Longtemps après notre dernière visite en Corse, nous avons voulu aller faire un tour sur l’Ile de Beauté – une appellation liée à ses multiples paysages magnifiques – pour connaître la situation de son offre en termes de parcours de golf.
Roland Machenaud
Corroborée par Richard Bertolucci, le président de la ligue régionale golf, la première conclusion est que la Corse est la moins riche de France en équipements golfiques : on n’y trouve que 8 structures dont un seul parcours de 18 trous.
La seconde conclusion est que face à cette pénurie – qui interroge quand on sait que l’ile voisine Sardaigne possède davantage de parcours -, la Corse offre un duo de rêve, Murtoli et Spérone, qui, à eux-seuls, justifie un rapide déplacement là-bas.
Golf Planète en avait déjà parlé en décembre dernier dans un article que notre ami Philippe P . Hermann lui avait consacré.
La Corse doit et peut devenir une destination golfique
mais pas à n’importe quel prix
Mais revenons d’abord à l’offre générale de l’île : aux 2 500 licenciés de l’ile et aux golfeurs de passage, la Corse propose les 8 structures suivantes :
Golf du Reginu (9 trous), Borgo GC (9 trous), golf de Lezza (9 trous), GIGA Ajaccio (9 trous), Golf de la BA 126 (6 trous compact), Golf Académie Casinca (practice), Murtoli ((12 trous) et Spérone (18 trous).
Quand on a demandé à Richard Bertolucci ce qu’il pense de cette situation, voici ce qu’il nous a confié : « Le développement passera par la création de nouveaux parcours et par la pérennisation des structures existantes. Nous discutons avec les autorités de l’Ile avec la ferme conviction de l’intérêt économique et sportive de ce projet. La Corse doit et peut devenir une destination golfique mais pas à n’importe quel prix…Dans un cadre raisonné et raisonnable, spécifique à notre région et dans le strict respect de la transition écologique… D’un point de vue économique, notre ligue a tout intérêt à ce que de nouveaux parcours voient le jour… ».
Tout ne se fera pas facilement : il faudra convaincre. La culture de ce sport n’est pas intégrée dans la population locale et les caricatures ont le vie dure ! Les difficultés qu’ont vécu les deux bijoux de l’ile pour naitre et se développer le prouvent aisément. Mais leur indéniable succès sur tous les plans malgré les tempêtes incitent à un optimisme raisonné.
Trois petits parcours à découvrir
Aujourd’hui déjà, il est possible de se rendre en Corse pour jouer au golf.
Voici notre sélection :
– A jouer pour le fun au cours de votre balade dans l’ile :
- Golf de Lezza : nous avons été conquis par l’ambiance de ce petit club sans prétention sinon celle de satisfaire les golfeurs, créé il y a 30 ans, situé sur la côte est, à quelques kilomètres de Porto-Vecchio. Le parcours légèrement vallonné offre de belles vues sur la baie voisine. Son directeur, Mohamed Benkortbi, est partout : à l’accueil, sur un tracteur, au putting green, en cuisine… Il voit tout, s’occupe de tout, salue membres et golfeurs de passage avec sourire tout en racontant son attachement à son golf ! Le parcours est un 9 trous par 32 qui s’étend sur 11 hectares très bien entretenu – toujours Momo ! – et comprend 5 pars 3, 3 pars 4 et un par 5. Je ne sais pas pourquoi mais le plaisir a été total. A noter que le practice est éclairé et dispose de deux bunkers d’entrainement. L’Académie est animée par Gabriel Anglade qui l’a créée en 2014. Surtout, il faut passer du temps au club-house où les conversations vont bon train et où l’assiette est gouteuse. Médaille d’or de l’ambiance !
- Golf du Reginu : voici un golf qui mérite une visite quand votre itinéraire passe par le nord de l’ile, entre Bastia et Calvi, entre Saint-Florent et l’Ile Rousse. Vous y verrez d’abord le pro Gilles Ostier, exilé volontaire de son sud-ouest adoré, qui se transforme en ambassadeur parfait de la Corse du Nord, « de sa beauté, de la douceur de son climat : une île qui a du sens ! Et pendant votre séjour au Reginu, n’oubliez pas, entre deux coups de golf, d’admirer les milans royaux sauvages qui vous ont repérés… ». Dans ce merveilleux coin de Balagne, le parcours du Reginu est un 9 trous plaisant de 1 752m qui propose six pars 3, un par 5 et deux pars 4. Un jour peut-être, il y aura 18 trous, comme nous l’a confié le président Nobili, si des problèmes locaux de propriété se résolvent enfin… Il faudra, sans faute, s’arrêter déjeuner au restaurant I Salti qui jouxte le golf : dans cet ancien moulin, le chef concocte avec la pêche locale et les légumes du jardin des mets très gouteux comme ces arancini de gambas ou cette bisque froide aux pois gourmands. Un coup de cœur salué par le guide Michelin.
- Golf d’Ajaccio : surpris par le fait que la capitale de l’Ile – comme Bastia, l’autre capitale d’ailleurs !- n’ait pas de golf digne de ce nom, c’est en trainant les pieds que nous nous sommes arrêtés au golf Giga -quel nom pour un petit 6 trous !- , entre Ajaccio et Porticcio. Et puis nous avons rencontré Yoann Chartier, 45 ans, le pro directeur de cet équipement golfique qui se bat, avec réussite, pour faire vivre cet espace unique et pour transmettre sa passion pour le golf. Après avoir joué sur l’Alps Tour, il a fait le choix de devenir enseignant en 2002 puis de s’installer ici. En jonglant avec les méandres politiques et les freins économiques. Plaisir et respect nous poussent à vous encourager à aller le saluer et à faire un tour sur son parcours , voire à aller prendre un cours avec lui sur son practice bien équipé en technologie moderne. Il vous parlera aussi de son projet d’agrandissement qui donnera peut-être enfin à la capitale corse un parcours de golf qu’elle mériterait de posséder et d’offrir à ses enfants et aux touristes de passage.
Spérone et Murtoli, reines de Corse
– Arrêt obligatoire dans les deux perles du sud de l’Ile qui, après votre séjour, tisseront des liens indélébiles et enchanteurs avec vous et la Corse : soyez prêts à tomber amoureux du golf de Spérone et du Domaine de Murtoli pour des raisons très différentes.
- Commençons par Spérone. Soyons clair : ce golf, habitué des montagnes russes de la renommée, reste l’un des plus beaux de France. Deux personnages hors du commun ont marqué la naissance de Spérone : Jacques Dewez, l’entrepreneur aux 1000 passions, qui, entre l’aviation, l’automobile et la course à la voile, a trouvé encore un peu de temps pour s’intéresser de près au golf et doter l’Ile de son plus beau parcours. L’autre personnage est tout simplement l’architecte, M. Robert Trent Jones Sr, dont on reconnaît facilement la patte même si l’usure du temps et les difficultés économiques n’ont pas toujours permis de maintenir le site comme souhaité.
Mais restons optimistes : la jeune équipe en place est formidable et relève tous les défis avec sourire, détermination et succès. La directrice Ariane Buzzo (photo), enfant du coin, a tout compris pour remettre Spérone en haut de l’échelle des rankings et pour satisfaire les joueurs locaux – malheureusement peu nombreux à cause d’une faible population à Bonifacio en hiver – et les golfeurs de passage dont de nombreux étrangers toujours attirés par cette étoile du sud de l’ile. Ariane, entourée de son responsable parcours, Stéphane Mantei , par le dynamique pro, Marc Aurèle Simonpietri (photo) et par toute son équipe, vous accueilleront, les bras ouverts, et vous feront aimer ce parcours magnifique en bord de Méditerranée, ouvert en 1990. Excusez du peu : Trent Jones aimait le comparer à Pebble Beach ou à Cypress Point. « Le départ du 12 est un des plus beaux du monde, disait-il. A cause des vues et de la beauté du site… ». Face aux iles Lavezzi, l’enfilade des trous du 12 au 16 laissera un souvenir à jamais gravé dans votre tête et vous aimerez en faire l’apologie dans vos diners d’hiver. Ce n’est pas un parcours très long – 5 265 m des jaunes – et il est conseillé de le jouer en marchant pour introduire beauté, émotion et poésie dans votre carte de score. Mention aussi au restaurant dont la terrasse et la table sont aussi parmi les plus belles de France.
Green-fee entre 75 et 105 euros selon la saison.
Informations : cliquez ici
- Et nous voilà à Murtoli pour lequel le coup de cœur est total. Pourquoi ? Parce que son propriétaire, Paul Canarelli (et ses enfants), y a imaginé un hymne à sa terre, avec respect, patience, goût, imagination et réussite. Sa terre est une vallée sauvage du sud de la Corse où la rivière Ortolo rejoint la Méditerranée, où une plage de sable fin invite au calme et à la contemplation, où poussent oliviers, blé, luzerne et plantes odorantes, où paissent vaches et brebis… 2000 hectares préservés qui furent aménagés avec l’unique volonté de ne rien bousculer, de laisser en place une nature qui se marie discrètement ici avec l’activité humaine…
- Le golf y a trouvé sa place grâce au maitre Kyle Phillips qui, clin d’œil à l’histoire, a dessiné un parcours de 12 trous de même taille que celui de Prestwick quand les Old Tom Morris y disputaient les premiers Opens dans les années 1860… A vrai dire, chacun jouera plutôt 9 trous (ou 18 trous) qui sera une combinaison de trois fois 3 trous qui vont d’un par 5 de 500 mètres à un adorable petit par 3 de moins de 100m. A vous de faire votre menu : 7 possibilités de parcours vous attendent… ! N’hésitez pas à demander conseil à Stéphanie Orsucci (photo), la directrice revenue au pays après 15 ans passés à Canne Mandelieu : elle vous guidera avec sourire et justesse.
Ce qui surprend d’abord le visiteur à Murtoli, c’est cette alliance réussie entre l’histoire du lieu et l’apport d’une modernité contrôlée et intégrée à la perfection.
Quand on découvre les 19 demeures de maitres et des bergeries du 16e siècle ou que l’on séjourne dans l’Hôtel de la Ferme, on ne peut qu’admirer la restauration de ces ruines qui revivent pour s’offrir dorénavant en refuges du bonheur…
Osons le dire, l’Hôtel de la Ferme est certainement un des plus beaux hôtels du monde ! Les amoureux d’authenticité et de luxe discret, loin du bling bling et du fake à la mode, approuveront. Et quels équipements, quelle table et quel service !
Ah, passer une soirée à la bougie dans le restaurant de la grotte et déguster les spécialités locales accompagnées de vin corse !
Pour vous donner une idée, allez-vous promener sur le site en cliquant ici ! Impossible de ne pas craquer !
Spécial golfeurs : déjeuner avec vue sur les greens + Green-fee 9 trous : 120 euros. Deux nuits à l’hôtel avec piscine en occupation double, 2 petits-déjeuners + 1 déjeuner pour 2 + 1 green-fee : 1 050 euros en moyenne saison.
Pour aller en Corse : ne pas oublier que l’ile possède 4 aéroports (Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari) ainsi que 5 ports (Ajaccio, Bastia, Porto Vecchio, Ile Rousse et Propriano) qui accueillent des bateaux en provenance de Marseille, Toulon et Nice. Donc pas de raison particulière pour ne pas faire un saut rapidement sur l’Ile de Beauté.
Informations : cliquez ici
Quelques photos de Murtoli pour rêver … avant d’y aller ! No comment, of Corse !
Photos les clubs de golf, Camille Moirenc(Murtoli) , Golf Planète, DR