Le deuxième volet de notre enquête sur le recyclage des eaux usées traitées pour l’irrigation des golfs donne la part belle aux institutions en contact direct avec le problème soulevé :
– d’abord la Fédération Française de Golf : son directeur général, Christophe Muniesa, nous explique pourquoi cet enjeu de l’eau est un défi primordial à relever et comment il a imaginé avancer rapidement et concrètement en lien avec d’autres acteurs du secteur
– ensuite, une Agence de l’eau, acteur majeur de la transition écologique. Aude Witten, directrice générale adjointe de l’Agence Adour-Garonne, nous a confirmé la nécessité impérieuse pour les golfs de se doter de ce « nouvel » outil, d’autant plus qu’ils ne sont pas les seuls à pouvoir en bénéficier.
Le troisième et dernier volet présentera quelques exemples d’utilisation raisonnée de l’eau à l’étranger.
Par Denis et Roland Machenaud
Les trois axes majeurs de notre engagement sur la Transition écologique
Golf Planète : La Fédération Française de Golf, dans sa politique volontariste concernant la transition écologique, développe plusieurs actions concernant l’utilisation de l’eau dans les golfs. Pouvez-vous nous en rappeler les grandes lignes ?
Christophe Muniesa : Tout d’abord, la stratégie de la ffgolf, en matière de respect de son environnement, est de sensibiliser les golfs, les joueurs, et l’ensemble des publics sur le fait que nos parcours sont par essence d’une part des réservoirs de biodiversité et d’autre part des stades de compétitions de sport de haut niveau olympique qui permettent de préparer nos sportifs qui font notamment rayonner la France tous les 4 ans.
Ainsi, pour préserver ces 2 éléments fondamentaux de notre ADN, nous avons besoin d’eau, même dans des quantités minimes.
Pour en venir à notre engagement pour la transition écologique, nous avons choisi d’agir concrètement et directement sur les 3 axes majeurs liés à notre activité :
– En premier lieu, la biodiversité qui subit directement les effets du changement climatique mais aussi de l’urbanisation et de l’artificialisation des sols. C’est dans cette objectif que la ffgolf s’est engagée depuis le début des années 2000 aux côtés du Muséum national d’Histoire naturelle dans un programme de labélisation des golfs, qui est de plus soutenu par le R&A et l’Office Français pour la biodiversité
Tout le monde comprend assez bien en regardant une photo aérienne d’un golf tel que Biarritz ou Mandelieu – pour ne citer que des exemples de golfs emblématique – que si ces parcours avaient dû disparaitre, ils auraient été remplacés par des zones urbaines artificialisées.
Sachez que c’est Maximilien Lambert qui pilote le déploiement de ce programme au sein des effectifs de la ffgolf.
Un golf c’est avant tout un espace naturel à préserver. 120 clubs sont déjà engagés dans ce programme de labélisation et nous devrions atteindre 200 clubs dès 2024.
– ensuite, il y a un enjeu fort concernant la réduction en matière d’utilisation de produits phytosanitaires et d’intrants chimiques de synthèse. Cette démarche fait échos à l’évolution de la législation tant à l’échelle Européenne que Nationale, avec les limites fixées par la loi Labbé 2 qui imposera aux golfs comme aux autres pelouses sportives de se passer de produits phytosanitaires dès 2025. Je vais revenir sur ce point.
– enfin, last but not least comme disent nos amis britanniques, le cœur de l’action de la ffgolf en 2023 est de continuer d’accompagner les golfs vers une utilisation raisonnée et toujours en diminution de la ressource en eau jusqu’à ce que nous soyons en mesure de n’utiliser que ce qui est nécessaire et suffisant pour que la plante (le gazon) ne meurt pas. Pour ce faire, nous avons étoffé nos équipes. Ainsi un « chargé de mission eau », Julien Cabanes a été recruté mi-février. Il travaille sous l’autorité de Gérard Rougier, directeur de notre Direction Territoire et transition Écologique et aux côtés des élus de la ffgolf, dont Sylvianne Villaudière, vice-présidente de la ffgolf en charge de la Transition Écologique.
« Chaque golf peut prendre conseil auprès de nous pour trouver la solution »
Les missions de Gérard et de Julien sont simples et concrètes. Il s’agit d’accompagner et de conseiller les golfs sur toute question relative à la gestion de l’eau. Pour ce faire, ils travaillent au quotidien, avec les industriels de l’eau (Veolia, Suez…) avec les pouvoirs publics (Ministères, Préfectures…), les Collectivités Territoriales et Locales, ainsi qu’avec les agences de bassin, et sont épaulées par des agences expertes (Allenvie Solutions).
Chaque club peut prendre conseil auprès de la ffgolf afin trouver la solution adaptée à sa problématique et à son territoire.
En parallèle, nous travaillons beaucoup avec les pouvoirs publics pour faire évoluer la réglementation sur l’accès aux eaux traitées et réutilisée. Ce qu’on appelle la REUT ou REUSE. Dans le sillage des annonces gouvernementales, des évolutions devraient voir le jour dès cette année, afin d’assouplir les possibilités d’utiliser ce qu’on appelle aussi ces « eaux grises ». Certains golfs y ont déjà accès de manière expérimentale et nous avons recensés des « études de cas » qui démontrent que cette solution peut être pertinente pour un nombre significatif de clubs implanté à proximité d’une usine de traitement des eaux usées.
Parmi les exemples les plus emblématiques, on peut penser au golf de Dinard, de Saint-Laurent Ploemel et du Bois-Guy en Bretagne, ou encore à Cannes Mandelieu, au Golf de Bressuire dans les Deux-Sèvres…
Pour d’autres golfs, ce sont d’autres dispositifs qui devront être mis en œuvre, tels que la récupération des eaux de ruissellement. Dans l’immense majorité des cas, des solutions existent. Certaines solutions doivent être « mixées » et requièrent d’autres types d’opérations telles que le changement des graminées.
Dans tous les cas de figure, les équipes de la ffgolf, en lien avec les acteurs de la filière et notamment l’AGREF ainsi qu’Ecoumène, sont là pour aider les clubs.
L’action de la ffgolf n’a pas vocation à se substituer à celles de cabinets experts mais doit aider les clubs à faire le bon diagnostic. À se poser les bonnes questions.
Le choix des graminées est complexe
GP : Dans le domaine des graminées, quelles sont les tendances observées aujourd’hui ?
CM : La question du choix des graminées est complexe. Ce choix est fonction de données géographiques, géologiques, climatiques….
En France, on trouve beaucoup de pâturin annuel. Chaque graminée possède ses avantages et ses inconvénients, mais la recherche et l’expérimentation a démontré que si l’on choisit la graminée adaptée à son terrain, on va pouvoir économiser de l’eau et disposer de surfaces de jeu de qualité plus résistantes aux maladies.
Face aux effets du changement climatique qui s’accélère et des restrictions en matière d’utilisation de produits phytosanitaires, il est fondamental que les golfs s’interrogent aussi sur ces questions et que la ffgolf puisse les accompagner dans leurs choix.
C’est la raison pour laquelle, nous avançons dans trois directions :
– avec le soutien financier du fonds de dotation FFgreen créé par les acteurs de la filière golf et le programme Ecophyto piloté par l’OFB pour le ministère de la transition écologique, nous mettons en œuvre avec l’institut écoumène des expérimentations sur un échantillon de golfs pour engager ce qu’on appelle « une conversion de flore ». Il s’agit de remplacer les graminées par d’autres d’une autre espèce. Dans certains clubs, ça a donné de bons résultats. Cette technique pourrait se généraliser dans les années qui viennent.
– Après cette phase de tests, si cette approche s’avérait concluante – ce que nous pensons- nous voudrions « industrialiser » le processus. Pour ce faire, nous devons implanter des gazonnières en France de taille assez importante de l’ordre de 30 à 40 hectares. Ceci nous permettra de minimiser les coûts pour les golfs. A l’heure actuelle les seules solutions existantes sont au Royaume-Uni. Le transport est à la fois couteux et pas vraiment écologique…
Nous travaillons actuellement avec la Région Ile de France, qui est le propriétaire de l’Agence des Espaces Verts (AEV) pour identifier une zone permettant d’implanter ce type de gazonnières. Il existe de nombreuses sortes d’agrostides, mais les premiers retours d’expérience semblent démontrer que ce sont ces espèces de graminées qui sont les plus adaptées aux besoins des golfs de l’hexagone.
– Les golfs bientôt privés d’accès à l’achat de la plupart des produits phytosanitaires, doivent également faire évoluer leurs méthodes d’entretien des parcours. Pour le dire de manière volontairement simpliste, il faudra réaliser plus d’opérations mécaniques et utiliser moins – voire plus du tout – de produits chimiques. Là aussi, il faut passer par la case recherche et expérimentation. C’est la raison pour laquelle, sous le pilotage opérationnel de Gérard Rougier, en lien avec l’AGREF et Écoumène, et en partenariat avec d’autres sport de gazons (Football, Rugby, sports équestres notamment), nous avons décidé d’implanter au Golf National, le Consortium National de Recherche sur les Gazons Sportifs.
Nous travaillons sur ce projet depuis 18 mois, en lien avec de grandes institutions du monde de la recherche, et plus particulièrement avec l’Université Paris Saclay, l’ITBA, l’ENRAE et le CNRS.
La Fédération joue un rôle d’éclaireur pour les clubs de golf
GP : Si un directeur de golf souhaite aujourd’hui s’informer et agir en matière d’eau, quels sont les conseils que vous lui donneriez en priorité ?
CM : La première chose à faire c’est d’aller sur son Minitel et de taper 3615 ffgolf !
Plus sérieusement, les clubs ont désormais le réflexe de s’adresser à la fédération qui joue le rôle « d’éclaireur » sur ces sujets.
Nous disposons d’une équipe dédiée et travaillons en étroite collaboration avec les autres acteurs clefs de la filière, les agences de bassin, les industriels de l’eau et les cabinets d’experts.
Dès l’année 2023, nous mettrons à la disposition des clubs un nouveau service de « pré-audit » permettant d’effectuer un diagnostic initial pour les clubs qui en feront la demande. La ffgolf n’a pas vocation à se positionner en concurrence avec un cabinet spécialisé, mais elle doit éclairer la voie en prêtant main forte à ses clubs affiliés, afin de les aider à faire face à ces enjeux importants pour l’avenir de la pratique de notre sport favori.
Donc, pour conclure d’un mot, les dirigeants de clubs peuvent s’adresser à notre Direction Transition Écologique qui les aiguillera au mieux dans les démarches qu’ils souhaitent entreprendre.
Contacts :
gerard.rougier@ffgolf.org
maximilien.lambert@ffgolf.org
julien.cabanes@ffgolf.org
De l’eau « facile », on est passé à une eau « difficile »
En France, 24 golfs pratiquent aujourd’hui la réutilisation des eaux usées. On considère que sur le littoral en particulier, 100 golfs sont potentiellement en mesure de le faire. Idem en Occitanie par exemple où 100 structures golfiques en zone péri-urbaine pourraient également se raccorder à une station d’épuration.
Aude Witten, directrice générale adjointe de l’Agence de l’eau Adour-Garonne a confié à Golf Planète sa vision de l’utilisation de l’eau dans les golfs.
Golf Planète : Pourquoi aujourd’hui n’y a-t-il pas plus de golfs en France qui utilisent les eaux usées pour leurs ressources en eau et diminuer leur consommation ?
Aude Witten : La réutilisation des eaux usées traitées a commencé à être considérée en France à partir des années 90 avec la parution des Recommandations du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France et de l’OMS. Ces Recommandations définissent des qualités d’eau en fonction des usages et donnent effectivement un cadre administratif d’instruction des dossiers. À l’époque, des acquisitions de connaissances sont opérées sous forme de suivis (analyses) sur quelques golfs des façades atlantiques et méditerranéennes, de tests de traitements tertiaires. Elles permettent d’appréhender certains aspects : bactéries résiduelles sur tontes de gazons, mélange eaux traitées/eaux pluviales dans lac/stockage tampon paysager, prise en compte de la fertilisation amenée par la réutilisation dans le plan de fumure des greens, fairways, départs, espèces végétales adaptées aux phénomènes climatiques, comptages consommations…. L’absence de rénovation de la réglementation dans les années 2000 a pénalisé l’élaboration des dossiers jusqu’à la parution en 2010 de l’arrêté du 2 août 2010 modifié le 25 juin 2014 relatif à l’utilisation d’eaux issues du traitement d’épuration des eaux résiduaires urbaines pour l’irrigation de cultures ou d’espaces verts.
L’absence d’épisodes récurrents de sécheresse et le prix relativement bas de l’eau n’ont pas incité dans un premier temps les golfs à se lancer dans une nouvelle pratique : ils ont poursuivi leurs campagnes d’irrigations au travers de forages, de raccordement AEP ou de prélèvements dans les eaux de surface.
La Fédération Française de Golf s’inscrit aujourd’hui dans un programme d’économies d’eau dont les actions sont financées par les agences de l’eau. L’avènement de périodes de sécheresse (avec les mesures de restriction d’usages d’eau consécutives) à partir de 2017 et leur médiatisation, le relèvement des prix de l’eau et les besoins croissants en eau potable des collectivités contribuent à un changement de paradigme : de l’eau « facile » on passe à une eau « difficile » (quantitativement, avec conflits d’usages) à mobiliser à certaines périodes de l’année.
La réutilisation des eaux usées traitées peut provoquer des réactions très contrastées, entre l’attrait des opérateurs pour ce nouveau marché, l’intérêt de certaines collectivités pour pallier des situations de tension, les précautions prises par les agences régionales de santé (ARS) et la volonté d’encourager des pratiques conduisant à une consommation plus économe de la ressource.
GP : Est-ce si compliqué que les obstacles administratifs et financiers empêchent d’aller vers cette solution qui paraît tout à fait adaptée à la problématique actuelle ?
AW : La réutilisation des eaux usées traitées est prévue par la loi sur l’Eau dès 1992 mais en pratique, la réutilisation eaux usées traitées réclame un réel engagement politique sur la durée. C’est une solution qui nécessite une mise en œuvre dans des conditions maîtrisées d’utilisation, ce qui nécessite une évolution des pratiques :
– mise en place de nouveaux équipements : traitement tertiaire des eaux usées traitées, stockage tampon, plan d’irrigation / zonage de l’irrigation selon les habitations à proximité (investissements significatifs)
– montée en compétence nécessaire pour la direction du golf, le green keeper etc avec l’ajustement notamment des modalités de fertilisation
– mise en place de nombreuses études (qualité des eaux et impacts sur le gazon, etc.) pour assurer la viabilité du projet et constituer le dossier de demande d’autorisation ainsi que le suivi analytique en routine
– conventionnement avec le producteur d’eaux usées traitées (collectivité, délégataire de services, régie, …)
– étude de la rentabilité de la solution qui n’est pas forcément avérée à un instant T selon les investissements nécessaire et la distance entre la station d’épuration et le golf.
Les signaux sont au vert pour se lancer !
GP : Le règlement européen 2020/741 du Parlement et du Conseil du 25 mai 2020 relatif aux exigences minimales applicables à la réutilisation de l’eau à des fins d’irrigation agricole (accompagné d’une Communication de la Commission énonçant des Lignes directrices visant à soutenir l’application du règlement (UE) relatif aux exigences minimales applicables à la réutilisation de l’eau (2022/C 298/01) parue en aout 2022) semble apporter un progrès de simplification pour les structures désireuses de s’équiper d’un réseau. Qu’en est-il précisément ?
AW : Le règlement européen de 2020 fixe des exigences relatives à la réutilisation des eaux usées traitées à des fins d’irrigation agricoles. Ce règlement doit être transposé en droit français d’ici juin 2023, ce qui va impliquer une refonte de l’arrêté du 2 août 2010 relatif à l’utilisation d’eaux issues du traitement d’épuration des eaux résiduaires urbaines pour l’irrigation de cultures ou d’espaces verts modifié le 25 juin 2014. Les modifications éventuelles applicables à l’irrigation des golfs ne sont pas encore connues.
GP : Combien de golfs en France, et en particulier dans le sud-ouest où vous travaillez, pourraient potentiellement bénéficier de cette solution et combien en profitent réellement aujourd’hui ?
AW: les golfs pratiquant la réutilisation en France sont au nombre de 15 selon nos informations (source : CEREMA,2017) : https://www.cerema.fr/fr/centre-ressources/boutique/reutilisation-eaux-usees-traitees-panorama-francais
On en trouve trois sur le bassin Adour Garonne : Saint-Palais, Saint-Pierre d’Oléron et le golf de Garonne à Toulouse Ginestous. 2 ou 3 sont en projet.
Quant au potentiel de réutilisation pour les golfs sur le bassin Adour Garonne, on peut l’imaginer à un peu plus de 100 golfs aujourd’hui recensés sur le bassin Adour Garonne, quasiment tous irrigués et localisés en zone péri-urbaine (donc à proximité possible d’une station d’épuration).
68 % de ces golfs sont situés dans des zones à enjeux qualitatif ou quantitatif : les signaux sont donc au vert pour se lancer !
GP : Quelles sont les contraintes actuelles qui empêchent les golfs d’aller vers le retraitement des eaux usées ? Par exemple, est-il vrai que la vitesse du vent, si elle est supérieure à 15 km/h, interdit de facto le recours au REUSE?
AW : Les principaux critères à respecter actuellement sont :
• le niveau de qualité sanitaire des eaux en sortie de station au sens de l’arrêté de 2014 (qualité A la plus élevée pour un golf) avec surveillance hebdomadaire de différents paramètres.
Un niveau supplémentaire à l’aide de filtres à ultra-violets ;
• l’aptitude des sols évaluée lors du dépôt du dossier puis tous les 10 ans ;
• les distances minimales d’arrosage par rapport aux bâtiments (deux fois la portée des asperseurs dans le cas général) et aux zones de baignade (50 m)
• les conditions météorologiques locales et en particulier le vent : aspersion uniquement si la vitesse moyenne du vent est inférieure à 15 km/h (ou 20 km/h en cas d’aspersion basse pression), la vitesse étant mesurée par un anémomètre qui déclenche l’arrêt automatique de l’irrigation si la vitesse du vent est supérieure à la moyenne pendant 10 minutes
À noter que lorsque les conditions météo sont défavorables, il faut repasser par du prélèvement en milieu naturel ou de l’arrosage à partir d’eau potable. Un système de surveillance avec tous les outils analytiques est nécessaire.
La transposition de l’arrêté français prévu avant juin 2023 pourrait faire évoluer ces critères.
L’année 2022 a été marquée en France par des épisodes de sécheresse particulièrement intenses. Ces épisodes seront quasiment la norme à l’horizon 2050. Concrètement, durant l’été 2022, plus d’une centaine de communes du bassin du Grand Sud-Ouest ont eu recours au citernage ou à l’interconnexion pour maintenir l’accès à l’eau potable, on constate des baisses de rendement et des pertes dans le secteur agricole, des difficultés à assurer l’abreuvement du bétail, des arrêtés de restriction pour les activités industrielles, etc. Il est donc aujourd’hui nécessaire d’accompagner et de développer les solutions d’adaptations au changement climatique. La réutilisation des eaux usées traitées en fait partie.
GP : Quel est le budget moyen pour se raccorder à une station d’épuration ?
AW : Le raccordement à une station d’épuration urbaine n’est envisageable qu’après étude des potentialités qu’elle offre (quantité/qualité eau épurée disponible suivant les périodes de l’année), de son positionnement géographique vis-à-vis du site de réutilisation . Le dernier projet en Occitanie, à Toulouse-Ginestous, prévoit d’arroser le golf à terme. Une aide de l’Agence est prévue.
Un éventuel traitement tertiaire à mettre en œuvre, tracé de l’adducteur eau traitée au golf avec éventuel stockage tampon et adjonction de désinfectant, pompes…sont des composantes importantes de l’investissement qui présentent une réelle variabilité suivant la localisation de la station d’épuration.
Il n’y a donc pas de budget moyen, tout dépend de l’approche au niveau local (au cas par cas). À noter qu’une étude d’opportunité territoriale préalable peut permettre d’identifier plusieurs utilisateurs possibles des eaux usées traitées d’une station d’épuration (en plus d’un golf), ce qui peut amener, avec une approche « multi-usages » à réduire les coûts de l’eau réutilisée traitée (effet d’échelle pour une meilleure rentabilité). Un golf volontaire pour se lancer dans un projet de réutilisation pourrait donc insuffler une dynamique locale élargie de réutilisation des eaux !
Contacts techniques : Ariette Sourzac , agence de l’eau Adour-Garonne et Jean-Michel Clerc de l’agence A d’Occ.
Agence de l’eau Adour-Garonne, 90 rue du Férétra, 31078 Toulouse Cedex 4. Tel : 05.61.36.37.38
Répondez au Quizz de la Fédé
sur la consommation en eau des golfs français
Soucieuse de l’image que notre sport en général peut avoir du point de vue de l’écologie, et plus particulièrement de la consommation en eau, la Ffgolf œuvre depuis vingt ans à la transparence des pratiques de gestion et d’entretien des parcours de golfs en France et poursuit ses actions en faveur d’une gestion de l’eau optimisée. Essayez de répondre à ce quizz établi à dessein !
VRAI OU FAUX ?
Toutes les surfaces de jeu d’un golf sont arrosées ?
FAUX : Si un golf de 18 trous comprend environ 50 hectares de terrain, seulement 25% en moyenne sont susceptibles D’être arrosés, intégrant prioritairement les greens et les départs qui ne représentent quant à eux que 2 hectares. La partie restante est constituée de zones naturelles peu entretenues et intactes ou la biodiversité peut s’épanouir librement.
Les golfs réduisent leur consommation d’eau ?
VRAI : Les golfs ont entrepris de nombreux efforts. Au global, les consommations de l’ensemble des golfs ont baissé de 14% en 5 ans. L’investissement croissant des golfs dans des technologies plus performantes et la recherche de Nouvelles solutions devraient contribuer à poursuivre cette dynamique positive. Plus de 25 millions d’euros d’investissements ont été portés par les golfs depuis 2015 dont 3 millions ont été supportés par les Agences de l’eau afin de limiter leur impact sur la ressource.
Les golfs ne sont pas tous de gros consommateurs d’eau ?
VRAI : Près de 70% des golfs consomment moins que la moyenne nationale mesurée à 25 000 m3 par tranche de 9 trous. Pour les plus gros consommateurs, l’eau utilisée provient de canaux ou encore de stations d’épuration.
Les golfs consomment l’équivalent en eau de milliers d’habitants ?
FAUX : Moins de 10% des golfs utilisent l’eau du réseau public (eau potable). Le coût de l’eau publique est une charge importante pour les golfs qui sont contraints de l’utiliser, ils sont très vigilants à sa meilleure utilisation et à la maîtrise de son modèle économique. L’étude révèle que leur consommation d’eau publique a baissé de 20% en 5 ans et la Ffgolf travaille à réduire la part de ces golfs en trouvant des solutions alternatives à l’arrosage.
Photos Getty Images/AFP, Golf Planète, Ffgolf, DR
La troisième et dernière partie de l’enquête de Golf Planète sera publiée dans 15 jours et fera un tour des expériences menées à l’étranger sur l’utilisation de l’eau dans les golfs.