C’était l’idée-force d’une campagne de pub en 1994. Quand un fan de Golf Planète demande où passer quelques jours de golf sans contrainte avec sa petite famille, il est bon de la rappeler.
“En Irlande par son bout sud-ouest”, lui disons-nous sans aucune intention de décrier les St Andrews, Troon, Carnoustie, Glenrothes ou Dumfries, et toutes les autres adresses en kilt, véritables apologies du golf.
La réponse prend en compte toute une série de valeurs donnant une saveur rare à une côte atlantique toute en nuances de vert, de Cork (au sud) à Rosapenna en remontant la côte vers l’Ulster. L’Eire propose 400 parcours dont 50 links. Il y a donc de quoi faire.
À tout bout de champ
L’hôte irlandais a le talent de faire sentir qu’on est à la maison dès la première rencontre, au détour masqué d’une passerelle d’avion, au coin d’un pub enfumé, ou sur le green du No 7 à Tralee. Croiser ces insulaires si « friendly » est une bonne surprise, les voisins anglais étant bien plus sur la réserve.
Saveur essentielle, un paysage d’une beauté intouchable où océan, montagne, prairies, rivières et lacs jouent de leur séduction à qui mieux-mieux, en s’alliant pour créer des parcours de golf parmi les plus beaux qui soient.
Cerise sur le cake, le coût est presque inversement proportionnel aux fortes émotions offertes quelle que soit la saison. Par exemple, à Noël en petit pull à Killarney.
Proches de Dublin, Portmarnock ou The European sont des émeraudes que les connaisseurs estiment tout autant que les géants écossais. Au pays des Harrington, ou Lowry dont la diététique sportive passe par des pintes de bière entre deux éclats de rire, les grandes adresses ne manquent pas entre des trésors plus cachés comme Enniscrone, Rosses Point et Westport.
Dans presque chaque patelin, un parcours est accueillant avec le sourire en plus. Alors, en route, guides en mains, pour découvrir cette Irlande du golf dont le sud-ouest offre la plus riche palette qui soit en parcours grandioses.
Emotions au programme
Après le Cork Golf Club ou au Muskerry Golf Club pour la mise en forme, le GPS est calé sur Killarney d’où la découverte du très privé Hogs Head (un Robert Trent Jones Jr) est négociable…
Les hôtels recommandables font dans la qualité, tels l’Europe (moderne), le Cahernane (grandes cheminées), l’Aghadoe Heights (vue superbe sur lac et montagne). Les parcours Mahoney’s Point (le plus fameux) et Killeen du Killarney Golf and Fishing Club manipulent leurs trous pour offrir un difficile pari quand l’Open d’Irlande s’invite.
Bien qu’au bord de l’Atlantique, ce ne sont pas des links et les arbres sont nombreux. Quant aux green-fees, on ne fait pas au plus cher sur cette côte où la roche flirte avec le sable.
Prendre le temps
Une bonne semaine, au moins, est utile pour découvrir Dooks (une combinaison de links et de prairies), Waterville (et ses exceptionnels Par 3 dont le No 17 Mulcahy’s Peak où les tees dominent tout le parcours), l’immanquable Tralee d’Arnold Palmer dessiné sur l’estuaire de la rivière Dingle pour une bouchée de pain. Dunes, coups de vent, végétation grasse se combinent à merveille le long de la plage pour étalonner les swings.
Un peu plus au nord éclate le Ballybunion Old Course, le links le plus majestueux du monde pour les fans. Qui a dit qu’un architecte devrait vivre et jouer ici longtemps avant de dessiner son premier parcours ?
Du No 1, en laissant peut-être déjà l’espoir d’un joli score dans le vieux cimetière adjacent, au No 18 à travers les vallées de sable, après l’extase des 7, 8 et 11, malgré les grattes, les slices exagérés par le vent marin, les putts illisibles, on en sort comme un leader de tournoi.
Ce n’est pas donné à tous les parcours du monde, même pas sur le Trump voisin, ex-Doonbeg de Greg Norman, remanié par l’anglais Martin Hawtree et toujours splendide.
Choisir, that’s the question
Un saut en voiture, avec clubs, famille et bagages, amène à Limerick. Pour changer du sable de Ballybunion, ce parcours tout de vert vêtu est une joie renouvelée à Galway Bay (une brillante idée d’Alister McKenzie) ou Connemara (à donner le tournis). On peut habiter, avec plaisir, au Dromoland Castle (avec son propre parcours) ou au Fitzpatricks Shamrock Hotel, près de l’aéroport de Shannon pour rentrer.
Découvertes obligées
Quand on aime, le temps qui passe peut ne pas compter… Alors il faut pousser la virée vers le nord de cet ouest irlandais, à Sligo (Sligo Park Hotel), pour voir, admirer et jouer, plutôt deux fois qu’une, Bundoran, Donegal, Rosapenna, Rosses Point ou Westport.
Mais auparavant Lahinch, un must à 50 km de Shannon, presqu’une copie conforme de Saint Andrews, tant le golf ne peut en être dissocié. Alister McKenzie (Cypress Point, Augusta National) y a laissé son empreinte.
Tout le contraire d’un plaisantin. Personne n’a mieux porté que lui le titre Architecte. Un parcours à goûter à petites lampées, tous les sens en éveil, particulièrement au No 6, un Par 3 aveugle où seule une pierre blanche, dont la position varie avec celle du drapeau, donne la bonne ligne.
Un coup d’aile
Convaincus? Vraiment, vous devriez… Si les Américains s’y font très vivants pour retrouver leurs racines familiales, l’Eire est encore sous-visitée par les golfeurs continentaux pourtant si proches.
L’Office National du Tourisme d’Irlande est un excellent trait d’union éducatif comme son site internet. Ainsi, bien orienté, ce pays de cocagne à l’accent et aux chants inimitables n’omettra pas de convaincre le golfeur d’y revenir à plus soif, une bonne Stout ou un verre d’Irish Mist devant les prêches Golf+ à la télé ne manquant pas de le lui rappeler.
Philippe P. Hermann