Hantise des golfeurs, le mal de dos peut vous tenir à l’écart de votre sport favori pendant de longues semaines. Chez les pros il peut même briser une carrière. Tiger Woods qui vient de subir une nouvelle opération en est malheureusement l’un des nombreux exemples. Notre expert ostéopathe nous explique en détail de quoi il s’agit.
Même si cela peut paraître étonnant, au cours du downswing la pression qui s’exerce sur les derniers disques intervertébraux équivaut à environ 6 fois le poids du corps. Si on ajoute à ces contraintes de pression les efforts de torsion induits par le swing, on comprend aisément que la colonne vertébrale puisse, à la longue, poser quelques problèmes. Et c’est particulièrement vrai au niveau lombaire.
Ces troubles, qui sont une des principales causes d’arrêt prématuré de la pratique du golf chez les professionnel(le)s, se retrouvent souvent à la une de l’actualité, comme c’est une nouvelle fois le cas pour Tiger Woods.
Relativiser les causes
Que ce soit chez les professionnel(le)s ou chez les amateurs, quand un problème de ce genre survient, il faut se poser la question d’une potentielle faiblesse anatomique pré- existante avant d’incriminer le golf comme cause première. Il est en effet tout à fait possible, dans bon nombre de cas, que la pratique du golf n’en soit que le révélateur.
Une analyse fine du corps par imagerie médicale, un bilan de la statique et du swing par lui-même apporteraient ici beaucoup d’éléments de réponse sur les causes réelles ou probables. Cette anamnèse apporterait aussi quelques pistes sur le pronostic, même si les prédictions doivent toujours être très prudentes.
Pour bien comprendre ce qui se passe dans le bas de notre dos au moment du swing, il faut replacer les choses dans leur contexte anatomique et biomécanique.
Plus qu’un disque, un amortisseur
La partie basse de la colonne vertébrale est constituée de cinq vertèbres dites lombaires. Massives et très résistantes, elles reçoivent l’essentiel du poids de notre tronc. Elles sont empilées les unes sur les autres mais forment une colonne incurvée, et non verticale.
Cette position a ses avantages mais elle peut aussi être source de conflits et de tensions mécaniques, avec des répercussions dans toute la région.
Entre chacune de ces vertèbres se trouve un disque dit « intervertébral ». Le terme de « disque » intervertébral est finalement assez peu évocateur de la réalité anatomique et du fonctionnement de cette structure anatomique. En fait, il faut plus penser « amortisseur » et « rotule ».
Ce disque est composé schématiquement de deux parties avec, d’une part, en périphérie des lamelles fibreuses arrangées un peu à la manière des couches concentriques d’un oignon et de l’autre, au milieu, un noyau qui a la consistance d’un gel.
Quand on repense à la forme incurvée (creux des reins) de la colonne lombaire, on comprend facilement que les disques intervertébraux doivent adapter leur forme pour suivre les mouvements de la colonne vertébrale. Je vous laisse imaginer leur déplacement au cours du swing.
Que se passe-t-il pendant le swing ?
Reprenons l’exemple du downswing. Sous l’effet de la pression, les disques sont écrasés entre les vertèbres. Avec 6 fois la pression du poids du corps, on peut parler d’écrasement. Le noyau central ne pouvant être compressé puisqu’il contient beaucoup d’eau, pousse sur les lamelles de façon très intense.
Et, dans le même temps, ces lamelles périphériques sont mises en tension par la rotation du tronc.
Résultat : après des milliers de contraintes répétées, le disque peut s’affaisser et le noyau peut faire lâcher progressivement les lamelles jusqu’à « sortir » du disque. C’est ce que l’on appelle une hernie discale.
Les douleurs de Woods
Cette protrusion de gel qui fait saillie à l’extérieur du disque rencontre souvent des éléments nerveux qui se trouvent à proximité de son point de sortie et avec lesquels elle entre en conflit. Cela déclenche des douleurs (de type sciatique, par exemple) plus ou moins intenses. Tiger Woods a ainsi évoqué une gêne, puis une douleur ressentie dans sa jambe droite pendant des mois, avant d’être contraint à sa première opération.
Philippe Chéoux
Kinésithérapeute & Ostéopathe DO Chestam.com
Suite de l’article : Repérer les signes avant-coureurs et prévention. (La semaine prochaine)