La 43e Ryder Cup démarre dans quelques heures. Mot d’ordre : résister au parcours avant de déglinguer l’autre. Pas une mince affaire à Whistling Straits..
Voilà ! Destination Kohler au bord du lac Michigan, bourgade perdue dans l’Etat du Wisconsin. La première vraie ville est Milwaukee à 90 kilomètres. N’était-ce Whistling Straits, grand parcours fantasque, qui irait y passer ses vacances ?
Kohler comme Walter J. Kohler Sr, gouverneur de l’Etat en 1928, et créateur ici d’un premier hôtel au début du 20e siècle. Aujourd’hui célèbre, l’American Club n’hébergeait que des ouvriers expatriés à raison de $27 par mois, les mêmes qui ont contribué au développement de ce territoire, épaissi au fil du temps.
Tombée en désuétude, l’adresse a retrouvé des couleurs vers la fin des années 90, sous l’impulsion de Herbert V. Kohler, visionnaire héritier de la dynastie, qui a accompagné la cure de jouvence de belles installations dont quelques parcours de golf du génial Pete Dye sortant de l’extraordinaire.
Différents, difficiles
Ainsi, le River Course Blackwolf Run où douze trous flirtent avec l’eau au long de ses 6’300 mètres des back tees. Le Meadow Valley’s Course voisin est plus long (6’400 mètres) avec seulement quatre trous où l’eau est bien présente.
Dressés pour de grands tournois, ces parcours sont pénalisants, mais bien moins que l’Irish Course de Pete et Alice Dye planté dans la même nature que le patibulaire voisin préparé pour la 43e Ryder Cup.
Nul doute que les 24 acteurs du match auraient choisi l’un de ceux-ci plutôt que ce Whistling Straits à vingt minutes de là. Ce faisant, ils souffriraient sûrement moins, mais passeraient à côté de l’un des parcours les plus incroyables au monde.
Pour résumer Whistling Straits, quand Vijay Singh y gagne le PGA Championship 2004, son 76 du 4e tour est juste le score le plus haut jamais rendu par le vainqueur d’un majeur depuis 1938 à Sandwich où le 78 de Reg Whitcombe s’était joué dans un ouragan désastreux.
Entre impossible et extravagant
Heureusement que, bien présent comme fond de décor du panorama local tout en se mêlant du jeu ici ou là, le lac Michigan vient rafraichir le mental des joueurs dont les neurones sont totalement étourdis par un Par 71 de 6’757 mètres d’allure martienne ou lunaire dans le meilleur des cas.
Un combat entre impossible et extravagant… Esquivant roches et sable, on découvre des greens, même revêches, et des fairways en dénivelé dont les plages de réception ne font pas dans la largesse.
S’en écarter équivaut à d’immédiats coups de fouet. En match-play, surtout en foursome, le hasard va se régaler. Parce qu’ici, même la crème du golf mondial va à confesse… Rester long et droit plus de quatre heures, on cherche encore la formule.
Et dire qu’avant les bouleversements de Pete Dye, un aérodrome occupait un terrain plat…
Team Europe en péril?
Reste que Team Europe paraît mal barrée. Pas forcément en raison de sa composition, la version turbo des Poulter, Garcia, McIlroy étant prête à tout dynamiter. Mais plutôt en l’absence de son armée de fans, réduite à la portion congrue par l’effet-Covid.
Ceux des Etats-Unis seront donc en force, braillards, très alcoolisés, peu au fait de véritable golf.
A moins que l’équipe montée avec Padraig Harrington comme capitaine, et l’apport doré d’assistants tels Kaymer, McDowell, Stenson, Karlsson et Donald, soit déjà persuadée qu’elle peut contrer l’impossible.
Les européennes l’ont bien fait sans leur public ad-hoc face aux meilleures du monde pour regagner récemment la Solheim Cup outre-Atlantique.
Philippe P. Hermann
Photos : ©Kohler / Whistling Straits