Né en 1997, IAGTO (International Association of Golf Tour Operators) compte aujourd’hui 2 729 membres issus de 101 pays. Parmi eux, on trouve des golfs resorts, des golfs, des hôtels, des compagnies aériennes mais aussi plus de 700 tour-opérateurs répartis dans 64 pays.
Chaque année, cette association de poids, pourtant méconnue du grand public, voit son nombre d’adhérents augmenter. Ses missions sont multiples comme celle de mettre en relation les entreprises du secteur afin de favoriser les opportunités professionnelles ou plus globalement de développer le tourisme golfique ainsi que les bonnes pratiques.
C’est lors de la 22e édition de l’International Golf Travel Market (IGTM), qui s’est tenue à Marrakech début octobre, que nous avons pu nous entretenir avec Guillaume Post, le responsable marketing et communication de IAGTO, et Alexandra Barton, responsable France. L’occasion de faire un point sur les nouvelles tendances et de découvrir les eldorados golfiques de demain…
L’Europe : cap à l’Est
Quelles sont les destinations préférées des golfeurs en Europe ?
Guillaume Post : « Il s’agit toujours de l’Espagne et du Portugal. Ces deux pays restent les champions en tête du classement. Depuis plusieurs années, les ministères chargés du Tourisme consacrent une bonne part de leur budget à la promotion de ce sport. Cela fait partie de leur stratégie. Ils ont l’atout du soleil, de beaux terrains de golfs et aucune tension géopolitique. »
Alexandra Barton : « Si l’on regarde l’ensemble de leurs actions de communication, le golf fait partie de toutes les campagnes publicitaires ! Cela a des conséquences certaines. A tel point que les tour-opérateurs ont parfois du mal à répondre à la demande. »
Guillaume Post : « L’Italie est également une destination prisée. En 2022, Rome accueillera pour la première fois la Ryder Cup. Je pense que ça va booster le nombre de touristes golfiques là-bas. Même si l’Italie est comme la France et ne consacre pas beaucoup de publicité au golf, les deux pays étant déjà gâtés par le tourisme. Sinon l’Ecosse, l’Irlande du Nord et l’Irlande tirent leur épingle du jeu. Particulièrement l’Irlande du Nord qui a organisé l’Open en juillet 2019. Comme il s’agit d’un pays anglophone, les Américains et les Canadiens aiment s’y rendre, par commodité, et font la tournée des links [terrains de golf généralement en bord de mer ou en zone dunaire]. C’est un produit phare. »
La France a-t-elle bénéficié d’un effet Ryder Cup après avoir accueilli, en septembre 2018, la 42e édition de cet événement ?
Alexandra Barton : « L’impact de la Ryder Cup sur les chiffres français du tourisme golfique a pratiquement été nul à ce jour mais il est encore trop tôt pour le mesurer. De toute façon, organiser ce tournoi ne fait pas tout. Pour que la pratique du golf prenne son essor, il faut que les parcours soient accessibles et proches les uns des autres. On ne va pas faire du shopping dans une rue où il n’y a qu’un magasin ! L’idéal est d’avoir trois golfs éloignés de trente à quarante minutes maximum et de proposer des parcours qui offrent un réel attrait touristique. »
Quelles sont les destinations émergentes en Europe ?
Guillaume Post : « Les nouveaux élus sont la Bulgarie et la Slovénie, deux superbes pays avec des cultures riches. Alors quand on y ajoute de jolis parcours de golf dessinés récemment, ça en fait deux destinations sympathiques. »
Alexandra Barton : « Une politique en faveur du golf y a été instaurée et cela a payé. Les parcours sont d’accès facile. »
Zoom sur la Slovénie : Les Slovènes ont déployé de grands efforts pour séduire les golfeurs et ça marche ! Pour ceux qui ont envie d’explorer une nouvelle culture et de fabuleux golfs à seulement une heure quarante de Paris, direction la Slovénie ! Lacs, montagnes…, l’environnement y est très préservé et les golfs s’inscrivent naturellement dans cette démarche écologique. La Slovénie a été ainsi élue capitale verte européenne en 2016. Avec 13 terrains de golf, des paysages à couper le souffle, des hôtels de standing, une gastronomie exceptionnelle (Ana Roš s’est vue remettre en 2017 le titre de meilleure cheffe du monde par les World’s 50 Best Restaurants), cette destination a vraiment tout pour plaire ! Le plus beau golf est sans conteste le Royal Bled. Prix moyen du green fee : entre 50 et 70 euros. Meilleure période pour s’y rendre : d’avril à octobre.
L’Asie : le nouvel eldorado des golfeurs
Quels sont les destinations golfiques phares en Asie ?
Guillaume Post : « La Thaïlande est à la mode et attire le plus de golfeurs avec le Vietnam, qui arrive juste derrière. Ces pays ont énormément étoffé leurs offres. Le Vietnam a beaucoup travaillé en ce sens et je conseille d’y aller, car c’est vraiment chouette. Le Cambodge est en train de leur emboîter le pas et je crois qu’il va bientôt être consacré en tant que fantastique destination golfique. »
Zoom sur la Thaïlande : En une vingtaine d’années, la Thaïlande est devenue incontournable pour les golfeurs. Chaque année, en raison d’une forte volonté politique de promotion golfique, le nombre de parcours augmente. On dénombre aujourd’hui plus de 260 golfs en Thaïlande regroupés autour des grandes villes. Ainsi, on compte environ une soixantaine de golfs proches de Bangkok et pas moins d’une vingtaine à Pattaya et à Hua Hin. Cette destination est particulièrement appréciée pour le faible coût de la vie et la qualité des services proposés. Les infrastructures sont haut de gamme et, fait inhabituel, il est obligatoire d’avoir un caddie de golf sur l’ensemble des parcours. N’oublions pas que ce sport est très populaire là-bas et pour cause Tiger Woods a une mère d’origine thaïlandaise ! Temps de vol au départ de Paris : onze heures et demie (pour un vol direct). Prix du green fee : Environ 1 000 bahts (un peu moins de 30 euros) plus 300 bahts pour le caddie (près de 9 euros). Meilleure période pour s’y rendre : de novembre à mars.
Avec les prochains Jeux Olympiques à Tokyo, peut-on dire que le Japon est une destination golfique en devenir ?
Guillaume Post : « Entre la Coupe du monde de rugby qui vient de se terminer et les Jeux Olympiques d’été 2020 qui se tiendront à Tokyo, le Japon a un réel désir de promouvoir le produit golfique. C’est un pays très surprenant qui compte en son sein le plus de parcours au monde. Les golfs y sont incroyables avec notamment d’immenses practices à étages. Les Japonais adorent ce sport et y jouent souvent. »
Zoom sur le Japon : On dénombre environ 2 500 parcours et 35 000 practices sur le territoire nippon, contre 23 parcours en 1942 . Autant dire que l’offre est large pour les passionnés ! Le golf est désormais le sport le plus pratiqué au Japon avec environ 20 millions de joueurs. Où que vous soyez sur le territoire nippon, il y aura toujours un parcours à proximité. Le Japon est même à l’avant-garde de la technologie employée dans la fabrication des clubs et des balles. Généralement, les prix s’échelonnent entre 8 000 et 30 000 yens soit entre 66 euros et près de 250 euros (chiffres d’octobre 2018 donnés par Vivrelejapon.com). Cependant, les prix peuvent s’envoler pour accéder à certains parcours exceptionnels. Temps de vol Paris-Tokyo : treize heures. Meilleure période pour s’y rendre : le printemps et l’automne.
Pour les grands voyageurs : l’Océanie
Avez-vous de la demande pour les destinations plus éloignées comme la Nouvelle-Zélande ?
Guillaume Post : « Les pays de l’Océanie sont vraiment de magnifiques destinations de golf. Par exemple, la Nouvelle-Zélande s’investit beaucoup pour ce tourisme. Pour preuve, ils sont présents ici, à l’International Golf Travel Market de Marrakech. Mais comme les temps de trajet sont longs, il faut pouvoir rester plus longtemps sur place. »
Alexandra Barton : « L’agence de voyages Golfissimes s’est arrêtée une ou deux fois en Nouvelle-Zélande, mais c’est loin ! Cela reste une niche dans une niche. »
Zoom sur la Nouvelle Zélande : Pour les golftrotters, les amoureux de l’aventure, de la nature version XXL et bien sûr du golf, la Nouvelle Zélande vous attend ! Avec plus de 400 golfs (chiffres trouvés sur Newzealand.com), dont deux qui figurent dans le top 50 de Golf Digest des plus beaux golfs au monde, cette destination attire majoritairement les Australiens, les Américains et les Anglais. La saison haute s’étire d’avril à septembre et il faut compter entre vingt-deux et vingt-cinq heures de vol avec au moins une escale au départ de Paris. Mais si vous avez la chance de pouvoir en profiter durant quelques semaines, le jeu en vaut la chandelle !
L’American Golf Dream : les Etats-Unis et le Canada
Avec beaucoup de grands tournois sur son sol, les Etats-Unis font-ils toujours rêver les golfeurs européens ?
Guillaume Post : « Oui les Etats-Unis et le Canada également sont toujours appréciés des golfeurs, même si golfer dans ces pays représente un budget plus important qu’en Asie par exemple. La Floride et la Californie restent des classiques même si de plus en plus de personnes vont jouer en Arizona. Autres lieux moins connues mais tout aussi plaisantes : l’Oregon ou l’Etat de Washington. Le Canada compte également de très plaisants parcours. »
Zoom sur le Canada : Avec 20% de la population au Canada joue au golf (37,5 millions d’habitants), le Canada a donc le golf ancré dans sa culture. En 2005, il s’agissait même du sport le plus pratiqué ! Parfois relégué dans l’ombre de son voisin numéro un les Etats-Unis, le Canada n’a pourtant rien à lui envier. Fort de 2 298 parcours de golf publics et privés, le pays se hisse au deuxième rang mondial. Le golf y est extrêmement accessible puisque 90 % des infrastructures sont publiques. Les quatre provinces les plus peuplées : l’Ontario, le Québec, l’Alberta et la Colombie-Britannique concentrent 77 % des établissements. La durée de vol moyenne Paris-Montréal est de sept heure trente. Durée de vol Paris-Québec : 7h30. Prix moyen du green fee : entre 35 et 150 euros. Meilleure période : de juin à septembre.
L’Amérique du Sud et centrale : le jour et la nuit…
Envoyez-vous des clients dans des pays d’Amérique du Sud ?
Alexandra Barton : « Le Brésil est toujours proposé comme destination, mais d’un point de vue économique, c’est instable. Et en plus il faut bien avouer qu’actuellement, la situation est tendue… »
Guillaume Post : « En revanche, le Mexique, la République dominicaine et les Caraïbes ont du succès. Je dirai même qu’au Mexique, ça cartonne ! »