Successeur de Denis Fabre depuis mai 2021 à la présidence de l’Association des Directeurs de Golf de France (ADGF), Jean-Franck Burou nous livre les différents projets qu’il aura à gérer dans les prochaines années afin de rendre le golf tricolore encore plus fort et plus attractif.
L.V.
Secrétaire de l’ADGF jusqu’à mai 2021 avant d’en prendre la présidence, Jean-Franck Burou, également Directeur général du Racing Club de France, est à la tête de plus de 360 membres actifs. « Notre vocation est de valoriser notre profession, d’aider tous nos collègues directeurs dans la gestion au quotidien de leur club et aussi de se préparer à de futures échéances avec certaines réglementations qu’il va falloir appliquer et mettre en place avec tous les autres acteurs de la filière. »
L’enjeu de la biodiversité et la fin des produits phytosanitaires
« Il va falloir évoluer avec la réglementation qui va être mise en place là, très prochainement, souffle Jean-Franck Burou. On sait qu’à l’échéance de 2025 par exemple, on va devoir faire avec zéro produits phytosanitaires au sein des clubs de golf. On sait aujourd’hui que l’entretien d’un parcours est primordial. On parle aussi beaucoup de transition écologique, de diminution de l’usage de l’eau. Cela veut dire avoir des systèmes d’irrigation performants de façon à pouvoir réguler l’utilisation de l’eau. Changer aussi nos graminées… Tout cela correspond à des évolutions nouvelles qu’il va falloir prendre en compte au sein de la gestion de nos clubs. J’ai confiance en la recherche. On est en train de mettre en place avec certains clubs des essais sur de nouvelles graminées. Je suis confiant. Mais il va falloir éduquer nos pratiquants, nos membres et nos abonnés. Car cela ne va pas se faire du jour au lendemain. Il va y avoir forcément un laps de temps (d’adaptation) avec les parcours, avec une qualité de jeu qui ne sera pas toujours optimum. L’enjeu, par rapport à la réglementation qui va nous être imposée, est d’être en phase mais aussi en gardant une qualité de jeu indispensable sur les standards que nous connaissons aujourd’hui. On va être dans une phase de tests et comme tout test, ça demande un laps de temps avant de faire les bons choix. »
Les répercussions du Covid avant le « retour à la vie »
« Lors du premier confinement, nos structures ont été fermées pendant deux mois, souligne doucement Jean-Franck Burou. L’impact a été difficile. Durant cette période, la plupart des équipes terrains ont continué leur travail. On ne peut évidemment pas laisser un parcours de golf sans entretien. L’impact a été en revanche très important au niveau de la restauration (Ndlr, beaucoup de clubs possèdent en effet un restaurant au sein de leur structure). Il y a eu une perte de chiffres d’affaires qui sera difficile de récupérer par la suite. On a quand même été pas mal aidé par l’Etat. Mais l’impact n’a pas été aussi important qu’on aurait pu le penser au départ. Le travail effectué par la Fédération française de golf (FFG) afin que nos structures réouvrent rapidement a été phénoménal. Je prends l’exemple ici de la Région parisienne où les salles de spectacle, les salles de sports, les restaurants, etc. étaient fermés mais vous aviez dans le même temps la possibilité de vous adonner à la pratique du golf… Alors, certes, on ne parle pas encore d’après Covid mais il y a un engouement évident pour notre sport. Et on s’en félicite… »
Attirer encore plus de monde au golf
« En termes de développement de notre discipline, on a bien sûr vécu deux années très difficiles, reconnait Jean-Franck Burou. Le golf, on le sait, est une activité de plein air. On parle ici de sport santé. On se veut proche de l’environnement, des valeurs plus que jamais importantes à ce jour. A nous de surfer sur cette vague. On se doit d’attirer encore plus de membres, faire découvrir notre activité, par le biais notamment des enfants. Le jeu de golf est un sport à part entière… On a des joueurs de plus en plus performants au plus haut niveau (amateurs comme professionnels). Que ce soit le haut niveau ou le loisir, il faut que les gens n’aient plus peur d’aller frapper à la porte d’un club de golf. Notre but est de mettre aussi en places ces actions qui vont pouvoir faciliter cet engagement… »
Rendre le golf plus attractif avec un public plus jeune
« Il nous faut recevoir un public nouveau, les enfants notamment, poursuit encore le président de l’ADGF. Mais on pense aussi aux femmes. Nous n’avons pour le moment que 30 % de femmes au sein de nos structures. Aujourd’hui, on est dans l’air du zapping. On sait que dans les premières années, la pratique du golf demande un aspect un peu contraignant, car c’est un sport assez technique, on passe forcément par des étapes… Et cela passe par le practice au départ, en prenant des leçons le plus souvent. Notre volonté est aujourd’hui justement de rendre le practice un peu plus « fun ». Il fut un temps où l’on passait beaucoup de temps sur le tapis, et on accédait sur le parcours seulement après avoir acquis un certain niveau. Aujourd’hui, quand on fait du ski, on va directement sur la piste. Pour les enfants, je pense qu’il faut les amener tout de suite sur le parcours. Même chose pour les adultes. Ce fameux practice, il faut le rendre plus ludique. On est dans l’air de la digitalisation. On a aujourd’hui des practices connectés, qui donnent envie, comme c’est le cas avec les Top Golf aux Etats-Unis. A la limite, il faudrait que le practice de golf devienne le bowling que l’on connait avec tout ce qui va autour de la pratique en elle-même. »
Golfs associatifs ou commerciaux, même combat
« Aujourd’hui, à l’AGDF, nous avons 30 % de golfs associatifs, ajoute Jean-Franck Burou. Mais quel que soit le mode de gestion d’un golf, la volonté à tous est d’aller dans le même sens : voir plus d’adhérents dans nos structures, faire en sorte que nos structures soient les plus accueillantes possibles, faire que nos écoles de golf grandissent également. Car c’est par le biais des jeunes que l’on va pouvoir perpétuer cette activité. Notre association, quand on organise notre congrès annuel, ou plusieurs mini-congrès, on partage nos expériences. Que l’on représente un golf associatif, golf commercial ou un golf géré par une municipalité, on a tous les mêmes problématiques, notamment sur la gestion du terrain. »
Le tourisme golfique en France
« Je dirais qu’il se porte bien, s’exclame Jean-Franck Burou. Mais on peut l’améliorer. C’est sûr qu’on n’a pas le climat de l’Espagne ou du Portugal, grandes destinations golfiques en Europe. Mais en France, on a une diversité de golfs que n’ont pas d’autres pays. On doit mettre un peu plus encore en avant nos atouts. Cela commence par cette diversité de paysages, de régions sans oublier notre savoir-vivre à la Française, avec notamment notre gastronomie. L’offre hôtelière est aussi importante. Et puis, on a eu la Ryder Cup en 2018. Cela a mis en lumière la France. Il faut poursuivre là-dessus. On aura les Jeux olympiques en 2024, les Championnats du monde amateur cet été. Tout cela ne peut être que positif pour positionner la France au centre du monde golfique. »
Et pour les dix ans à venir ?
« Je suis dans le milieu du golf depuis 30 ans. Durant cette période, j’ai évidemment senti une évolution. En France, il y avait encore une connotation sociale derrière le mot golf. Aujourd’hui, elle est de moins en moins sensible. Je le répète, le golf est un véritable sport. On continue à avoir des joueurs qui accèdent au Tour européen mais aussi américain (chez les hommes comme chez les femmes). Il y a un réel engouement. Mon vœu, c’est que le nombre de licenciés augmente, que l’on fasse découvrir nos structures golfiques à encore plus de gens. On a la chance d’être dans un environnement privilégié. Profitons-en ! »