Près de deux mois après l’acquisition par le groupe canadien Cabot, Golf Planète fait le point sur l’avenir du Resort Bordelais anciennement “Golf du Médoc Resort” avec en première ligne Vincent Paris. Rencontre avec un directeur conquis par l’idée de faire rimer golf et excellence dans le sud-ouest de la France.
Classé à la 49e place du top 100 des plus beaux complexes de golf au monde par Golf World en 2023, le Cabot Bordeaux (ex Golf du Médoc Resort) va certainement progresser dans ce classement dans les années à venir.
En effet, le Fleuron des destinations françaises de golf haut de gamme, avec l’Evian Golf Resort, Les Bordes Estate et le Terre Blanche Hotel Spa Golf Resort, se prépare à faire sa mue avec l’appui de la puissance du géant international Cabot prêt à lui offrir d’importants moyens, comme nous l’a confié Vincent Paris son directeur.
GOLF PLANETE : Quelques semaines après l’acquisition du Golf du Médoc par le groupe canadien Cabot, nombreuses sont les questions autour du futur du Resort “Cabot Bordeaux”. A quelles évolutions doit-on s’attendre dans les mois et les années à venir ?
Vincent PARIS : C’est en train de se mettre en place progressivement. Ce que nous allons découvrir petit à petit, c’est la façon de travailler sur une amélioration de l’offre golf. C’est un groupe qui place le golf au cœur du projet, à savoir qu’il est prépondérant. Que ce soit ici ou à Lofoten, dont vous avez parlé récemment sur Golf Planète.
C’est réconfortant puisque cela a toujours été notre stratégie. C’est notre produit d’appel, avec toute l’histoire du golf du Médoc, les grands événements, tout ce qui a pu être organisé par Bernard Pascassio. Aujourd’hui, le fait d’être acheté par un groupe international où l’expérience golfique est la base de tout est quelque chose de terriblement excitant, puisque nous allons nous concentrer sur la manière d’améliorer la qualité des parcours, l’expérience client, afin de se positionner comme une structure incontournable en termes de qualité, en termes d’accueil, en termes d’expérience.
G.P. : Une quête d’excellence en quelque sorte ?
V.P. : Disons que nous faisons peut-être partie aujourd’hui des plus beaux parcours de France, et Cabot aimerait, à terme, que l’on fasse partie des plus beaux parcours d’Europe. Donc cela nécessite bien évidemment des programmes importants en termes d’entretien et d’investissement sur les différentes surfaces de jeu, sur la capacité d’avoir un staff suffisant pour faire les choses qu’on ne faisait pas jusque-là. Travailler encore plus dans le détail parce qu’un parcours de golf de grande qualité se reconnait aussi dans les détails. Nous allons donc avoir un programme important qui va nous permettre de progresser.
G.P. : Pouvez-vous nous parler de votre séjour à Cabot Cape Breton au Canada où vous vous êtes récemment rendus afin de découvrir l’expérience golfeur prônée par Cabot ?
V.P. : L’expérience est extraordinaire. Tout est fait pour que le golfeur passe un moment magique sans que ce soit nécessairement du luxe. C’est du très haut de gamme sur le volet golf. C’est-à-dire que le parcours est top, que ce soit au niveau de l’expérience de jeu, les greens et les fairways sont superbes… Il n’y a rien qui dépasse. Il y a aussi toute une partie très développée qui touche à l’aspect environnemental : la gestion des roughs, la gestion des zones sauvages. Et donc, évidemment, le golfeur évolue dans un environnement splendide, unique.
Et puis ce sont de grands architectes tels Rod Whitman, comme chez nous, avec Bill Coore, qui ont dessiné ces parcours-là. Ailleurs, ça va être Tom Doak par exemple. Ce sont des fondations qui sont essentielles pour avoir des grands parcours.
Il ne faut pas oublier qu’aux Etats-Unis, au Canada et dans ces grandes structures golfiques, ils ont une expérience très forte en termes de service client et d’accueil.
Vincent Paris
G.P. : On peut dire qu’on est dans le très haut de gamme ?
V.P. : Dans l’expérience golfique, c’est hyper qualitatif. On est pris en main dès le départ, que ce soit au niveau de l’accueil, des starters, des caddies, des personnes qui vont tourner sur le parcours pour vérifier si tout se passe bien, de l’offre de services sur le parcours, et ainsi de suite… Tout est vraiment parfait. Pour nous, ce sont des perspectives très excitantes. Nous allons continuer à progresser dans cette voie pour offrir une expérience encore plus qualitative. Et puis il ne faut pas oublier qu’aux Etats-Unis, au Canada et dans ces grandes structures golfiques, ils ont une expérience très forte en termes de service client et d’accueil. Donc pouvoir avoir l’appui d’un groupe comme celui-ci pour s’améliorer en France, c’est quelque chose de très enthousiasmant.
G.P. : Quel a été le point clé qui a conduit à cette volonté de Cabot d’intégrer le Golf du Médoc à son portefeuille ?
V.P. : Tout vient des architectes. On a la chance d’avoir deux architectes sur le parcours des Châteaux et des Vignes qui sont reconnus internationalement, Bill Coore et Rod Whitman. Ces deux mêmes architectes qui ont fait les deux parcours qui sont à Cabot Cape Breton, Cabot Links et Cabot Cliffs. Bill Coore, qui travaille aussi avec Cabot sur le parcours de Sainte-Lucie qu’il vient de finir. Rod Whitman qui fait le parcours de Revelstoke qui est en cours de finalisation et qui ouvrira ses portes courant 2025. Il y a un vrai lien historique avec ces architectes-là.
Évidemment, nous sommes déjà assez connus internationalement mais il y aussi la destination “Bordeaux” qui est super attractive pour la nouvelle clientèle Nord-Américaine que nous souhaitons faire venir. Elle aura la possibilité de découvrir une région aux multiples attraits touristiques. Évidemment, les vins, les Chateaux, la ville de Bordeaux, classée à l’UNESCO, St Émilion, le petit village de pêcheurs au Cap Ferret, les plages atlantiques, etc. Pour Cabot, c’est évidemment très intéressant. Les opportunités touristiques sont assez nombreuses. Tout cela a joué.
Aujourd’hui, le golf “Cabot Bordeaux” a une clientèle domestique locale française très importante. Il est essentiel pour nous de continuer à travailler avec cette clientèle-là.
Vincent Paris
G.P. : Concernant l’entretien, est-il question d’engager Alejandro Reyes, le super intendant en charge notamment du Golf National lors de la Ryder Cup 2018 à Paris ?
V.P. : Quand tu fais l’objet d’une acquisition par un groupe international assez connu comme nous, cela ouvre la porte évidemment à nombreuses rumeurs. Comme le fait que l’on devienne inabordable pour la clientèle française, pour la clientèle locale… Tout cela, ce sont des rumeurs bien évidemment. Aujourd’hui, le golf “Cabot Bordeaux” a une clientèle domestique locale française très importante. Il est essentiel pour nous de continuer à travailler avec cette clientèle-là. De continuer à la faire bénéficier de la qualité de notre Resort et des améliorations à venir tout en restant dans des politiques tarifaires qui soient les mêmes que celles que l’on faisait jusque-là. J’ai entendu que nous n’aurions plus d’abonnés, que nous n’accueillerons que des clients internationaux. Évidemment non ! Nous continuerons à nous appuyer sur la clientèle locale qui est un vivier essentiel pour nous. Nous continuerons à mettre en avant nos parcours auprès de nos abonnés. On a 5 à 6 mois d’activités touristiques à Bordeaux, du mois d’avril au mois d’octobre, mais le reste du temps il faut continuer à travailler. Donc il n’y aura pas de grands changements stratégiques mais des améliorations qui nous permettront d’accueillir plus de clients internationaux comme c’était le cas avant le Covid en 2017, 2018, 2019. Encore plus avec l’appui d’un groupe international qui possède un carnet d’adresses très important de clients Cabot, qui vont déjà effectuer des séjours dans leurs différents Resorts. Nous espérons que ces gens-là profiteront aussi de Bordeaux pour découvrir la destination et la qualité du site.
G.P. : Des modifications sont-elles prévues sur les parcours en dehors de l’aspect entretien et préparation ?
V.P. : Les parcours ne vont absolument pas être modifiés. Il sera question d’amélioration constante de la qualité des zones de jeu, d’amélioration constante des détails que nous allons proposer en terme de visuel. Un parcours, c’est à la fois, le jeu, des greens de qualité, des fairways et des bunkers extrêmement bien entretenus mais c’est également du visuel. Que le golfeur ait le sentiment que tout est parfait encore plus que maintenant et ce, tout au long de l’année.
L’engagement des collaborateurs doit être évidemment optimal, comme la qualité de service, et puis il faut qu’on soit toujours profitable aussi pour pouvoir continuer à investir.
Vincent Paris
G.P. : Et en ce qui concerne l’offre d’hospitalité ?
V.P. : Nous ne prévoyons pas de construire un nouvel hôtel, ni de déplacer l’hôtel actuel pour en faire un autre. Mais dans un second temps, puisque le golf reste la priorité, nous ferons des améliorations progressives à tous les niveaux : la qualité du service, la qualité du spa, de l’offre de restauration. Tout ça progressera au fil des mois et des années, mais avec aussi des bases qui sont déjà très solides. Rappelons que l’hôtel a été complètement refait en 2021. Il y a des chambres qui sont de très bonne qualité, avec l’enseigne MGallery, qui est une marque importante pour nous, dans le pôle Luxe du groupe Accor.
G.P. : Peut-on s’attendre à des fermetures ?
V.P. : Il n’est pas question de s’arrêter en phase de relance totale de l’activité golfique, surtout au niveau de l’international. Tout ça se fera progressivement. Nous avons finalisé l’acquisition par le groupe Cabot à la fin du mois de juillet. Nous sommes à peine mi-septembre, donc tout ça est très jeune. Mais nous allons travailler évidemment là-dessus progressivement, mois après mois, pour définir un programme qui nous permettra de procéder à des améliorations tout en maintenant notre activité, parce que nous sortons aussi de trois années difficiles post-Covid. Donc 2024 est vraiment une belle année de reprise, Nous avons à nouveau des groupes internationaux, de gros événements. Il faut que ça continue sur les années suivantes.
G.P. : Dans cette importante phase d’expansion, il va falloir recruter, se donner les moyens ?
V.P. : Si nous voulons améliorer la qualité, il faut avoir des moyens humains, des moyens matériels, notamment sur l’entretien des parcours, et puis il faut avoir une organisation qui soit irréprochable, des process intéressants et des équipes qui soient motivées. C’est déjà le cas. Je suis très confiant par rapport à ça, afin de s’inscrire dans un projet de développement qui soit un projet de développement global. Rien ne se fait non plus sans la qualité des équipes, c’est quelque chose d’essentiel, donc l’engagement des collaborateurs doit être évidemment optimal, comme la qualité de service, et puis il faut qu’on soit toujours profitable aussi pour pouvoir continuer à investir. Ce sont les trois axes principaux, les trois axes clés qui nous permettront de s’inscrire dans le portefeuille du groupe Cabot et de faire partie des beaux Resorts européens encore plus que ce que nous le sommes aujourd’hui.
G.P. : Dernière question. Les nouvelles contraintes environnementales, notamment les restrictions liées à l’utilisation des produits phytosanitaires prévues pour 2025 n’ont-ils pas constitué un frein pour un groupe Nord-Américain comme Cabot ?
V.P. : Il y a déjà des restrictions dans d’autres pays d’Europe. Donc il n’y a pas que la France qui est touchée par ça, puisque ces restrictions sont aujourd’hui à peu près les mêmes, notamment dans les Iles britanniques. Il dispose déjà d’un Resort à Inverness, en Écosse, Cabot Highlands, précédemment “Castle Stuart”, qui est un magnifique parcours de golf. Donc oui, bien évidemment, cela fait partie des échanges que l’on a. Tous les processus de développement et d’amélioration des parcours ne sont pas incompatibles avec toutes les restrictions que l’on pourra avoir au fil du temps par rapport à ces contraintes environnementales. On travaille bien sûr dessus de manière très claire et on espère pouvoir trouver évidemment des possibilités, mais j’en suis certain, pour continuer à faire progresser nos parcours tout en étant plus vertueux dans la manière de gérer à la fois les traitements, la ressource en eau et ainsi de suite. Ce qui est déjà le cas chez nous.
Photo : Cabot Collection & AFP / Getty