ALBANE VALENZUELA : « S’AMUSER, BIEN S’ENTOURER… ET FAIRE DES ÉTUDES ! »
Albane Valenzuela était, la semaine dernière, à Evian pour le quatrième Majeur de la saison. Son dernier tournoi comme joueuse amateur. Notre envoyée spéciale à Evian l’a rencontrée et dresse le portrait d’une jeune femme exemplaire, sur les fairways et en dehors des parcours. Elle a terminé le tournoi à la 37e place dans le par, à égalité avec une autre amateur, la japonaise Yuka Yasuda.
Une maman française, un papa mexicain, lui-même ancien n°1 mondial amateur, née aux USA et de nationalité suisse : Albane Valenzuela est une talentueuse golfeuse, actuellement numéro 5 au ranking mondial amateur. Elle a été la plus jeune athlète sélectionnée aux Jeux Olympiques de Rio en 2016.
Albane Valenzuela est également une brillante étudiante à l’Université de Stanford. Après sa participation à l’Evian Junior Cup en 2012, elle a bénéficié chaque année depuis 2015 d’une wild card pour participer à ce prestigieux tournoi professionnel et vient pour la dernière fois en tant qu’amateur.
C’est son frère Alexis qui l’a caddeyée à Evian. Alexis qui a été diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique à l’âge de 3 ans, et grâce à l’investissement de sa famille et de nombreuses heures de thérapie, il mène à l’âge de 17 ans une vie normale. Il a créé l’année dernière la Fondation « Alexis for autism », pour récolter des fonds, pour soutenir la recherche sur l’autisme, grâce notamment à des tournois de golf. Et quand on lui demande de parler de sa fondation il répond : « tout ce que je peux faire pour aider cette cause et battre l’autisme, c’est super. Mais je voudrais surtout donner de l’espoir aux parents qui se battent aux côtés des enfants atteints de ce syndrome. »
Voici l’entretien qu’ils nous ont accordé :
Albane, si tu devais donner un conseil à une jeune golfeuse passionnée de 15 ans ?
Juste s’amuser ! On a plein de rêves à l’âge de 15 ans. Je me rappelle quand je venais toute petite à Evian, je voyais toutes ces filles qui me faisaient un sourire, qui étaient gentilles avec moi. Elles me disaient toutes de m’amuser. Ça ne reste qu’un jeu et surtout à cet âge ! Il faut aussi s’entourer de gens qui nous font du bien, et continuer de travailler à l’école, il ne faut pas oublier ça !
Tu as toujours voulu devenir professionnelle de golf ?
Pour moi les études ont toujours été très importantes. Le golf et l’école m’ont donné un bon équilibre. A 15 ans et même après le bac, on ne sait pas trop ce qu’on va faire. Je pense que c’est important et génial de pouvoir poursuivre les deux, si possible. Mais après, chacun est différent. Moi j’ai toujours privilégié les études mais ce n’est pas forcément fait pour tout le monde.
Après presque 4 années passés à Stanford qu’est-ce que cette université à de plus que les autres universités ?
Les gens qui sont à Stanford, c’est juste hallucinant. Tous les jours je rencontre des gens qui se surpassent, qui sont motivés, qui vont au bout de leur passion. Par exemple, Katie Ledecky (nageuse de 22 ans ayant 4 titres olympiques aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 et 5 titres au Championnat du Monde en 2017 à Budapest), on se dit elle est championne olympique de natation, mais en temps qu’étudiante : elle se donne aussi à 100%. Les gens ne font pas qu’une chose dans leur vie, ils essaient d’en faire plein et vraiment avec beaucoup de passion. Les professeurs, les étudiants, il y a une vitalité dans cette université qui est juste hors norme.
Quand tu es aux USA, qu’est-ce qui te manque le plus de l’Europe?
J’aime beaucoup manger (éclats de rire) donc je pense que c’est la bonne nourriture européenne !
Est-ce que tu attends avec impatience ce passage de pro à amateur ?
Le plus excitant, c’est que pour la première fois de ma vie, je vais pouvoir me consacrer à 100% au golf !
Mais sans pression car j’ai ce bagage scolaire.
Alexis, tu prends ton rôle de cadet à cœur ! Combien de fois as-tu déjà été le cadet de ta sœur ? Sur quel tournoi ?Au championnat d’Europe amateur, à l’US amateur, deux fois sur l’ANA, une fois sur l’US Open et un tour à Evian l’année dernière. Depuis les championnats d’Europe, on s’est dit qu’on avait une bonne stratégie tous les deux. Je lui ai demandé pour l’ANA, notre premier majeur ensemble, elle a dit : « oui, on peut le faire toi et moi ».
Vous avez une intimité énorme car vous avez grandi ensemble mais comment ça se passe sur le parcours ?
Albane : Je pense qu’on se complète très bien, Alexis est très calme ; moi j’ai plus d’émotions. Il arrive très bien à me calmer et maintenant, il joue très bien au golf. On a qu’un club d’écart, donc il me dit moi je prendrai fer 6 donc tu devrais prendre fer 5. On a la même vision du golf. Hier il est allé voir les 18 trous le matin pour être sûr de tous les drapeaux ! J’ai beaucoup de chance d’avoir un petit frère comme lui.
Alexis : Oui, je suis plus calme, j’essaie de voir toutes les possibilités. Le golf, ça se joue à rien, surtout à Evian. J’ai confiance en ma sœur, elle a beaucoup travaillé cette année. Je lui dit souvent : « si le parcours ne te le donne pas maintenant, il te le donnera plus tard ». Aujourd’hui c’était au bon moment sur le 18 ! Je suis très content qu’elle ait passé le cut, et qu’elle soit bien positionnée dans un majeur.
Il y a des coups où tu ne veux pas lui donner de conseils ?
Albane : Oui, aujourd’hui on a eu cette situation pour les putts.
Alexis : je voulais qu’elle soit à 100 % dans son putt ; je peux lui dire si ça tourne beaucoup ou pas mais la ligne, ça devait être elle ! Et ça a bien marché !
Et l’approche 18 pour eagle le deuxième jour ?
Alexis : Je me suis juste dit si elle pouvait la mettre, donné, juste donné !
Albane : … Et la balle a atterri pile là où on voulait !
VdS à Evian