Michel Niedbala est architecte de golf. Sa dernière réalisation, le Golf International de Roissy, a été salué aussi bien par les spécialistes que par les amateurs. Il publie aujourd’hui un livre que tout passionné de golf, de nature et d’architecture se doit de lire, lentement. Au pas mesuré que nécessite la découverte d’un parcours ou d’une région naturelle.
Michel Niedbala, 69 ans, ingénieur TP, s’est lancé dans l’architecture de golf par passion, après avoir été dirigeant dans deux entreprises de construction de parcours de golf, plus particulièrement sur l’Europe pour la dernière, au contact de prestigieux architectes de golf pour la plupart américains : Robert Trent Jones Senior et Junior, Jack Nicklaus, Arnold Palmer, Gary Player, et pour Bob Von Hagge qui était devenu un de ses grands amis à Seignosse, au Kempferhoff et au Golf National.
Il aime répéter que « La conception d’un parcours de golf, telle que je la prône, s’inscrit en priorité dans son époque et donc est directement influencée par l’évolution que ce sport subit ».
Mais il aime également, revenir vers les anciens et rappeler que Tom Simpson écrivait : « Saint-Andrews est l’idéal à suivre dans toute construction de parcours de golf. Le parcours est difficile, non parce que les bunkers sont placés de manière à récolter les mauvais coups, mais parce que le résultat de ce mauvais coup engendre un coup suivant beaucoup plus difficile qu’il n’aurait pu l’être autrement ».
Golf Planète a rencontré Michel Niedbala et a échangé avec lui sur son travail d’architecte de golf aujourd’hui.
L’architecture de golf moderne est récente
« Le golf est un cadeau de Mère Nature. Il faut œuvrer « avec » plutôt que « sur » », écrivez-vous d’entrée de jeu dans votre livre. En parlant d’eucharistique et d’entité relationnelle. Pouvez-vous préciser cette mise en perspective de votre travail d’architecte de golf ?
Créer, c’est s’abandonner à ce premier instant où l’on va prendre possession de l’espace pour apprendre et comprendre toutes ses diverses natures… Le vivre… Par cette immersion, le lieu parle et exprime ainsi son histoire avec laquelle je vais interagir pour la faire évoluer vers sa nouvelle destinée.
Pour imager cette démarche créative, elle correspondrait à une substance malléable, qui aux mains de mon esprit va se modeler, s’insérer, se développer pour au final se confondre le plus intimement possible avec Dame Nature.
Vous avouez de pas savoir ce qu’est une bonne architecture de golf mais savoir la reconnaitre par contre. Alors comment nous aider à la deviner aussi ?
Cela relève d’un sentiment, de sensations, d’une plénitude ressentie… Il ne s’agit pas d’une analyse ou de connaître des clefs de critiques, mais d’un vécu qui vous enveloppe d’un bien-être que l’on ne soupçonne pas, que l’on n’attend pas.
Les sociétés humaines marquent de leur empreinte le paysage qui devient un symbole culturel. Comment alors interpréter les traces laissées par Simpson ou Colt, par Nicklaus ou Dye, par Faldo ou les européens d’aujourd’hui dont vous ?
L’architecture de golf moderne est récente, elle date du début du 20ème siècle, avec l’avènement des industries, ce qui crée un corollaire avec l’industrie du golf où les parcours se sont « normés » pour répondre à l’évolution grandissante du nombre de pratiquants, du matériel, des techniques, etc…
Nous sommes encore à la genèse de cette jeune « industrie » du sport et du loisir, et le symbolisme culturel des parcours de golf dessiné par ces architectes reflète ce 20ème siècle industriel…
Aujourd’hui, au 21ème siècle, l’évolution nous conduit vers un retour aux racines, avec une forte prise de conscience de la valeur « Nature ». Sans oublier, le digital qui est la nouvelle (r)évolution dans ce domaine et qui va développer de plus en plus l’intérêt pour ce sport-loisir, mêlant la nature et le virtuel/digital.
Le golf et la nature sont un seul et même lieu
Que trace votre crayon pour que le golf ne soit pas un jeu de non-choix ?
Cela fait partie de cette part innée que certains possèdent et que je cultive pour assoir des lieux et des ambiances propices à la réflexion, aux challenges et aux décisions. Chaque parcours de golf porte en soi une grille de lecture de celui-ci par le pratiquant. J’aspire à fournir au dit pratiquant des options que lui-même lira et jaugera.
L’idée est de ne pas tomber de la stéréotype d’un parcours de golf, où l’usage de 3 ou 4 clubs suffirait. Quel ennui… !
L’écologie est-elle vraiment une valeur séculaire du golf ?
Le golf et la nature sont un seul et même lieu.
La naissance du golf et son développement s’est déroulé sur des sites, où la nature a elle-même offert l’opportunité d’imaginer et d’exister à ce sport-loisir.
Quand on construit un parcours de golf, comment faire face aux intérêts politiques et économiques ?
Le golf est un espace vert économique, et une mise en réserve d’une zone verte durable par cet aspect économique… Ce qui contribue grandement à l’établissement du bien-être social au sens large du terme. Ce qui conjugue des intérêts économiques et politiques vertueux.
Votre dernière réalisation a été le golf international de Roissy : quel en ont été les grands principes directeurs ?
Je développe dans mon livre « L’Architecture de Golf est l’Art d’Aimer la Nature » tous les détails des principes directeurs de ce projet de Roissy-en-France.
Mais essentiellement, l’ambition est de protéger 90 hectares d’espace vert de la Commune d’une manière durable (voir ci-avant) pour éviter une évolution vers des zones immobilières (il existe une pression foncière énorme sur Roissy du fait de l’aéroport), de recycler les eaux pluviales de la Commune en les dépolluant et en réutilisant cette eau pour l’arrosage du parcours de golf, et ainsi contribuer à recharger les nappes phréatiques, tout en préservant en aval du golf les habitats d’inondations par la retenue des eaux en amont dans des bassins (retenues d’orages).
Bien entendu, socialement, permettre l’accès à tout un chacun à ce sport-loisir, en portant plus particulièrement l’effort sur les enfants (un programme de 1000 scolaires initiés au golf par an est opérationnel).
Les 3 règles : l’expérience, l’expérience, l’expérience
Combien coûte la construction d’un golf aujourd’hui ?
La question n’a pas une réponse, mais des réponses aussi nombreuses que le nombre de golfs lui-même…
Seule une étude sérieuse par un professionnel aguerri peut garantir de fournir une estimation.
Je rajouterai qu’elle correspondra bien évidemment à l’ambition du projet à répondre au plus près au marché pour être viable et durable.
Bien entendu, tout projet aujourd’hui, développe une approche environnementale à 360°. Il est curieux d’ailleurs de constater souvent que dans ce secteur d’activité, nombreux se déclament spécialistes de ces aspects, sans en avoir, malheureusement, les compétences...
Quelle serait la première recommandation que vous adresseriez à un jeune architecte « pour qu’il fasse bien dès la première fois « ?
Il y a trois règles : l’expérience, l’expérience, l’expérience… La première fois où j’ai utilisé un crayon pour tracer un parcours de golf, j’avais déjà plus de 20 années de construction de parcours de golf derrière moi, en côtoyant des architectes prestigieux et des projets d’ampleurs diverses. Là, se situe l’école du « faire bien dès la première fois ».
Le livre est en vente en contactant Golf Optimum par email : contact@golfoptimum.fr
Le prix est de 75 €
Les frais d’envoi sont de 10 € pour la France métropolitaine, 20 € pour les pays de l’UE, 45 € pour UK, US et tout autre pays dans le monde
Les détails seront donnés dans l’email confirmant la commande.