Victorieux de 82 tournois sur le PGA Tour américain, Sam Snead est l’unique détenteur d’un record très original : il est le seul homme à avoir décroché un titre sur le LPGA Tour. L’exploit eut lieu en 1962, il y a 60 ans exactement.
Co-détenteur avec Tiger Woods du record de 82 victoires sur le PGA Tour, l’Américain Sam Snead a accompli une pléiade d’exploits marqués par une longévité extraordinaire étalée sur 6 décennies. S’il n’a gagné “que” 7 Majeurs, il demeure une véritable légende du golf.
Un titre très sérieux sur le LPGA
Parmi ses nombreux accomplissements, il en est un pour le moins original : il reste à ce jour le seul golfeur à détenir un titre chez… les femmes, sur le LPGA Tour. Cet événement n’avait rien d’un coming out ou d’une quelconque excentricité du champion, reconnaissable avec son chapeau de paille, jouant parfois pieds nus et puttant, en fin de carrière, comme au croquet.
Créée en 1950 la Ladies Professional Golf Association a toujours eu besoin de publicité. Dix ans après sa création, l’association souhaite organiser un tournoi qui pourrait créer le buzz. L’idée est de mettre en place une compétition mixte composée de champions et de championnes.
Un tournoi effectué sur un pitch & putt
Contrairement au Scandinavian Mixed créé en 2021 où tous et toutes jouent sur un même parcours réglementaire de 18 trous, les organisatrices de l’époque ont gommé la principale différence des proettes par rapport aux messieurs – la puissance – en choisissant le pitch & putt du Palm Beach Golf Club, en Floride.
Ainsi naît en février 1961, le premier Royal Poinciana Invitational qui accueille, sur 3 tours, 24 joueurs et joueuses, professionnel(le)s ou amateur(e)s. La “Bataille des sexes”, ainsi intitulée, pouvait commencer ! Elle fut remportée par la championne Louise Suggs, une des fondatrices de la LPGA et auréolée de 11 Majeurs dans les années 1940 et 1950.
Battu à la première édition
Invité, Sam Snead termine à la 3e place avec un retard de 2 coups. Certes, il a perdu une bataille mais pas la guerre. L’année suivante, la LPGA simplifie le “conflit” en l’invitant à lutter seul contre l’armada féminine composée de 14 joueuses. « La pression est double cette fois-ci. On attend toujours que l’homme gagne » déclare le champion. Mais ‘Slammin’ Sam prouve qu’il n’est pas qu’une brute.
Son swing parfait, tout en délicatesse, fait merveille : en 2 jours et 72 trous cette fois-ci, il établit un score de 211, soit 5 sous le par. Le 7 février 1962, il remporte ainsi le tournoi avec 5 coups d’avance sur son pendant féminin, Mickey Wright, alors au sommet d’une carrière achevée par la bagatelle de 13 Majeurs.
Il conclue par une “Bataille des mots”
Si Sam Snead entre dans l’Histoire, l’événement n’a guère été profitable pour son porte-monnaie. Selon la presse locale, le champion, avant d’encaisser 1 500 $ de gains environ, aurait appris pendant la fin du premier tour que son bateau – un runabout de luxe – coulait lentement mais sûrement au port de Lake Worth, situé à quelques encablures du parcours…
On ne sait si cette affaire l’a passablement énervé, mais à l’issue du tournoi (qui ne connaîtra que 2 éditions) le Virginien dégaine : « J’ai décidé de jouer de la manière la plus régulière possible et de laisser les filles faire les erreurs. Il n’est pas possible d’aller jusqu’au fouet avec elles, comme on peut le faire sur le circuit masculin ». Autres temps, autres moeurs…
Photo © Roberto SCHMIDT / AFP