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Nous savons que l’achat de nouveaux clubs, et notamment de drivers, peut nous coûter cher. Mais qu’est-ce qui justifie ces prix ? Éléments de réponse.
« La majeure partie du coût d’un driver se situe au niveau de la tête. C’est logique : c’est là que se trouvent les matériaux les plus chers, explique Alan Hocknell, vice-président en charge de la recherche avancée et de l’innovation chez Titleist, dans le dernier épisode du GBQ Podcast de la PGA (Britannique).
Des matériaux rares usinés avec précision
Le Britannique explique que pour obtenir les meilleures performances dans les limites des règles actuelles, ils doivent utiliser des matériaux assez rares. « Des matériaux comme le titane et les composites à base de carbone sont assez chers. Ce sont les mêmes types de matériaux qui sont utilisés dans les avions de chasse ou dans les voitures de Formule 1 et ils sont soumis à des processus de fabrication faisant appel à un outillage très coûteux pour créer les formes que nous devons obtenir avec une grande précision et une grande qualité », précise-t-il.
« Notre PDG nous avait demandé de créer nos fers Great Big Bertha sans contrainte de coût, ils étaient extra performants mais valaient 500 euros pièce parce qu’ils intégraient 144 grammes de tungstène et une face en titane », ajoute Médéric Cocaire, responsable de la promotion des ventes – Europe du sud pour Callaway Golf, où il a côtoyé Alan Hocknell.
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Le bois G440 LST coûte 265 euros de plus que les autres versions car il a une tête et une face en titane.
Une conception coûteuse
Celui-ci insiste sur le fait que les processus de fabrication sont coûteux, et explique que l’entonnoir de l’innovation peut durer des années. « Il y a des gens qui travaillent à tous les stades de ce processus, qui travaillent avec de nouvelles technologies, qui testent des choses pour la première fois, qui fabriquent de nombreux prototypes, qui cassent des choses, qui font des simulations informatiques, qui utilisent des logiciels coûteux et de grandes ressources informatiques pour étudier des choses telles que l’aérodynamique, poursuit-il. Tous ces coûts sont des coûts réels que nous assumons pendant le développement du produit et certains d’entre eux font également partie de son coût final. »
« Aujourd’hui, l’intelligence artificielle (IA), de nouveaux matériaux et process de fabrication comme les imprimantes 3D nous permettent de gagner beaucoup de temps dans la conception des clubs et notamment le prototypage, qui prenait de 3 à 5 ans », tempère Médéric Cocaire, qui explique que les prix des clubs Callaway n’a pas augmenté ces dernières années. « Avec les débuts de l’IA, on a eu un très gros gap technologique et donc une grosse évolution de tarifs, mais depuis 2, 3 ans on la maîtrise davantage et dans le temps on doit pouvoir lisser les coûts de recherche et développement (R&D). »
Nous avons remis la R&D en avant et cela s’est traduit par des produits qui ont retrouvé les tarifs d’antan.
Médéric Cocaire
Pour lui, il faut remettre les choses dans un contexte historique : « Dans les années 90, début 2000, les drivers coutaient aussi cher voire plus cher. Le modèle ERC Fusion, par exemple, coutait entre 650 et 750 euros, ce qui était un prix normal, entre guillemets, car il répondait aux besoins du marché. Il intégrait beaucoup de technologie et de nouveaux matériaux, raconte-t-il. Les 4, 5 années qui ont suivi la crise financière de 2008, nous avons dû produire des clubs moins chers, moins innovants, mais vers 2015-16 nous avons remis la R&D en avant et cela s’est traduit par des produits qui ont retrouvé les tarifs d’antan. »
Certaines marques comme TaylorMade ont réduit la voilure en sortant aussi moins de gammes de clubs chaque année. Médéric Cocaire cite les développements plus récents pour illustrer le fait que Callaway n’a pas la volonté d’augmenter ses tarifs pour augmenter ses tarifs : « Bien évidemment, ce qui s’est passé en Ukraine, le Covid et plein d’autres choses ont fait qu’il a fallu qu’on s’adapte. On a cherché des solutions alternatives, repensé notre mode de fonctionnement pour proposer aux consommateurs des clubs adaptés sans les impacter économiquement. Nos 150 ingénieurs basés aux US sont à la recherche permanente de nouveaux processus de fabrication pour pallier ces problématiques économiques : l’augmentation du prix de certains matériaux mais aussi des coûts de livraison et des droits de douane, avec le Brexit. »
Photo : Golf Plus