crise est mondiale, il y aura forcément un « après » COVID-19. Les événements marquants changent les habitudes de consommations obligeant les professionnels ainsi que les institutions à s’adapter.
En revanche, il est trop tôt pour dire quand dans quel sens cela va évoluer. À court terme, le tourisme sera local et les prestations de services inédites. Même si cette crise est sanitaire il y aura clairement un changement sociologique et relationnel entre le client et le prestataire.
Concernant le golf, il a perdu son centre névralgique qu’est le club-house. Il est un élément essentiel à la vie du golfeur et la sociabilité qu’apporte ce sport. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le « 19ème trou ». Dans la pratique sportive, le golf s’adapte mais n’est pas déboussolé par cette crise sanitaire. Les directeurs de golfs doivent cependant trouver de nouvelles façons de créer du lien entre leurs membres ainsi qu’entre le personnel et les golfeurs.
Au golf Barrière Deauville, nous avons mis en place une voiturette bar qui est une belle réussite sociale et économique. C’est un service banal pour les américains mais qui n’avait pas encore conquis la France. Chaque crise est synonyme de danger mais également d’opportunités, à nous d’être inventif pour mieux rebondir.
Le golfeur n’aura jamais autant montré sa passion : nous sommes confiants
Sur quoi s’appuyer pour garder des lueurs d’espoir ?
Une chose est sûre, le golfeur n’aura jamais autant démontré sa passion pour son sport. Étant tombé dans la marmite du golf étant petit, je suis toujours étonné et agréablement surpris de la passion des golfeurs que ce soit en France ou à l’international. Nous pouvons compter là-dessus en premier lieu; le golf a manqué aux golfeurs. Il y a une réelle envie de leur part de reprendre les chemins des fairways et de partager de bons moments entre amis, familles ou simplement faire des rencontres.
D’autre part, 2 mois sans un golfeur sur un golf, les parcours ont pu être traités aux petits soins par les équipes de greenkeeping. Nous pouvons donc compter sur une excellente qualité des parcours dans la France entière. Pour Barrière, Deauville a pu parfaitement se remettre des rénovations faites en 2019 et à La Baule, qui accueille la Coupe Gounouilhou cette année, le parcours promet d’être le mieux préparé possible.
Enfin, entre acteurs du tourisme golfique, cela fait maintenant plusieurs années que nous œuvrons à la promotion de la France comme destination golf au niveau international. Cette crise n’a fait que renforcer nos relations et notre détermination pour attirer le plus de golfeurs étranger en France. Le marché du tourisme golfique reprendra plus rapidement que la clientèle séminaire que cherchent en premier lieu la plupart des hôteliers, et cela a déjà commencé. Les demandes affluent et nous sommes confiants pour l’avenir.