L’incroyable destin de Maurice Flitcroft, auteur de la pire partie de golf de tous les temps chez les professionnels, est adaptée au cinéma sous le titre The Phantom of the Open, sorti en octobre au Royaume-Uni.
Comme Seve Ballesteros, il a appris à jouer au golf sur la plage. Comme le joueur de Cantabrie, il est une légende. Un mythe honteux qui traverse les années depuis son exploit survenu aux qualifications du British Open 1976.
L’Anglais Maurice Flitcroft, alors qu’il n’avait quasiment jamais joué, réussit ce que tous les golfeurs du monde entier rêvent un jour d’accomplir : participer à un Majeur. Et ce malgré son manque de talent à manier la petite balle blanche. Son génie était ailleurs. Dans les étoiles diront les uns, dans sa volonté farouchement naïve d’incarner, de la plus pathétique des manières, la devise du “Frenchie” Pierre de Coubertin : l’essentiel est de participer.
Infâmie
Né à Manchester en 1929, ce grutier de chantier naval découvre le golf tardivement, en 1974, en regardant un tournoi à la télévision. Deux ans plus tard, avec pour seuls guides, un manuel de Peter Alliss et une vidéo d’Al Geiberger, il réussit à s’inscrire aux qualifications du British qui ont lieu en 1976 au Formby Golf Club à Liverpool. Il y réalise le pire score de l’histoire de l’Open : 121 soit 49 au-dessus du par ! A cette occasion, avec une demie-série achetée par correspondance, il bat le record « infâme » d’un postier américain, Walter Danecki qui, en 1965, réalisa deux tours en 108 et 113…
Considéré comme un outrage au prestige du tournoi, Flitcroft est disqualifié sans pouvoir jouer de second tour. Pire, il est ensuite banni de toutes compétitions par le R&A. Mais l’hurluberlu a de la suite dans les idées et tente les années suivantes d’y participer à nouveau, grimé et sous des noms d’emprunts aussi farfelus que Gene Paceky, Gerald Hoppy, ou James Beau Jolley… Hips !
Un tournoi à son nom aux USA !
Quelque fois, il parvient à rompre la vigilance des officiels et montre que son jeu a véritablement progressé : en 1983 sous le nom du pro suisse Gerald Hoppy, il réalise un magnifique 63… à l’aller, ayant été expulsé au retour.
Célèbre dans le monde du golf, un tournoi est même organisé à son nom – le Maurice G. Flitcroft Spring Stag – qui a lieu à Grand Rapids dans le Michigan.
Invité d’honneur en 1988, il effectue un premier drive fantastique, au grand dam de l’assistance venue assister à du mauvais jeu. Mais la déception fut de courte durée : quelques mauvais coups suivants ont vite rassuré un public acquis à sa cause…
La bande annonce du film The Phantom of the Open
Ses tours de passe-passe et son combat avec les autorités golfiques sont racontées dans le long-métrage The Phantom of the Open dont le rôle-titre est interprété par l’excellent comédien Mark Rylance, très apprécié de Steven Spielberg (Le BGG – Le Bon Gros Géant, Le pont des espions…).
Cette comédie dramatique qui ne devrait pas être dénuée d’humour “so british” est sortie le 12 octobre dernier au Royaume-Uni alors qu’en France la date n’est pas encore connue. Le distributeur Sony Pictures, qui a acquis les droits pour l’Hexagone, ne l’a toujours pas communiquée.
Sortie française peu probable
Compte tenu du sort réservé aux derniers films ayant pour thème le golf (Seve, Un parcours de légende, Tommy’s Honour…) qui ne sont jamais sortis en salle en France, il est fort possible qu’il faille attendre les plateformes de streaming vidéo pour savourer l’inénarrable personnalité de ce roi du canular, décédé en 2007.
Si c’est le cas, nous aurons tout le loisir d’accompagner nos popcorns en buvant un Chose à sa santé. Allez, pour le coup, la bière est autorisée. Cheers Maurice !
©Sony Pictures